La mosquée de la Paillade à Montpellier fait l'objet d'un projet de cession pour un euro symbolique au Maroc. Inacceptable pour le maire de la ville de Montpellier qui a décidé d'exercer son droit de préemption.
La mairie de Montpellier vient d'apprendre, via un document administratif, que la mosquée Averroès située dans le quartier de la Paillade, faisait l'objet d'une cession pour un euro symbolique.
L'acheteur serait l'UMF, l'Union des mosquées de France, une structure nationale adossée au Royaume du Maroc.
"Le culte, que ce soit le judaïsme, le catholicisme, l'islam, se déroule dans un pays et n'a pas à être mis sous influence étrangère.
"Car si demain nous autorisons le pays du Maroc à contrôler les mosquées, d'autres pays voudront contrôler d'autres mosquées ou d'autres puissances étrangères pourraient vouloir contrôler d'autres cultes. Demain je signerai la préemption pour empêcher la vente", martèle Michaël Delafosse, maire de Montpellier.
Cette grande mosquée avait été vendue en 2016 par le maire de l'époque Philippe Saurel à l'association cultuelle qui gérait la mosquée depuis son ouverture en 2004 : "Je ne suis pas là pour contrôler les pratiques religieuses des musulmans et je fais confiance aux habitants de Montpellier", déclarait Philippe Saurel à ce moment-là.
Entretien très coûteux
Le prix de la vente à l'époque était d' 1,2 million d'euros, achat en partie financé par les fidèles musulmans.Mais aujourd'hui, l'association n'a plus les moyens d'entretenir cette mosquée. Son responsable nous indique avoir fait appel à l'UMF pour disposer d'un soutien financier : "Nous avions ce projet de cession, nous avions un projet d'agrandissement et de création d'un centre culturel et d'une salle de conférence. Le soutien de l'UMF aurait été important", précise Lhoussine Tahri, responsable de la mosquée d'Averroès.
L'UMF opposée au rachat
L'Union des Mosquées de France dit n'avoir jamais eu l'intention de racheter la grande mosquée de Montpellier : "L’association gestionnaire de la mosquée de Montpellier a introduit une demande auprès du Maroc pour accepter de recevoir le lieu de culte avec un engagement d’un agrandissement substantiel et création d’un centre culturel qui complèterait la structure cultuelle. Le Maroc sollicité par l’association locale depuis plus de trois années n’a pas donné suite à cette sollicitation. Il n’est pas sûr qu’il donnerait suite cette fois ci."" Raison pour laquelle, malgré les nombreuses sollicitations de l’association locale, le Maroc n’a pas encore donné suite", précise pour sa part Mohammed Moussaoui, président de l’UMF.Il est question de laisser l’association s’occuper de la gestion totale des locaux et des activités qui s’y déroulent, tout en étant propriétaire et responsable des murs avec un engagement sur des travaux très coûteux et un budget de fonctionnement conséquent. Aucun pays n’accepterait avec empressement ce type de situation.
Aujourd'hui en France, malgré la loi de 1905 qui sépare l'Eglise et l'Etat, plusieurs mosquées appartiennent au Royaume du Maroc, comme celles de Mantes-la-Jolie et de Saint-Etienne.