Qui sont ces neuf aviatrices aux destins exceptionnels qui donnent leurs noms à des rues près de Montpellier ?

Neuf femmes pionnières de l'aviation ont désormais une rue qui porte leur nom à Mauguio, au sein du complexe aéroportuaire de Montpellier-Méditerrannée. Des femmes à la volonté farouche qui ont dû se battre pour voler : Maryse Bastié, Léna Bernstein, Adrienne Bolland, Elisa Deroche, Hélène Dutrieu, Jeanne Herveux, Maryse Hilsz, Marthe Niel et Claire Roman.

Dans le monde très masculin de l’aviation, les femmes ont toujours dû batailler pour se faire une place au soleil, haut dans le ciel. Avant 1914, sur 1 600 brevets de pilote en France, moins de 1 % avait été délivré à des femmes.

L’Aéroport de Montpellier Méditerranée, en accord avec la mairie de Mauguio, a décidé d'honnorer neuf d'entre elles, à l'occasion de la journée des droits de la femme, en baptisant de leur nom de nouvelles rues, situées dans la zone de frêt.

Voici quelques morceaux choisis de leurs exploits.

Maryse Bastié, la féministe aux multiples records 

Née en 1898 à Limoges, cette petite ouvrière en usine de chaussures a connu une vie trépidante. C'est son mari, le pilote Louis Bastié, lui a fait découvrir le monde de l'aviation. En septembre 1925, elle obtient son brevet de pilote à l'aéroport de Bordeaux-Teynac et une semaine après, elle passe avec son avion sous les câbles d'un pont de la ville.

Montée à Paris, après la mort de son mari dans un accident d'avion, la jeune femme donne des baptêmes de l'air, fait de la publicité aérienne, obtient un poste de pilote professionnel et s'attaque à tous les défis, comme le relate le site internet de la ville de Bron, là où elle va trouver la mort.

En 1929, elle gagne le record féminin de durée avec un vol de 26 h 48, puis de 37 h 55 un an plus tard. En 1931, elle bat celui de distance en monoplace, sur un vol Paris-Moscou en 30 h 30. Année après année, son palmarès s'étoffe : endurance, avions légers, longue distance, record féminin toutes catégories.

En 1936, elle réussit à traverser en solitaire l'Atlantique sud, reliant Dakar à Natal, au Brésil, alors que trois semaines auparavant, Mermoz s'était perdu en mer en tentant le même exploit. 

Le , Maryse Bastié est interviewée par Jacques Pauliac pour "Le Journal". L'article s'intitule « Voler c'est merveilleux déclare Maryse Bastié mais que ne suis-je un homme » Elle y parle de son souhait de voir une « phalange féminine » créée au sein de l'Armée de l'Air, en cas de guerre. Le lendemain, un pamphlet intitulé « Les Amazones de l'Air » la pique au vif : il y est dit, en substance, que les femmes ont mieux à faire que de partir à la guerre. Maryse Bastié use d'un droit de réponse le  qui est publié in extenso sous le titre « Les femmes et la guerre ». Elle va se battre toute sa vie contre la misogynie qui règne dans le milieu de l’aviation.

En 1940, elle veut voler pour défendre le pays, mais cet honneur est refusé aux femmes. Elle décide alors d'entrer à la Croix-Rouge et sillonne les routes bombardées, pour secourir les réfugiés.

Plus tard, elle rejoint la Résistance. Sous le couvert de son poste d’ambulancière, elle se déplace en zone interdite et glane de précieux renseignements.

En 1944, le général de Gaulle autorise enfin les femmes à rejoindre l’arméede l'Air, mais uniquement les meilleures pilotes. Maryse Bastié est engagée, mais deux ans plus tard, créditée de 3000 heures de vol et du grade de capitaine de l’armée de l’Air, elle renonce à ses ambitions de pilote militaire.

À la libération, elle sera promue dans l'Ordre de la Légion d'Honneur à titre militaire. 

En 1951, on lui confie la direction des relations sociales au centre d’essais en vol de Brétigny. Elle ne pilote plus mais accompagne en vol ceux qui ont pris la relève. C'est le , au meeting aérien à l'aéroport de  Lyon-Bron, qu'elle trouve la mort dans l'accident du prototype, où elle avait pris place en tant que passagère.

Maryse Bastié est enterrée au cimetière du Montparnasse à Paris.

