Pour "éviter la propagation du virus", l'assurance maladie a lancé l'arrêt de travail "immédiat". Destiné aux personnes symptômatiques qui ne peuvent pas télétravailler, il permet d'obtenir un arrêt de travail sans avoir à consulter un médecin. Une procédure qui inquiète le corps médical.
La procédure est simple. Désormais, depuis hier, dimanche 10 janvier, tout citoyen présentant des symptômes du Covid-19, peut obtenir en seulement quelques clics un arrêt de travail "immédiat".
L'objectif : désengorger les cabinets de médecins et aussi, isoler plus rapidement les personnes susceptibles d'être porteuses du virus.
"On fait courir un risque insensé à la population"
Avec ce nouveau dispositif, il n'est plus nécessaire de prendre rendez-vous chez son médecin. Il suffit de remplir une déclaration sur le site de l'assurance maladie qui permet d'obtenir un arrêt de travail "provisoire". Le malade s'engage alors à réaliser un test antigénique ou RT-PCR dans les deux jours qui suivent la déclaration.
Deux cas de figure se présentent suite à ce test :
- le test est négatif : l'arrêt de travail prend fin le soir même du jour d'obtention du test.
- le test est positif : l'arrêt de travail est prolongé pour une durée de 7 jours maximum depuis l'apparition des premiers symptômes.
Ainsi, tout au long de cette procédure le malade n'a aucun avis médical. En revanche, l'assurance maladie s'engage à mettre en place un accompagnement par téléphone, tout au long de la convalescence. "L'assurance maladie procédera à un suivi systématique avec deux à trois appels téléphoniques au cours de la période", détaille la procédure.
C’est l’exemple même de la fausse bonne idée. En pensant raccourcir les flux, on fait courir un risque insensé à la population. Sur le lot des patients déclarés symptomatiques du Covid-19, il y aura des patients qui peuvent avoir autre chose, quelque chose de potentiellement grave. Or, ces personnes là n'iront pas voir un médecin.
L'assurance maladie précise en revanche que ce dispositif ne s'applique pas aux personnes en télétravail. Mais là encore tout repose sur l'honnêteté du malade.
"C'est la porte ouverte à l'absentéisme"
Voici la liste des symptômes du Covid-19 délivrée par le ministère de la Santé : fièvre ; toux sèche ; fatigue ; courbatures ; maux de gorge ; diarrhée ; conjonctivite ; maux de tête ; perte de l’odorat ou du goût ; éruption cutanée, ou décoloration des doigts ou des orteils ; difficultés à respirer ou essoufflement ; sensation d’oppression ou douleur.
Je ne remets pas en cause cette mesure, mais ça me semble très dangereux. La fatigue peut être un symptôme du covid-19 par exemple. Alors un salarié fatigué le matin peut ne pas aller travailler avec ce dispositif.
Grégory Blanvillain poursuit, "il n’y a aucune consultation entre l’employeur et le salarié, c’est unilatéral et pour moi c’est la porte ouverte à l’absentéisme. D’autant plus qu’il n’y a pas d’obligation de voir un médecin".
Sur ce plan, l'assurance maladie tente de rassurer. "Il y aura des contrôles réguliers qui vont être effectués pour vérifier les informations transmises".
Indemnisation immédiate
Avec ce nouveau dispositif, les arrêts maladies ne seront plus soumis aux trois jours de carence habituels. Mais pour le corps médical cela pose un problème d'équité : "ça introduit une discrimination, puisque ceux qui s’auto-déclarent n’ont pas de jour de carence alors que les patients qui vont chez un médecin auront les trois jours de carence", ajoute le docteur Jean-Christophe Calmes.
Pour l'instant, le dispositif est prévu jusqu'au 31 mars, il pourrait se prolonger en fonction de la situation sanitaire.