Hérault : des maires formés par le GIGN pour se prémunir des agressions

Face à la multiplication des actes de violence envers les élus, des gendarmes et négociateurs du GIGN ont formés 150 maires et adjoint de l’Hérault. Le but : désamorcer les conflits pour éviter d’en arriver aux mains.

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Comment réagir face à un administré hors de contrôle, potentiellement violent ? C’est la question que beaucoup de maires se posent. Face à la hausse du sentiment d’insécurité chez les élus, l’Association des maires de France (AMF) en partenariat avec la gendarmerie, a proposé six sessions de formations tout au long du mois de juin. «Ces dernières années, on constate une hausse des délits à l’encontre d’élus, de la parole jusqu’aux mains. Ce qui met les élus dans des situations parfois difficiles, au péril de leur vie pour certains, malheureusement » affirme Frédéric Roy, le président de l’association des maires de l’Hérault. 100 % des communes du département ont répondu favorablement à cette proposition de formation.

Une formation dispensée par des négociateurs du GIGN

Au total 150 maires et adjoints ont donc pu bénéficier d’une formation de 4 h. Le premier volet théorique a été assuré par des négociateurs du GIGN. Ces professionnels ont pu transmettre aux élus des techniques de médiation, pour rétablir le dialogue, et désamorcer les conflits avec le ou les individus en cause pour éviter d’arriver aux mains. Mais les élus se sont également frottés à un agresseur fictif, lors d’une session pratique. Une mise en situation ou le gendarme joue le rôle d’un administré menaçant.  

«Ces dernières années, on constate une hausse des délits à l’encontre d’élus, de la parole jusqu’aux mains.»

Frédéric Roy, président de l’Association des Maires de l’Hérault.

Il est évidemment rappelé aux élus de ne pas intervenir seuls et qu’en cas de danger imminent, le numéro d’appel d’urgence 17 doit-être immédiatement composé. L’AMF a d’ailleurs mis au point une grille d’analyse des risques dénommée « M.A.I.R.E.S » pour permettre aux élus d’adopter la bonne conduite à suivre.

Trois fois plus d’agressions qu’en 2019

En 2020, 1276 faits d’agressions d’élus ont étés répertoriés, soit trois fois plus en 2019. Des chiffres confirmés par le ministre de l’intérieur qui précise qu’il s’agit « pour un quart environ d'injures et de menaces écrites et, dans la même proportion, des atteintes aux biens privés des élus».

C’est ce qui est arrivé au maire de Gruissa dans l’Aude. Le 19 janvier 2021, il retrouve sa maison taguée de propos insultants. En mars, trois hommes sont condamnés à des peines d’amende et de de travail d’intérêt général. Il s’agissait notamment de Jacques Ballarin, un élu de l’opposition au Conseil municipal, et de son fils.

Face à ce climat de violence inédit, le sentiment d’insécurité à lui aussi explosé. Selon un sondage réalisé par le Sénat en 2019 sur 4 000 élus, plus de 90 % disent avoir été victimes de menaces ou de violences verbales.

Menaces de mort et coups

Des propos qui peuvent aller jusqu’à la menace de mort. Au cours du mois de juin, un homme de 65 ans a été condamné à trois mois de prison avec sursis, et à une amende de 300 euros, dans le cadre d’une reconnaissance préalable de culpabilité, pour avoir menacé de mort des élus d’un village de 1.600 habitants, Tourbes dans l’Hérault. Le sexagénaire, inconnu de la justice, a affirmé avoir agi pour défendre sa compagne.

 « Cette dernière lui avait adressé des SMS depuis la réunion affirmant que deux adjoints lui parlaient mal, voire l’insultaient. En colère, il avait alors décidé de se rendre sur les lieux, attrapant l’un des adjoints par le tee-shirt tout en proférant ses menaces de mort. Le maire parvenait à le maîtriser physiquement pendant que les adjoints se réfugiaient dans un bureau annexe » rapporte Raphaël Balland, le procureur de Béziers.

Les atteintes physiques ont elles aussi augmentées de 23 % entre 2019 et 2020, avec 60 parlementaires et 505 maires ou adjoints agressés physiquement, et 68 domiciles d'élus visés par des actes de malveillance.

Le maire de Saint-Cyprien, Thierry del Poso est actuellement mis en examen pour violence par personne dépositaire de l'autorité publique. L’affaire remonte au mois de juillet 2016. À l‘issue d’un conseil municipal, une violente altercation l’aurait opposé à un élu de l’opposition Jean Jouandet. Ce dernier est décédé depuis, mais sa veuve s’est porté partie civile.

Le 11 janvier 2021, sur le marché de Lassale,  le maire Henri de Latour, 71 ans a également été frappé au visage après avoir fait une remarque à un homme qui ne portait pas le masque obligatoire sur la commune.

L'AMF estime que les violences physiques et verbales envers les élus locaux sont certainement plus nombreuses, dans la mesure où beaucoup de maires ne vont pas systématiquement jusqu'à la plainte.

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