Cinéma : "J'avais envie de montrer ma réalité, je viens de ces villages-là", entretien avec Jean-Baptiste Durand, réalisateur de Chien de la casse

Ce mercredi 19 avril 2023, sort sur grand écran "Chien de la casse". Il s’agit du premier long-métrage de Jean-Baptiste Durand. Le réalisateur a grandi dans l'Hérault. C’est là aussi qu’il a tourné son histoire sur la jeunesse rurale, un récit d'amitié toxique dans le village le Pouget.

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Deux amis, presque des frères, Dog et Mirales. Ils vivent leur jeunesse loin des villes, dans la campagne héraultaise. Entre les deux jeunes hommes, une amitié mordante où l’un prend l’ascendant sur l’autre, jusqu’au jour où une fille vient bouleverser l’équilibre : Elsa (Galatea Bellugi).

Le premier long-métrage de Jean-Baptiste séduit la critique. Il a déjà été récompensé par le prix du public au festival d’Angers. Le film confirme aussi un autre talent : Raphaël Quenard (Novembre, Coupez, Je verrai toujours vos visages) qui interprète ici Mirales.

 

Vous avez choisi de filmer une histoire de jeunesse loin des villes. La vôtre ?

J’avais envie de montrer ma réalité, je viens de ces villages-là. La ruralité c’est 80 % de la France, une majorité invisible. Je voulais mettre en lumière humblement la jeunesse de la ruralité. Il y a plein de jeunes partout en France dans les territoires. Une jeunesse invisibilisée et caricaturée.

 

Pourquoi alors avoir nommé le film "Chien de la casse", une expression qui vient justement des banlieues ?

C’est une expression des banlieues qui veut dire "le crevard, l’égoïste, le mec qui marche pour sa gueule eu détriment de ses potes". On apparente dans mon film les codes des jeunes des villages à ceux des banlieues. Je trouvais ce parallèle intéressant.

On s’est fait un portrait de la jeunesse en banlieue mais ces codes sont ceux de toute jeunesse. On fume des joints, on vanne nos potes, on écoute du rap, on s’ennuie. La ruralité a ça de commun avec la banlieue, elle est abandonnée des centres-villes, il y a moins de culture mais plus d’ennui, un esprit de clan, d’entre-aide.

Pour le chien, il incarne la fidélité, l’amour inconditionnel, le rapport de dominé/dominant, presque le sacrifice aussi. Et c’est le lien qui unit les deux amis du film. C’est un titre qui peut effrayer alors que le film est très doux.

 

Comment s’est passé le tournage au Pouget ?

En un mot : exceptionnel. Les habitants nous ont accueilli les bras ouverts, avec le sourire même si le tournage a pu être contraignant dans l’organisation du village pour rentrer chez eux etc. Le maire est un maire d’exception qui a l’amour de son village et de ses habitants. Il a été ravi qu’on tourne chez lui, nous a donné tous les moyens nécessaires. Vu notre budget serré, c’était précieux.

 

C’est votre premier long-métrage, la critique s’affole et vous avez déjà reçu le prix du grand public au festival d’Angers. Une fierté ?

C’est une satisfaction, c’est hyper encourageant ! Moi je fais des films pour donner des émotions, faire passer des messages. J’ai été hyper honoré que les gens aiment les personnages que j’ai moi-même aimé et bâti avec amour. On ne sait jamais ce que ça va donner quand on va faire un film. Faire un film, c’est qu’on a bénéficié d’un soutien, on m’a donné des sous pour faire ce film, je devais en être digne et alors ça veut dire que j’ai bien fait mon travail et ça j’en suis fier.

 

"Chien de la casse" est sorti ce mercredi 19 avril 2023 dans 80 salles en France. Le prochain projet de Jean-Baptiste Durand devrait se tourner juste à côté, dans le Var. Un drame romantique avec pour décor, les clubs de football amateur.

Ecrit à partir d'un entretien réalisé par Karine Zabulon.

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