Il est tout blanc avec des yeux bleus. Sa beauté et sa douceur font des miracles : dans l'EHPAD de Gignac près de Montpellier, grâce à ce poney de 11 ans, des personnes âgées se remettent debout et marchent jusqu'à lui pour le caresser. Vendetta ou l'expérience d'une thérapie douce.
Il se nomme Vendetta et ce n'est pas pour rien ! Selon sa maîtresse, quand on l'agace, ce poney de 11 ans sait vous remettre à votre place.
En revanche, quand il entre dans la maison de retraite de Gignac avec ses petits sabots entourés de bandes élastiques pour ne pas salir les sols, ce petit cheval devient extrêmement calme. Comme s'il savait qu'ici, il faut montrer patience et douceur.
Depuis un an, il est devenu la star de l'EHPAD municipal de Gignac, petite ville héraultaise située entre Lodève et Montpellier. A chaque quinzaine, certaines résidentes l'attendent dès le pas de la porte, impatientes de le retrouver.
Un atelier original pour retrouver de la mobilité
La plupart des personnes âgées se retrouvent dans un grand hall, où pendant une heure, le poney va se laisser caresser et bichonner.
C’est le chouchou de ces dames ! Il se cale vraiment sur l’environnement ambiant. Comme il a de l’espace, il ne se sent pas oppressé et se laisse caresser. Il profite du moment.
Sa propriétaire l'équipe avec une selle munie de poignées pour que les résidentes et les résidents en fauteuil roulant puissent s'accrocher et tenter de se lever.
Aidée par Gala Guillaud, l'ergothérapeute de la maison de retraite, Gersende distribue les brosses et accompagne les personnes âgées qui approchent l'animal.
Certaines nonagénaires vont même oublier un instant leur peur de tomber, sortir de leur fauteuil roulant et marcher jusqu'au poney blanc.
"Mais que tu es gentil !" s'exclame Margueritte Valette, debout près de Vendetta, sous le regard ravi des deux intervenantes.
La directrice de la maison de retraite a validé ce type d'atelier assez peu commun : " Quand je vois une personne de 90 ans qui se remet debout, je me dis que c’est gagné ! L’objectif, c’est d’arriver à lui faire faire un pas de plus, deux pas de plus...C'est autant de souffrance en moins" explique Magalie Bihac.
Garder la verticalité, cela veut dire aussi garder sa dignité.
La médiation animale, un choix thérapeutique
Cet atelier d'équithérapie a commencé il y a un an, quand l'autre médiatrice animale a dû suspendre ses interventions au sein de la maison de retraite.
Le succès fut immédiatement au rendez-vous. Depuis lors, les deux ateliers ont été perennisés et se déroulent en alternance, chaque semaine.
La zoothérapeute elle, amène plusieurs animaux de compagnie pour travailler sur la mémoire ancienne et la mémoire récente des résidents au travers de divers exercices.
Elle demande par exemple aux personnes âgées de cacher une croquette sous un gobelet en couleur. Guappa, sa chienne vient rapidement la manger. Caroline Carrière demande ensuite aux participantes de se remémorer le couleur choisie.
Certains vont aussi se rappeler du nom de l’animal, de son âge, on est donc sur un travail cognitif intéressant pour certains. Pour d’autres, l'idée, c’est de ne pas régresser.
Favoriser la concentration de manière ludique
"On prend des animaux signifiants pour le public avec lequel on travaille" explique la jeune femme assise devant une grande table où, ce jour-là, déambulent une poule très chic et deux lapins paisibles.
En revanche, la perruche, elle, est déchaînée. Elle ne cesse de voler d'une tête à l'autre, se pose sur les épaules des résidents, tente de leur chiper leur masque.
Beaucoup de gens parmi nos aînés ont eu des animaux de ce type chez eux. Ça peut favoriser les émotions, le partage...
"Ce sont mes animaux", précise la jeune femme. "On n'est pas là pour faire du cirque, c’est d’abord un moment convivial avec pour but de favoriser la concentration. A l’intervenante de mettre en place ses exercices en fonction du public qu'elle rencontre".
La médiation animale est aussi une alternative aux médicaments. Selon le personnel de cet EHPAD, après ces séances qui se déroulent en matinée, les résidents semblent plus apaisés.
Aux dires des zoothérapeutes, les animaux aussi changent de comportement à l'issue de ces ateliers : tous, à commencer par les chiens, sont particulièrement fatigués !