"Je ne fais quasiment que dormir", comment le Covid-19 fait lentement (mais sûrement) son retour dans notre quotidien avec le sous-variant Eris

Le Covid-19 commence à reprendre sa circulation, boostée par l'apparition du sous-variant Eris et une baisse de la vigilance générale. Pour Mircea Sofonea, épidémiologiste à Montpellier, il est temps de réactiver nos dispositifs de surveillance du virus.

Les Français l'avaient presque oublié. Mais plusieurs indicateurs semblent montrer une reprise partielle de l'épidémie de Covid-19 en métropole. Pauline P. en a fait la douloureuse expérience il y a deux jours.

Depuis deux jours, je ne fais quasiment que dormir, je suis assez à la ramasse. Mes parents ont dû faire les courses pour moi.

Pauline P., testée positive au Covid-19.

"Je revenais d'une semaine de vacances du côté de Nazaré, au Portugal, et j'avais quelques symptômes à ma reprise du boulot lundi", Toux, nez qui coule, mal de crâne, fatigue... Pas de quoi alerter particulièrement la jeune femme de 31 ans qui, comme la plupart des gens, a chassé le covid de son esprit depuis des mois.

"J'avais complètement oublié que ça existait. C'est une collègue dont les parents ont récemment été contaminés qui m'a conseillé de me faire tester. Je m'attendais à une 'crève' à cause de la climatisation." Le verdict tombe comme un coup de massue après un autotest, confirmé par un test PCR, ce mardi 8 août.

Pauline était jusqu'ici parvenue à passer entre les gouttes. "C'est mon premier covid, mon baptême avec trois ans de retard, plaisante-t-elle. Au moins, je ne l'ai pas attrapé en plein milieu de mes vacances." Cloîtrée chez elle, la contaminée, triplement vaccinée, doit maintenant consulter à distance son médecin traitant, les arrêts de travail n'étant plus automatiques sur présentation d'un test positif depuis février.

Un relâchement de la surveillance nationale

Et la jeune femme est loin d'être la seule dans son cas. Si le Covid-19 a fait si peu parler de lui ces derniers mois, c'est parce que les outils de surveillance qui nous étaient familiers sont, pour beaucoup, en mode pause désormais, la situation n'exigeant plus d'être aussi vigilants qu'avant.

Le site Covid tracker de l'ingénieur Guillaume Rozier, qui a fait référence en termes de suivi épidémiologique pendant près de trois ans, est aujourd'hui à l'arrêt. Ses dernières données datent de mai dernier.

De même, le traitement des données de dépistage de la population par la plateforme Si-dep est suspendu depuis le 30 juin dernier, conformément à la loi n°2022-1089 du 30 Juillet 2022 mettant fin aux régimes d’exception pour lutter contre l’épidémie de Covid-19.

Réactiver les outils de suivi épidémiologique

"Il n'y a plus la volonté de centraliser et de rendre publiques les données relatives aux contaminations, qui permettaient avant d'avoir une vue d'ensemble de la propagation du Covid en France", explique Micrea Sofonea, épidémiologiste à l'IRD (Institut de Recherche et Développement) de Montpellier, qui compare la situation de surveillance actuelle à celle antérieure au confinement, début 2020.

Le spécialiste plaide aujourd'hui pour une réactivation de la plateforme Si-dep. "Les données dont on dispose aujourd'hui sont faibles, donc il faut les interpréter avec précaution, d'autant plus que les gens ne sont plus incités à aller se faire tester lorsqu'ils sont cas contacts, mais elles semblent indiquer une reprise progressive de l'épidémie."

On voit la même tendance au Royaume-Uni, où l'inquiétude monte également.

Mircea Sofonea, épidémiologiste à l'IRD de Montpellier.

"À l'échelle nationale, fin juillet, le taux d'incidence moyen est passé de 11 contaminations recensées pour 100 000 habitants à 19, selon les dernières données disponibles. C'est presque un doublement", alerte le chercheur, qui base notamment son observation sur les remontées des médecins traitants, des urgences et de SOS médecin.

Eris, le nouveau sous-variant

En cause, notamment, l'apparition d'un nouveau sous-variant, descendant de la souche Omicron, le eg.5.1., baptisé Eris, du nom de la déesse grecque de la discorde."Même s'il n'y a pas vraiment eu de concertation préalable dans le monde scientifique, on utilise souvent des noms de créatures mythologiques pour désigner spécifiquement les variants, car ils sont extrêmement divers, mais ce n'est pas officiel", rappelle l'épidémiologiste, pas particulièrement fan du caractère anxiogène que ce genre d'appellation peut susciter.

Rien n'indique pour l'instant qu'il est plus virulent que ses prédécesseurs. En revanche, comme il est génétiquement différent, il infecte plus facilement des personnes qui ont été récemment vaccinées ou contaminées.

Mircea Sofonea, épidémiologiste à l'IRD de Montpellier.

Deux autres éléments de conjoncture laissent craindre une potentielle reprise épidémique à la rentrée. D'une part, la fin des vacances scolaires et le retour au travail, notamment après de grands rassemblements festifs comme les fêtes de Bayonne. D'autre part, le déclin immunitaire, la protection octroyée par les vaccins et les contaminations passées ayant tendance à diminuer dans le temps. Or, le nombre d'injections de dose de rappel est en chute libre.

Pas question toutefois d'alerter outre mesure la population selon le scientifique. En tout cas, pas pour l'instant, dit-il.

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