L’Occitanie fait partie des régions les plus touchées par le chômage avec 8,7% de demandeurs d’emploi. C’est aussi le territoire de l’Hexagone où la durée moyenne du chômage est la plus élevée : 304 jours. Comment les jeunes chefs d'entreprise de l'Hérault voient-ils l'avenir ? Quelles sont leurs solutions ?
"C’est difficile de recruter, c’est difficile aussi de garder nos collaborateurs", constate Quentin Aoustin, co-fondateur de Qanopée et président du Comex 40 de l’Hérault. Il était l’invité de l’émission Dimanche en Politique consacrée au chômage diffusée ce dimanche 9 octobre 2022 à 11h30 sur France 3 Occitanie et présentée par Anne-Sophie Mandrou.
Difficultés pour les personnes sans emploi à décrocher un contrat, difficultés aussi pour les entreprises à recruter dans certains secteurs. Les membres du Comex 40, cellule du MEDEF qui compte 13 jeunes chefs d’entreprise dans l'Hérault, partagent leurs idées pour tendre au plein emploi.
Qu'est-ce qui incite les entreprises à recruter ?
Si en finir avec le chômage se rapproche d’une utopie, "en finir avec la précarité forcée (...), donc pérenniser les emplois" est un objectif atteignable, reconnait Jérôme Ferrando, avocat associé chez ETNA. Outre le salaire, plusieurs facteurs sont désormais au cœur des préoccupations des salariés, comme la quête de sens, la flexibilité et le bien-être au travail. Cédrik Beaumont, avocat associé chez PVB Avocat, penche pour rendre le monde de l’entreprise plus attractif, en travaillant notamment "sur les rémunérations et les moyens efficaces de faire son travail". Il faut aussi, selon lui, repenser le management "et réapprendre aux entreprises à travailler avec des jeunes mais également des moins jeunes".
Henri de Capèle, co-fondateur d’InCare SAS, cite, lui, le revenu universel, "une voie à explorer" car "elle permet une prise de recul et une vision globale sur la place du travail dans nos vies, le rôle de l’entreprise, le progrès, la création et le partage de la valeur." Le membre du Comex 40 plaide également pout plus de flexibilité dans l’embauche : allongement de la période d'essai, accompagnement au retour à l’emploi, formation. "L’entreprise doit accepter un temps de réadaptation nécessaire - et normal ! - à la vie professionnelle et au monde de l’entreprise."
Et si la réponse passait aussi par une meilleure connaissance de ce "monde de l’entreprise" ? C'est en tout cas ce que pense Audrey Mula. La patronne du groupe Evidence dit vouloir former "les gens à ce qu'est la vie en entreprise, en leur apportant les bonnes postures et en inculquant les bonnes attentes." Elle pointe également la question des charges. Henri de Capèle complète : la suppression des charges patronales – "au moins pendant un certain temps" – apparait comme un argument majeur dans l’embauche des personnes en situation de fragilité ou d’instabilité des seniors, des personnes handicapées, des parents isolés… Des catégories particulièrement touchées par le chômage.
Comment garder ses collaborateurs?
En encourageant par le dialogue un bon équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, expliquent Henri de Capèle et Cédrik Beaumont. Le premier envisage de tester la semaine de quatre jours, par exemple. Le second mise sur "des moments de cohésion hors travail" et des outils de travail "évolutif et qui tente d’être à jour et agréable". PVB a également mis en place un "important travail d’accompagnement et de formation" pour faciliter l'évolution professionnel et mieux communiquer sur le sujet.
"La montée en compétences" est aussi l'une des stratégies par le cabinet d'avocats ETNA, au même titre que "le salaire et la transparence sur les missions et conditions de travail." Communication et confiance font également partie des éléments-clé pour Audrey Mula : "expliquer chacun de mes choix et fédérer autour de mes décisions, précise la membre du Comex 40. M'appuyer sur des collaborateurs fiables et 'corporates' pour garder une bonne mentalité."
Comment se fait le recrutement aujourd'hui ?
Une méthode fait l'unanimité, ou presque, parmi les membres du Comex 40 : les réseaux sociaux et notamment "LinkedIn". Le réseau tout court, aussi, qu'il faut bâtir et cultiver. Jérôme Ferrando ajoute "la marque employeur" à la liste : "Les entreprises attractives recrutent mieux."
Cédrik Beaumont vante, lui, l'efficacité des interventions dans les écoles pour recruter de jeunes par "parrainage" des collaborateurs. "Les meilleurs recrutements de nos cinq dernières années" suivent un même schéma :"apprentissage puis stage puis contrat".