Vous avez un appareil électrique défectueux ou un objet cassé et vous pensez le jeter. Ce n’est pas forcément la solution. Il existe certainement près de chez vous un Repair Café. C’est un atelier de réparation participatif. Un concept inventé aux Pays Bas qui connaît un véritable succès.
Claire Almeras, une habitante de Montpellier, vient d’acheter un petit radiateur d’appoint soufflant pour sa salle de bain. Mais après quelques utilisations, il est déjà en panne. Plutôt que d’en acheter un nouveau, elle cherche un moyen de le réparer.
« Nous accumulons déjà beaucoup de déchets et j’aimerai éviter d’en rajouter. Jeter alors que cet appareil pourrait fonctionner de nouveau est un non-sens écologique »
Réparer ensemble
Mais Claire n’est pas une experte du bricolage. Alors ce samedi elle se rend près de chez elle au Repair Café. Et elle n’est pas la seule à attendre devant ce local prêté par la mairie de Montpellier.
A 14h, la salle ouvre. Des dizaines de « visiteurs », comme on les appelle au Repair Café, sacs remplis de grille-pain, micro-onde, radio ou encore écran d’ordinateur viennent s’inscrire pour tenter de trouver une solution à leur problème.
Des bénévoles experts qui se répartissent les tâches en fonction de leurs compétences viennent tour à tour à la rencontre des visiteurs et les invitent à s’installer à une table en face d’eux.
Ici on répare tout ce qui est transportable à bout de bras sur quatre secteurs : informatique, électroménager, électronique et il y a même un atelier couture. Mais n’imaginez pas venir avec votre lave-vaisselle ou votre machine à laver.
C’est Pierre, technicien de maintenance de profession, qui va aider Claire à réparer son radiateur.
« Ce n’est pas un service-après-vente. Chacun est responsable de son objet. Nous essayons ensemble de le réparer mais nous ne pouvons pas le garantir. Nous avons des outils et quelques pièces en stock mais le visiteur peut aussi être amené à acheter une pièce détachée et revenir vers nous après si besoin. »
Transmettre le savoir-faire bricoleur est aussi l’objectif mené par cette association qui vous apprend à faire par soi-même. Et ici tout le monde participe. D’une table à l’autre chacun partage ses connaissances et vient aider lorsque la solution ne semble pas évidente.
Des pannes à quelques centimes d’euros
Et ça vaut souvent le coup d’essayer de réparer. On évite ainsi la mise au rebut et la consommation de ressources nouvelles pour en fabriquer de nouveau et les pannes sont souvent bénignes.
Frédéric s’attelle à démonter l’écran d’ordinateur de Benjamin.
« Ce sont souvent de petites pannes avec des composants qui valent très peu. Là il faut changer le condensateur sur cette carte. Cela vaut quelques centimes et l'écran repartira pour une durée indéfinie."
Benjamin lui a le sourire aux lèvres. « L’électronique n’est pas mon domaine et je trouve cela très intéressant d’apprendre. Je suis étudiant et je n’ai pas les moyens de racheter un nouvel écran d’ordinateur. Je fais aussi des économies et à l’avenir je saurai le faire. » Benjamin Pinteaux, étudiant à Montpellier. Pour lui le Repair Café est aussi la garantie de ne pas se faire arnaquer.
« Quand on va en magasin on n’est jamais sûr qu’on ne va pas nous pousser à acheter du neuf au prétexte que notre appareil serait en fin de vie. »
Le Repair Café redonne ainsi de la valeur aux objets. Mais force est de constater que l’obsolescence programmée n’est pas un vain mot. « Je préfère parler d’obsloscence organisée. On constate que certains fabricants ont mal conçu le produit ou bien que l’appareil ne pourra pas être réparé car les pièces sont, par exemple, collées ou encore que le SAV n’a pas prévu de pièces détachées. Ils cherchent volontairement à maîtriser la fin de vie d’un objet pour en proposer un nouveau. Tous ne jouent pas le jeu de la réparation » déplore Frédéric Deschamps
En 2020, 60% des 500 objets traités au Repair Café ont été réparés. Dans 30% des cas, la panne a été diagnostiquée et l’objet est réparable. Seuls 10% d’entre eux ont fini en déchetterie.
Cette association a même évalué le volume des objets sauvés à 1,3 tonne. Un beau résultat.
Quant à Claire, après avoir planché pendant 1h avec Pierre sur son radiateur, le problème a été identifié. Elle a changé un fusible thermique à quelques centimes d’euros et elle est repartie avec un radiateur en parfait état de fonctionnement.