En France, une personne sur 3 est en surpoids, et 15% des Français souffrent d'obésité. Les spécialistes de cette pathologie étaient réunis, mercredi 5 juin, à la faculté de médecine de Montpellier pour un congrès. Sandra Foddaï, une patiente du CHU, raconte son chemin vers la guérison.
"Je ne sais pas nager. Pourtant, j’adore l’eau. Mais comme on se moquait de moi quand j’étais petite, j’ai raté toutes les sorties piscine." Sandra Foddaï souffre d'obésité depuis son enfance. Sur la plage de Palavas, dans l'Hérault, la jeune femme paraît pourtant délivrée d'un poids.Je pesais jusqu’à 135 kilos, c’était compliqué. J’avais mal aux articulations, ma féminité en a souffert, j’ai toujours vécu à travers le regard des autres. Aujourd’hui, j’ai 25 kilos de moins. Je suis arrivé à un poids que certains pourraient trouver excessif, mais j’arrive à faire tout ce que j’ai envie de faire.
Il y a cinq ans, Sandra a pu bénéficier d'une gastrectomie longitudinale. Cette opération consiste à réduire le volume de l'estomac, en retirant la partie contenant les cellules sécrétant l'hormone stimulant l'appétit, afin qu'il ne forme plus qu'un "tube".
En France 17% des Français souffrent d'obésité (IMC >30), selon une étude de Santé Publique France. Les spécialistes de ces pathologies étaient réunis, ce mercredi 5 juin, à la faculté de médecine de Montpellier, pour un congrès. L'occasion de faire le point sur les différentes thérapies.
Trop d'aliments "doudou"
Avant l'opération chirurgicale qui a changé sa vie, Sandra avait tout essayé. Régimes à répétitions, substituts de repas, suivis médicaux. Une succession d'échecs. Si elle est passée d'un poids à trois chiffres à un poids symbolique à deux chiffres, le trouble dont elle souffre persiste.
La jeune femme est en effet atteinte d'hyperphagie boulimique, un trouble des conduites alimentaires très répandu tant chez les femmes que chez les hommes. L'hyperphagie est caractérisée par une surconsommation compulsive d'aliments d'origine émotionnelle. Des aliments "doudou".
J'ai appris que ma prise alimentaire était une conséquence d’autre chose, et qu'il fallait endiguer cette autre chose. Il faut prendre conscience de pourquoi on mange, de qu’est-ce qui fait qu’à cause de telle ou telle émotion, on se réfugie dans la nourriture. J’ai mis longtemps à comprendre ce qui m'y poussait. C’est un traumatisme émotionnel. La nourriture était la seule chose qu’on ne pouvait pas m’enlever.
Retrouver du temps pour soi
Pour travailler sur ce trouble alimentaire et émotionnel, Sandra Foddaï est suivie au CHU. L'obésité est le symptôme d'une détresse qui est souvent associée à un sentiment culpabilité et de honte. Le professeur Antoine Avignon, responsable du centre spécialisé sur l'obésité au CHU Montpellier, l'aide à améliorer son estime de soi.
C’est de l’alimentation émotionnelle. Quand vous avez la pression au boulot, dans votre famille, quand on doit aller vite tout le temps, travailler plus pour gagner plus… Mais pour gagner plus de stress, plus de poids, plus d’eczéma… Trouver le moyen de reprendre du temps pour soi est extrêmement important.
- professeur Antoine Avignon, centre spécialisé sur l'obésité au CHU de Montpellier
À 39 ans, Sandra s'est réconciliée avec son corps. Aujourd'hui, à travers son métier de masseuse bien-être à domicile, elle aide à son tour les autres à se sentir bien.
Une belle revanche sur son histoire.J’ai transformé ce qui était pour moi négatif, le surpoids, en quelque chose de positif, en aidant d’autres personnes à se reconnecter avec leur corps.
- Sandra