Léna Bernstein, la rebelle 

Née à Leipzig, en Allemagne en 1906, de parents russes d'origine juive qui vont s'installer en France, elle obtient son brevet de pilote à l’école civile d'Aulnat, près de Clermont Ferrand.

Elle monte à Paris pour battre des records. Les records, c'est son obsession. En 1929, elle tente le record de distance en ligne droite, en traversant la Méditérranée. Mais les autorités ne l'autorisent qu'à tenter son essai vers le nord, ce qui lui est impossible car son petit avion, surchargé de carburant, mettra trop de temps pour atteindre une altitude suffisante.

Elle décide donc de feindre d'obtempérer et part quand même vers le sud pour survoler la Méditerranée. Le premier essai va avorter au bout de quelques kilomètres au-dessus de la mer : à cause d'un très fort mistral, l'aviatrice doit se résoudre à vider son carburant et faire demi-tour. Asphyxiée par les vapeurs d'essence, elle perd connaissance, mais elle réussit à poser son avion à la dernière minute, suscitant l'admiration pour son atterrissage impeccable malgré la fureur du vent.

Elle repart le lendemain, dans de meilleures conditions. Au-dessus de la Corse, elle s'aperçoit que son réservoir est presque vide, à cause d'un robinet qui a été mal refermé. Léna Berstein se pose en urgence sur l'aérodrome italien de Pise, alors sous le commandement de l'armée de l'air de Mussolini. Comme elle n'a pas eu l'autorisation de survoler l'Italie, son avion est confisqué. Le lendemain, sous prétexte de montrer à un problème technique à un mécanicien, Léna Bernstein s'installe aux commandes et réussit à décoller, elle s'enfuit en abandonnant sur place sa combinaison de vol, son casque et ses cartes.

La troisième tentative sera la bonne : le 19 août 1929, elle franchit sans escale, la distance de 2 268 km entre Istres et Sidi Barrani, en Egypte. Elle est la première femme, à traverser la Méditerranée en solitaire et le second pilote, après l'exploit de Rolland Garros, datant du 23 septembre 1913.

En 1930, elle s’attaque au record de durée que détient  Maryse Bastié (26 h 47). Les 1er et 2 mai, elle vole pendant 35 h 45, battant le record de durée de pilote seul à bord détenu jusque-là par Lindbergh. (Maryse Bastié lui reprendra ce record en septembre, sur un Klemm, appareil plus puissant.)

En 1931, Léna Bernstein tente un raid sur Saïgon mais échoue et se blesse. En 1932, alors qu'elle a obtenu la nationalité française, elle prépare un nouveau raid : elle veut rallier Biskra en Algérie à Bagdad en survolant le sud tunisien, 900 km de mer, puis l'Egypte et le Liban.

Mais les ennuis se multiplient : interdite de vol par l’administration, poursuivie par les huissiers, elle réussit en juin 1932 à atteindre Alger en trompant la vigilance des autorités, puis l’aérodrome de Biskra, où son petit Farman est renversé par une tempête.

Épuisée, physiquement et moralement, cette jeune femme intrépide de 26 ans part se suicider dans le désert, où l'on retrouvera son corps à côté d'une bouteille de champagne et de plusieurs tubes de médicaments vide. 

Adrienne Bolland, première femme à avoir survolé la Cordillère dans Andes

Née le 25 novembre 1895 en région parisienne, elle est la dernière d’une fratrie de sept enfants.

Lorsque son père meurt en 1909, refusant d'être à la charge de sa mère et bien décidée à ne pas se marier, elle choisit de devenir pilote d'avion, au grand dam de sa famille.

Elle obtient son brevet de pilotage le 26 janvier 1920, après 10 semaines de formation à peine, et fait la une des journaux : elle est la première jeune fille française à avoir obtenu son brevet après la Première Guerre mondiale, la 13e en France.

Trois mois plus tard, en mars, elle devient la première femme pilote engagée comme convoyeur d'avions. En avril, elle devient aussi la première femme au monde à réussir un looping.

En 1920, elle est la première femme pilote à traverser en solitaire la Manche depuis la France en avion.

Le 1er avril 1921, après avoir surmonté bien des obstacles, Adrienne Bolland réussit un pari fou : traverser la cordillère des Andes. Son vol sera mouvementé : à bord d'un vieux coucou, elle part sans carte et sans boussole, se perd, vole entre les flancs des montagnes..

