Un projet de loi sur l’accueil des migrants est en préparation, dénoncé par les associations. A Villeneuve-lès-Maguelone dans l'Hérault, des militants ont profité d’un repas solidaire pour faire entendre leur voix.
A la veille d’une journée mondiale du migrant et du réfugié, le Collectif Migrants Bienvenue 34 a organisé hier, samedi 13 janvier, un déjeuner solidaire avec les migrants hébergés à Villeneuve-lès-Maguelone.
Au-delà d’un moment de partage, ce repas était l’occasion pour l’association de mettre en lumière le quotidien difficile de ces migrants.
Principale difficulté : la menace d’être expulsé, qui plane continuellement au-dessus de leur tête comme une épée de Damoclès.
Assignés à résidence
La plupart des demandeurs d’asile qui étaient présents hier sont assignés à résidence, obligés de signer deux fois par semaine un registre de contrôle pour rester en France.
"La police vient chaque jour pour que les gens signent. Il y en a beaucoup qui font ça. Puis ils sortent de chez eux, ils fuient, raconte Driss Konate, demandeur d'asile d'origine ivoirienne. Avant, on était nombreux. Maintenant, on n'est plus beaucoup."
Le reportage de Laura-Laure Galy et Christian Bestard :
Avec : Anne, Collectif Migrants Bienvenue 34 ; Driss KONATE, demandeur d'asile d'origine ivoirienne ; Bruno MATALON, Collectif Migrants Bienvenue 34 ; Annie DU CLARY, Collectif Migrants Bienvenue 34
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©France 3 Occitanie
"En Italie, c'est la m****"
Mais c’est aussi le règlement européen dit "Dublin", qui permet aux États de renvoyer les migrants dans le pays européen où ils sont arrivés (souvent l’Italie), qu’entend dénoncer le Collectif.
"On ne peut pas les renvoyer éternellement en Italie, après ils repassent la frontière pour revenir en France ou ailleurs parce qu’il n’y a pas les conditions l’accueil là-bas. En Italie, c’est la m****. On le sait parce qu’on a accompagné des migrants en Italie, on a vu qu’ils se retrouvent tout de suite à la rue", s’indigne Bruno Matalon.
Cette semaine encore, deux réfugiés ont été arrêtés pour être expulsés immédiatement : une forte mobilisation a permis d’empêcher cela.
D’autres mobilisations sont à venir dans les prochaines semaines, alors que le gouvernement prépare une loi sur l’immigration, renforçant notamment le contrôle des demandeurs d’asile, contestée par les associations. Le Collectif Migrants Bienvenue prévoit d’ici la fin du mois une marche jusqu'à la Préfecture.
La loi Asile et Immigration
Plusieurs points de cette loi, qui devrait être présentée fin février en Conseil des ministres, puis en avril devant le Parlement, sont critiqués par les associations. Le texte renforce le contrôle des demandeurs d’asile, soumis à des délais raccourcis : ainsi, le demandeur d’asile ne disposera plus de 120 jours mais de seulement 90 pour déposer son dossier.La durée de rétention administrative passera quant à elle de 45 à 90 jours, voire 105 dans certains cas. Allongée également, la durée de retenue administrative pour vérification du droit au séjour, qui passera de 16 à 24 heures. Objectif : lutter contre l’immigration irrégulière.