Jeudi sera t-elle une journée noire ? Alors qu'Elisabeth Borne a présenté sa réforme des retraites le 10 janvier, les syndicats enseignants veulent peser le plus possible face au gouvernement. La réforme pourrait se traduire dans la rue par une "mobilisation massive", espèrent les syndicats. Ils partiront unis à tous les étages de la profession.
Alors que les enseignants du premier degré ont jusqu'à ce lundi soir pour déclarer leur intention de se mettre en grève, ou pas, le 19 janvier, l'objectif affiché par tous les syndicats est de "réussir cette mobilisation".
Selon Philippe Alberge de l'UNSA Hérault, "des retours de terrain que nous avons, c'est bien parti. Beaucoup d'écoles seront fermées. Dans le piscenois nous nous attendons à 75% de grévistes, le même taux qu'en janvier 2022 quand Jean-Michel Blanquer avait annoncé le protocole sanitaire inapplicable dans les établissements scolaires."
Dans l'école de Florensac où Philippe Alberge travaille, il y a 11 enseignants.
Il n'y a pas eu de débat. Tous les professeurs ont décidé de se mobiliser. Il n'y aura pas école ce jour là. On ne sait pas encore si la cantine fonctionnera. Le personnel ne s'est pas encore prononcé.
Philippe Alberge, enseignant
Toutes les écoles en ville comme en milieu rural seront concernées. Car les enseignants sont vent debout contre le report de l'âge légal à la retraite. La perspective de travailler deux ans de plus pour une profession dont l'entrée en activité est tardive ulcère les syndicats.
"Les enseignants qui sont entrés en activité avant 1990 ont signé pour un départ à 55 ans. Aujourd'hui on leur demande de travailler jusqu'à 64 ans ! Pour nous le mot d'ordre est simple: ni un jour, ni un mois, ni une année supplémentaire. C'est impossible" poursuit Philippe Alberge.
Mobilisation massive aussi des enseignants du second degré
A l'inverse du 1er degré, les professeurs des collèges et lycées n'ont pas l'obligation de se déclarer grévistes 48h avant. Mais la mobilisation s'annonce aussi "massive". Félicien Venot est professeur au lycée à Lodève et élu départemental UNSA. Dans son établissement, qui compte une centaine de professeurs, "au moins un sur deux me dit vouloir cesser le travail le 19 janvier".
L'une des motivations pour se mettre en grève, c'est la non prise en compte de la pénibilité de leur métier.
Imaginez-vous à 67 ans devant des élèves de 15 ans, dans des classes souvent très chargées, cela demande beaucoup d'énergie.
Lucien Venot, professeur.
Et sa collègue de la FSU Hérault, Magali Kordjiani d'ajouter : "Nous ne tiendrons pas jusqu'à 64 ans voire plus. Nous avons une fatigue psychologique, nerveuse et beaucoup de stress. Nos conditions de travail se dégradent et il n'est pas possible de nous demander cet effort de plus."
Tous les syndicats l'affirment : aujourd'hui, de plus en plus d'enseignants demandent des ruptures conventionnelles et cherchent des voies de reconversion. Un phénomène qui s'intensifie.
Grève du 17 janvier annulée
Selon la FSU, principal syndicat enseignants dans le 1er et le second degré, l'urgence c'est jeudi prochain. "Nous avons annulé l'appel à la grève du mardi 17 janvier que nous avions décidé début décembre qui portait sur les conditions de travail et les salaires. Nous voulons concentrer nos efforts sur le 19 janvier et ne pas disperser nos forces", déclare Christine St Joanis, secrétaire départementale FSU 34.
Car jeudi, c'est un front syndical uni (FSU, CGT, Sud, Unsa et FO) qui se mobilisera dans les rues. "Après 2 ans de crise sanitaire, d'inflation et de moral en berne, cette réforme est une erreur politique et stratégique énorme", explique Magali Kordjiani, du SNUIPP FSU Hérault.
La réforme des retraites vient s'ajouter au malaise et à la colère des professeurs. Ils n'hésiteront pas à manifester ce jeudi.