A Montarnaud, dans l'Hérault, le maire pointe le risque incendie pour réclamer le démantèlement du tiers-lieu écologique Macondo, installé en pleine garrigue. Il vient de prendre un arrêté, et menace les occupants d'une astreinte de 500 euros par jour, estimant que les constructions sont illégales, ce que conteste le collectif qui y est installé.
C'est un arrêté municipal qui sonne comme un coup de massue pour le tiers-lieu écologique Macondo. Pointant le risque incendie, le maire de Montarnaud (Hérault) veut voir partir les occupants du site et la tension est montée d'un cran avec cette obligation de mise en conformité sous peine d'une astreinte de 500 euros par jour.
Macondo, c'est le nom du village fictif qui sert de cadre à "Cent ans de solitude", le célèbre roman du prix Nobel de littérature Gabriel Garcia Marquez. C'est celui que s'est choisi le collectif d'associations et de sociétés coopératives installé depuis 2018 sur la commune héraultaise. Ici, on fabrique des composteurs ou des "tiny houses" (des mini-maisons). On forme aussi des jeunes aux métiers techniques du développement durable. Mais la structure est dans la tourmente depuis deux ans. Au cœur du problème, une question de permis de construire.
Arguments contre arguments
La municipalité pointe le risque incendie lié à ces constructions, érigées sans accès à l'eau potable, en pleine garrigue sur un site Natura 2000. Elle estime qu'elles sont illégales. Un bail existe pourtant entre Macondo et le syndicat d'aménagement du Mas Dieu et il autorise bien les activités liées à l'écologie.
On a un dossier béton : vous imaginez bien qu'on ne lève pas un million d'euros d'argent public, qu'on ne fait pas des prêts de 250 000 euros à la banque, sans avoir un bail, un permis et tout en conformité. On a tout depuis le début et chaque fois qu'il lui présente les pièces, il les balaye d'un revers de main. C'est un débat sans fin !
Benjamin Clouet, président de la SCIC Macondo
Le maire point le risque incendie
De son côté, le maire de Montarnaud Jean-Pierre Pugens continue de marteler que la structure n'est pas en conformité avec la loi sur l'urbanisme. Pour lui, cette installation est illégale et s'apparente à de la cabanisation.
Outre le fait que ces constructions ne sont pas conformes au plan local d'urbanisme, il y a le problème de la sécurité incendie. Si, par malheur, il y avait un accident, ce que je ne souhaite pas, on me demanderait : "Monsieur le maire, qu'avez-vous fait pour éviter que ça se produise ?"
Jean-Pierre Pugens, maire (SE) de Montarnaud
27 emplois menacés
Sur place, Mathilde Barbier achève à la hâte son dernier chantier de tiny house ou mini-maison et elle est inquiète. Comme le sien, ce sont 27 emplois qui sont menacés : "partir, c'est très compliqué pour moi, un atelier comme celui-là, je ne peux pas en retrouver un, donc je suis fatiguée et déçue".
Les responsables de la structure ont consulté leur avocate. Ils étudient la possibilité de contester l'arrêté municipal devant le tribunal administratif.
Écrit avec Chloé Fabre et Sylvie Bonnet