Son avion plafonne à 4 000 mètres d’altituden alors que son itinéraire passe par le sommet de l’Aconcagua, à 6 900 mètres d’altitude !  Malgré le froid glacial et le danger, elle persiste et, après 4h15 de vol, elle atterrit à l’aéroport de Santiago du Chili où elle reçoit un accueil triomphal. Seul absent, l'ambassadeur de France à Santiago, qui lui, avait cru à un poisson d'Avril..

 À son retour en France, elle perd son contrat et doit se battre seule pour vivre de son métier : le 27 mai 1924 à Orly, elle bat le record féminin de loopings en réalisant 212 boucles en 72 minutes et devient la pilote voltigeuse la plus célèbre des meetings en Europe, la plus active et la plus populaire de France.

Ses opinions politiques, ouvertement à gauche, lui valent de voir tous ses avions sabotés. On veut l'empêcher de voler. Elle aura sept accidents qui auraient pu être mortels.

En 1940, elle décide avec son mari de rester dans la zone occupée par les Allemands. Tous deux rejoignent la résistance. Elle devient opératrice radio, chargée du repérage des terrains susceptibles de servir aux atterrissages et parachutages clandestins.

En 1961, alors qu'Air France fête les 40 ans du survol historique de la cordillère des Andes, elle devient l'ambassadrice officielle de la compagnie.

Adrienne Bolland est morte le 18 mars 1975 à Paris.

Elisa Deroche, actrice, artiste et aviatrice

Née en née en août 1882, à Paris, dans une famille pauvre, Elisa Deroche est une touche à tout : actrice de théâtre, férue de peinture comme de sport automobile, elle est la première femme au monde à avoir obtenu son brevet de pilote aviatrice. C'est pendant la période où elle s'adonne au théâtre qu'elle prend le pseudonyme de "baronne Raymonde de Laroche", en mémoire de sa fille, décédée en bas âge.

En octobre 1909, la jeune femme âgée de 24 ans va prendre son premier cours de vol au camp militaire de Châlons-en-Champagne. Elle est seule à bord, car il n'a qu'une place et Charles Voisin la guide depuis l'extérieur. Alors qu'elle n'est pas autorisée à voler, Elise Deroche décolle à quelques mètres du sol, fait un tour de 300 mètres avec agilité et maîtrise avant d'atterrir. L'aviatrice est née.

En fait, son premier vrai vol a lieu en 1910 "au meeting d'Héliopolis au Caire, et là, elle va boucler un circuit de 20 km devant les femmes favorites d'un harem." De retour en France, l'Aéro-Club de France lui attribue, sur ses compétences, son brevet de pilote d'aéroplane qui porte le numéro 36. 

Elle participe ensuite à de nombreux rassemblements aériens, en France et à l’étranger, puis sert pendant la guerre en assurant des transports et établit plusieurs records : d'altitude (4 663 m) et de distance (323 km).

Le 18 juillet 1919, elle se rend à l'aérodrome du Crotoy, dans la Somme pour faire des tests sur un avion. Ingénieure chevronnée, elle voulait devenir la première femme pilote d’essai.

Elle mourra à l'âge de 37 ans avant dans le crash de cet avion expérimental., lors des manœuvres d'approche pour l'atterrissage.

Hélène Dutrieu, la casse-cou 

Hélène Dutrieu, née en Belgique le 10 juillet 1877, fut à la fois cycliste, coureuse automobile et aviatrice.

Fille d'un militaire, sa première passion fut le vélo. En 1895, elle participe aux premières courses cyclistes ouvertes aux femmes, dans sa ville de Tournai. Devenue coureuse professionnelle, elle bat le record de l'heure sur piste en1895. En novembre 1898, elle gagne "the 12 days race" (course de 12 jours) à Londres.

Déjà attirée par les airs, elle devient cascadeuse et réalise un saut de 15 mètres de longueur à bicyclette, notamment à l’Olympia de Paris. Ce numéro lui vaudra le surnom de "La flèche humaine". Elle fait des loopings, à vélo, à mobylette, puis en automobile. Avant qu’un accident lors d’une de ces cascades, à Berlin en 1904, l’envoie huit mois à l’hôpital. 

