Le professeur montpelliérain Henri Joyeux sera donc rejugé pour ses "pétitions anti-vaccins". Le Conseil d'Etat a tranché. C'est le dernier épisode médico-judiciaire depuis la radiation en 2016 du chirurgien par la chambre disciplinaire du Languedoc-Roussillon.
Le professeur Joyeux devra donc reparaître devant la chambre disciplinaire nationale. Celle-la même qui avait blanchi, il y a un an, le médecin montpelliérain accusé par une partie de la communauté médicale d'avoir fait circuler des pétitions jugées anti-vaccins.
C'est le Conseil d'Etat, saisi par l'Ordre des médecins, qui a annulé mercredi la décision favorable au controversé professeur Henri Joyeux. Décision qui annulait sa radiation. Un feuilleton médico-jucidiaire à rebondissements.
Ordres et contre-Ordres
Juillet 2016. La chambre disciplinaire des médecins du Languedoc-Roussillon prononce la radiation du professeur Joyeux. Une partie de la communauté médicale lui reproche d'avoir publié deux pétitions jugées anti-vaccins.
juin 2018. Le professeur montpelliérain qui a fait appel devant une instance nationale, la chambre disciplinaire nationale de l'Ordre des médecins (indépendante du Conseil national de l'Ordre) est blanchi. Sa radiation est annulée.
juillet 2019. Le Conseil d'Etat, saisi par le Conseil national de l'Ordre qui conteste l'annulation de la radiation, renvoie le chirurgien devant la chambre disciplinaire nationale de l'ordre qui a blanchi le professeur Joyeux un an plus tôt.
Vaccins et anti-vaccins
Pour motiver sa décision, le Conseil d'Etat a contesté le point de vue de la chambre disciplinaire nationale de l'Ordre selon lequel le Professeur Joyeux "ne s'opposait pas aux vaccinations et se bornait à en préconiser l'usage avec prudence et discernement".
Le Conseil d'Etat a également contesté l'argument selon lequel le Pr Joyeux aurait respecté "les obligations de prudence" d'un médecin lorsqu'il s'adresse au grand public, soulignant qu'il avait fait usage de "termes polémiques".
Les 2 pétitions à l'origine de la polémique
Les deux pétitions en cause avaient été publiées sur internet par Henri Joyeux en septembre 2014 et mai 2015.
- La première s'élevait contre une recommandation du Haut conseil de la santé publique, jamais suivie par le gouvernement, préconisant d'abaisser de 11 à 9 ans l'âge de la vaccination contre le papillomavirus pour les filles.
- La seconde pointait la présence d'aluminium comme adjuvant dans le vaccin hexavalent(c'est-à-dire protégeant contre six maladies dont le tétanos et la polio), en estimant que cela représentait un danger, ce qui ne serait corroboré par aucune étude.
Interrogé par nos confrères du Midi Libre suite à cette nouvelle décision, le professeur estime qu'elle "menace gravement la liberté d'expression des médecins et universitaires".