Les traces du nouveau coronavirus dans nos eaux usées sont un indicateur de l'épidémie. Elles sont en hausse actuellement à Montpellier. Une équipe de chercheurs de la ville et de Montréal met au point un modèle pour tenter de mieux localiser les cas infectieux.
Etudier les eaux usées pour y analyser les traces de Covid 2 et ainsi anticiper la propagation de la pandémie. Plusieurs pays passent déjà leurs système d'épuration au peigne fin pour guetter les premiers signes d'infection présents dans les selles avant même que les symptômes ne se développent. Une étude de ce type a même débuté en Occitanie, autour du bassin de Thau pour éventuellement déceler une remontée du virus avec l'activité touristique.
De leur côté, les chercheurs montpelliérains du CNRS observent depuis peu une augmentation significative de ces traces d'ARN du coronavirus dans les eaux usées de la ville. En effet, leurs dernières analyses, sur l'ensemble des eaux usées arrivant à la station d'épuration de Montpellier montrent une tendance à la hausse des traces virales depuis près d'un mois, ce qui ne rassure pas le virologue Rafaël Gaudin, chargé de recherche CNRS:
Mais les scientifiques vont plus loin. Cette équipe pluridisciplinaire de chercheurs du CNRS basée à Montpellier et à l'université de Montréal travaille depuis avril dernier sur un modèle capable de remonter non pas à la source mais à l'ilot d'habitations pour pouvoir localiser des cas infectieux. Une pré-publication de ces travaux à eu lieu. Un modèle à bas coût qui pourrait rapidement être opérationnel et intéresser de nombreuses métropoles du Monde.Ce qu'on a observé, c'est que tout le mois de mai, on avait des niveaux d'ARN viral dans les eaux usées de Montpellier qui étaient extrêmement faibles. Et de façon assez surprenante, depuis le 15 juin on a vu une hausse substantielle des quantités d'ARN dans les eaux usées.
Etudier les eaux usées des 470 000 habitants de Montpellier
Depuis le 7 mai dernier Julie Trottier, chercheuse au CNRS en science politique, se rend régulièrement à l'institut de recherche en infectiologie de Montpellier pour analyser des échantillons d'eaux usées prélevés à l'entrée de la station d'épuration de Maéra.
Notre idée, c'est de remonter depuis l'aval, à l'entrée de la station d'épuration, vers l'amont du réseau en testant, en analysant toute présence de traces du virus et ainsi développer une méthode pour tracer jusqu'à l'îlot d'habitations concerné.
La plus importante station d'épuration de montpellier traite les eaux usées de 470 000 habitants et elle intéresse particulièrement cette équipe de chercheurs pluridisciplinaire qui cherche à la fois à comprendre le fonctionnement du réseau d'eaux usées et les conditions de propagation du virus.
Trouver un modèle d'analyse applicable partout dans le monde
L'étude des eaux usées de nombreuses métropoles dans le monde pourrait éviter un retour au confinement massif. Car le spectre d'une seconde vague n'est pas à écarter. Et l'exemple de l'Espagne alarme les chercheurs montpelliérains à cause des similitudes observées dans les eaux usées.
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En Espagne, par exemple, nos collègues ont détecté des traces de virus plusieurs semaines avant que les premiers patients ne soient diagnostiqués. Donc c'est une possibilité, une hypothèse que l'on ne peut pas ignorer à ce stade-ci et qui impose le principe de précaution.
A Montpellier, Laurent Beaumel et Isabelle Bris, notre équipe de reportage, ont suivi les dernières recherches des scientifiques du CNRS.