En 1908, la société Clément-Bayart sort de son atelier un petit coucou nommé Demoiselle et cherche un pilote pour effectuer des tests. Hélène Dutrieu se présente : elle possède deux atouts : elle très légère et n'a peur de rien. Elle suit donc les cours de pilotage du pionnier de l'aviation Maurice Farman à Mourmelon, dans la Marne. C’est le premier vol de 30 secondes sur cet avion qui va la décider à embrasser la carrière d'aviatrice. Cet avion ne possède pas de freins à l'atterrissage, le pilote doit freiner à la force de ses mollets : la pratique du vélo est un avantage pour Hélène Dutrieu.

Le 30 août 1910, elle effectue un vol Ostende Bruges en 20 minutes et contourne le beffroi de la ville à environ 400 mètres d'altitude, avec un passager, faisant tomber tous les records féminins. "Je risque ma vie, évidemment. Mais si je ne reviens pas, tant pis !", déclarait Hélène Dutrieu en octobre 1910.

Le 25 novembre 1910, l'Aéro-club de Belgique lui remet le premier brevet de pilote attribué dans ce pays à une femme. Dans le monde, elle est la deuxième femme, peu de temps après Elise Deroche en France, à obtenir ce brevet.

Entre 1910 et 1911, Hélène Dutrieu enchaîne les records  : elle devient la première femme au monde à piloter un avion avec un passager, remporte la Coupe Femina, couvrant plus de 167 kilomètres en 2 heures et 35 minutes. En Italie, elle remporte à Florence une course de vitesse et d’endurance, devançant une quinzaine d'aviateurs masculins dont des champions incontestés de la discipline.

Elle pulvérise aussi le record du monde de vitesse couvrant 254 km en 2h58, puis, dans la foulée, devient la 1re femme à franchir le cap d'une heure en l'air, avec un vol de 1h09.

Hélène Dutrieu est aussi la première femme au monde à voler sur hydravion.

Elle est faite chevalier de la Légion d’Honneur le 9 janvier 1913 par le gouvernement français pour ses performances sur les avions français. Sa carrière d’aviatrice prend fin avec le début de la Première Guerre mondiale : elle s’engage comme ambulancière auprès de la Croix-Rouge.

Sa célébrité est telle à cette période qu’elle est sollicitée par le général Gallieni pour faire des conférences de propagande aux Etats-Unis. Revenue en France dès 1917, elle prend la tête de l’hôpital de campagne du Val-de-Grâce.

En 1922, elle épouse à 45 ans le maire de Coulommiers, Pierre Mortier, obtenant par la même occasion la nationalité française. Après la mort de son mari en 1946, elle reste une promotrice passionnée de l’aviation, devenant notamment vice-présidente de la section féminine de l’Aéro-club de France.

Elle crée aussi la coupe Hélène Dutrieu-Mortier en 1956, une compétition de longue distance réservée aux pilotes françaises et belges.

Après une vie de records et d’exploits, Hélène Dutrieu meurt à Paris le 26 juin 1961, à l’âge de 84 ans.

Jeanne Herveux, cycliste, pilote automobile et aviatrice 

Jeanne Aline Herveux est née le 10 décembre 1885 à Paris. Son nom apparaît pour la première fois en 1903 dans la presse sportive : âgée d’à peine dix-huit ans, elle participe à des courses cyclistes.

En 1905, elle entre dans l’équipe Werner, un constructeur de cycles, de motocycles, de tri-cars et de voiturettes, établi à Levallois-Perret en 1897. C'est aux frères Eugène et Michel Werner, que l'on doit la motocyclette. Jane Herveu participe à plusieurs courses sur ces engins dangereux à l'époque en 1905 et 1906 avant de passer sur une automobile, puis à prendre la voie des airs.

Elle apprend à piloter en 1910, titulaire du brevet de pilote n°318, délivré par l'Aéro-club de France. Elle est ainsi la quatrième femme pilote française d'aéroplane brevetée à l'époque.

Jeanne Herveux participera à plusieurs meetings et épreuves dont la coupe Fémina durant laquelle elle réalise un vol de 248 kilomètres. Elle arrive seconde de cette course derrière Hélène Dutrieu en 1910, avant de l'emporter l'année suivante.

Après la Première Guerre mondiale, Jeanne Herveux part vivre en Amérique où elle exerce d'abord comme instructrice de pilotage dans une école féminine d'aviation vers 1919-1920, avant de devenir modiste.

Elle reviendra en France en 1932 pour inaugurer l'école de pilotage sur le toit Des Galeries Lafayette.

