Il court, il court le furet... Les agriculteurs organisent la chasse au lapin de garenne qui ravage leurs champs

En ce printemps 2023, le lapin de garenne prolifère dans une grande partie du Languedoc-Roussillon, poussant les agriculteurs à être de plus en plus inventifs contre ce fléau aux grandes oreilles. Après la chasse au renard, ils ont opté pour la chasse au furet. Explications.

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Année 2023, année du lapin selon le calendrier chinois… mais aussi selon les agriculteurs du Gard et de l’Hérault. Les mammifères aux grandes oreilles prolifèrent.

Chaque année, un lapin donne environ 175 descendants. Ils représentent une contrainte supplémentaire pour les agriculteurs en plus des conditions climatiques actuelles. 

Des pertes considérables

Cultiver des vignes, des arbres fruitiers et des légumes était déjà complexe pour les agriculteurs avec la sécheresse et l’inflation mais le développement des rongeurs n’arrange rien.

On parle de dizaines de milliers d’euros de pertes, entre 20 et 30 % de notre parcelle est morte. Cela représente quatre ans de perte de récolte. Les lapins rongent le tronc et ils arrivent à tuer la souche. C’est la surpopulation, parce que s'il y avait des lapins raisonnablement, même s'ils ne mangeaient qu’une souche ou deux, ce ne serait pas bien grave.

Hervé, agriculteur à Manduel (Gard)

Même constat pour Frédéric Gattineau, pépiniériste dans l'Hérault : "J’ai perdu 12 hectares de blé dur. On est à plus de 20 000 euros de pertes de chiffres d’affaires, Ils nous broutent entièrement les champs, les écorces des arbres, mais ils grignotent aussi le goutte à goutte pour boire."

Nouvelles tactiques pour les agriculteurs

Les producteurs cherchent de nouveaux moyens pour s’en sortir sans faire de mal au lapin de garenne, classé comme espèce menacée par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature en 2017.

Pour protéger les futures récoltes, les clôtures ne suffisent pas. Le renard a été l'une des tactiques mais est désormais osbolète. Un arrêté préfectoral pourrait d’ailleurs interdire la chasse au renard dans quelques semaines. 

"C’est un magnifique animal, il pourra chasser les lapins la nuit et depuis qu’on a des poulaillers fermés, les dégâts des renards sont surestimés."

Frédéric Gattineau, pépiniériste à Mudaison (Hérault)

Les agriculteurs de l’Hérault et du Gard utilisent alors une nouvelle arme : les furets. Ces derniers sont introduits dans les trous des terriers, partent à la chasse et font remonter les lapins au grand jour. Une fois pris au piège dans des cuves et des filets, les herbivores sont déplacés vers d’autre territoire, notamment en Aveyron, où les lapins de garenne sont très peu présents.

Une répartition inégale...

D’autres départements français, comme l’Aveyron et les Côtes-d’Armor, recueillent volontiers les lapins de Garenne, une espèce qui n’est pas classé partout comme une protégée. Les lapins chassés par les furets sont donc bienvenus pour faciliter le programme de réintroduction des Oryctolagus cuniculus (nom scientifique des lapins de garenne) dans certains territoires de France.

Nous ne sommes pas vraiment concernés par cette chasse aux lapins par les furets. C’est très marginal chez nous et cela dépend énormément des fluctuations des lapins, malheureusement en baisse chez nous du fait du VHD (maladie virale hémorragique) et de la myxomatose.

Nicolas Cayssiols, Fédération aveyronnaise de chasse 

... en fonction de la santé du lapin

Deux maladies virales qui sont extrêmement infectieuses chez les lapins : la VHD et la myxomatose. Ces virus animaux, ne possèdent pas de traitements curatifs pour le moment. L’abondance des lapins de garenne varie de façon importante de région en région en fonction de l’impact des deux maladies.

Selon l’Organisation mondiale de la santé animale, la myxomatose a été isolée pour la première fois en Uruguay dans la fin des années 1898. L’Australie fut le premier pays à s’en servir pour réduire le nombre de lapins avec un résultat instantané : 500 millions de lapins morts en deux ans.

Cette pandémie lapine est arrivée en France en 1952, suite à une introduction délibérée du virus de la myxomatose par un chercheur français, pour diminuer la population de lapins jugée trop importante et dangereuse pour les récoltes.

A l’image de ce qui s’était fait en Australie, le virus a immédiatement contaminé une grande partie des lapins sauvages (90 à 95%). Mais la myxomatose a également touché toute l’Europe et le Royaume-Uni, ce qui a fait passer le lapin de garenne d’une espèce considérée comme nuisible à une espèce menacée.

Ecrit par Hugo Gens avec Sébastien Banus.

 

 

 

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