Elle meurt à Londres le 16 janvier 1955 des suites d'une chute domestique.

Maryse Hilsz, parachutiste et militaire 

Maryse Hilsz est née en région parisienne dans une famille ouvrière, le 7 mars 1901. Elle commence une carrière de modiste chez une chapelière mais les rubans ne la passionnent guère : son rêve à elle, c'est l'aviation.

En 1924, alors qu'elle n'est jamais montée dans un avion, elle s'inscrit à un concours de saut en parachute, alors quasiment expérimental, dans le but de financer sa formation de pilote.

A l'époque, les sauts en parachute constituent la grande attraction des meetings et les rares parachutistes sont plutôt bien payés. Dès ses 21 ans, Maryse va faire partie de ces équipes de casse-cou et participer à 61 meetings. Elle réalise 112 sauts où elle connaît simplement deux incidents : elle restera accrochée sur un toit, puis  suspendue par ses bretelles au sommet d’un arbre, elle attendra pendant deux heures que l’on vienne la décrocher.

En 1928, la jeune femme a assez d’argent pour apprendre à piloter. Elle passe son brevet en 1929 et achète un petit avion d’occasion de fabrication anglaise avec lequel elle effectue de nombreux vols entre Paris et les principales capitales européennes..

Femme d'action et dotée d'une forte personnalité, Maryse Hilsz est détentrice de nombreux records de vitesse et de distance en avion, dans les années 30.

Le 10 août 1932, après 3 mois d'entraînement, elle bat le record du monde d'altitude féminin à 9 791 mètres à Villacoublay, performance qui lui vaut d'être nommée chevalier de la Légion d’Honneur.

En 1933, Maryse Hilsz se lance le défi de relier Paris à Tokyo et y parvient en 15 jours après une escale à Hanoï. Elle entame alors, début 1934, une nouvelle tournée en Extrême-Orient. 

En 1938, elle bat le record de distance sans escale pour un avion de première catégorie, un Caudron Simoun, avec un trajet de 3230 km entre Istres et la Mauritanie.

En 1939, elle est mobilisée avec trois autres pilotes femmes dont Maryse Bastié et Claire Roman pour convoyer des avions vers le front. Par la suite, avec le décret du 27 mai 1940, qui autorise la création d'un corps féminin de pilotes auxiliaires, elle poursuit les convoyages, mais tout s'arrête avec la débâcle de l'armée française.

Maryse Hilsz s'engage dans la résistance dès 1941. En octobre 1944, le gouvernement décide de créer premier corps de pilotes militaires féminins, uniquement avec de prestigieuses aviatrices. En tête de liste des femmes pilotes admises dans l’armée de l’air, Maryse Hilsz est nommée sous-lieutenant et affectée au groupe de liaisons aériennes ministérielles (GLAM).

Le 30 janvier 1946, elle décède en service aérien commandé, lors d’une liaison Villacoublay-Marignane. Victime du mauvais temps, elle s'écrase dans la région de Bourg-en-Bresse : les commandes de son avion se sont bloquées à cause du givre. 

Marthe Niel, première femme pilote d’essai

Née le 29 décembre 1878 à Paimpont, dans la forêt de Brocéliande en Bretagne, Marthe Niel est issue d'une famille nombreuse et modeste.

Elle épouse Pierre Firmin Fontalbat, marchand de vin, le 9 mai 1900 à Paris et exerce alors la profession de cuisinière.

Dix plus tard, divorcée, elle pratique de nombreux sports. Marthe Niel est admise à l’école de pilotage de Mourmelon-le-Grand, dans la Marne. A l'âge de 30 ans, elle fut la deuxième femme à obtenir son brevet de pilote d'avion, juste après Elisa Deroche. Son brevet porte le numéro 226, délivré le 29 août 1910, sur un monoplan.

Son premier meeting avait eu lieu un mois avant en juillet 1910. Il s’agit de la deuxième grande semaine d’aviation de la Champagne, qui comprend une Coupe des Dames où sont inscrites trois femmes pilotes.

Elle participe ensuite à différents meetings aériens, spectacles très en vogue à l'époque et reçoit un prix spécial à Dijon.

 À Périgeux, elle captive le public en frôlant la cime des arbres et pique du nez à l'atterrissage, causant des dégâts légers à son appareil. Surnommée "la femme oiseau", elle provoque l’engouement du public et devient l’héroïne de la manifestation.

En 1911, elle teste à Mourmelon un monoplan Koechlin type C, ce qui fait d’elle la première femme pilote d’essai de l’histoire de l’aviation.

En novembre 1915, elle épouse le constructeur d'avion Paul Koechlin, mais ce dernier est tué durant la bataille de la Somme en août 1916.

C'est la fin de sa carrière aéronautique : elle se remarie, puis retire dans une propriété de Saint-Malo de Beignon, dans le Morbihan et décède le 18 novembre 1928 à Rennes des suites d’une intervention chirurgicale.

Claire Roman, la bourgeoise devenue héroïne 

Née le 25 mars 1906 à Mulhouse dans une famille aisée, Claire Roman connaît une enfance dorée et voyage beaucoup.

En  1929, elle épouse Serge Roman, un militaire décoré d'une Croix de guerre pendant le premier conflit mondial. Un mariage d'amour qui tourne au drame : marqué par ses souvenirs douloureux de la guerre, son mari se suicide le 22 mars 1932.

Très affectée par ce drame, Claire Roman change de vie et s'engage comme infirmière à la Croix Rouge au Maroc, où elle apprend le pilotage. Le 26 novembre 1932, elle obtient son brevet de pilote de tourisme après seulement 26 heures de vol.

En 1933, elle rentre à Paris et s'inscrit à l'aéroclub Roland-Garros d'Orly où elle apprend le pilotage de différents appareils. En 1935, elle s'initie à la voltige aérienne et participe à une course elle se classe seconde derrière Maryse Hilsz, avec un appareil Maillet de 180 chevaux, beaucoup moins puissant que celui de la gagnante. En octobre, elle participe au Tour de France des prototypes où elle est l'unique aviatrice.

En 1936, elle obtient son brevet de pilotage sans visibilité, puis obtient son brevet de pilote de transport, tout en poursuivant son travail à la Croix Rouge. Elle est désormais habilitée à faire du convoyage professionnel et à donner des cours en tant qu'instructrice.

En 1937, elle va enchaîner les records du monde:

  • Record d'altitude pour multiplace à 5 500 mètres, comme passagère de Clément
  • Record féminin d'altitude sur monoplace à 6 241 mètres
  • Record féminin d'altitude sur multiplace à 5 343 mètres, avec Alix Lucas-Naudin
  • Record féminin d'altitude, catégorie 2 à 6 782 mètres
  • Record de vitesse sur 2 000 km à la moyenne de 245 km/h

En 1939, elle est réquisitionnée avec trois autres pilotes, dont Maryse Bastié et Maryse Hilsz pour convoyer des avions vers le front et devient sous-lieutenant, chargée d'évacuer des avions de liaison ou d'entraînement sous les bombes allemandes.

Capturée par l'ennemi le 18 juin 1940 sur l'aérodrome de Rennes, elle parvient à s'évader à vélo, puis prend les commandes d'un avion de guerre dont elle ignore le pilotage.

Citée à l'ordre de l'armée et décorée de la Croix de Guerre, elle rejoint la base de l'Armée de l'air de Bordeaux et pilote jusqu'à la fin août 1940 où elle est démobilisée, suite de la dissolution du corps féminin. Son dossier militaire mentionne : "Par sa discipline, son courage qui saurait s'élever à l'héroïsme, son sens du devoir, ses qualités de pilote, Madame Roman s'est élevée à un niveau que peu d'hommes atteignent."

Elle reprend ses activités d'infirmière convoyant un camion de 5 tonnes à travers la France d'un camp de prisonniers à un autre. 

Le 4 août 1941, elle embarque comme pilote à bord d'un avion effectuant une liaison entre Vichy et Pau. Pris dans de très mauvaises conditions météorologiques, l'avion percute le massif d’En Malo, sur la commune de Salvezines dans l'Aude.

Claire Roman a été inhumée à Carcassonne.

10% de femmes pilotes de nos jours

Actuellement, le nombre d’aviatrices licenciées ne s'élève encore qu'à 10%, d’après l’Association française des femmes pilotes (AFFP).

Selon Laurence Elles-Mariani, membre de l’association ett commandante de bord. "Quand je suis entrée à Air France, on était 5 % de femmes pilotes. Aujourd’hui, on est 9 %. En trente ans, prendre 4 %, c’est peu. La parité n’est pas pour demain", déclarait dans les colones du Monde cette cinquagénaire commandante de bord.

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