Montpellier : le journaliste romancier Bernard Lagarrigue signe un très beau roman sur l'exil

Présentateur du journal télévisé de France 3 Occitanie durant des années, journaliste politique réputé dans la région, Bernard Lagarrigue signe un magnifique roman sur l'exil paru chez Domens et explore avec talent les complexités des relations humaines. Terriblement d’actualité !

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S’ils sont nombreux au sein de la profession à s’être laissés tenter par l’écriture de fictions, Bernard Lagarrigue se distingue par une écriture léchée, ancrée dans le terroir qui nous touche au plus profond. Une écriture poétique, à suspens, pétrie d’humanité, avec en toile de fond pour son dernier roman "Il n' y a pas de geste minuscule", la question de l'exil.

 

C’est l’histoire d’un type qui a fui la vie qu’il menait et a choisi de s’expatrier du monde dans un coin perdu. En France peut-être. Jusqu’au jour où son destin croise, dans le hameau isolé où il s'est réfugié, une femme et une fillette qui ont été forcées de fuir leur pays, la Syrie, pour ne pas mourir. Cette rencontre improbable va bouleverser leurs vies.

Bernard Lagarrigue, journaliste-romancier


En plongeant dans « Il n'y a pas de geste minuscule », on imagine les plateaux du Massif central ou de la Margeride en Lozère. Bernard Lagarrigue dépeint un lieu qui n’existe pas, dont certains détails sont empruntés aux lieux explorés au fil de ses reportages.
 

Les paysages que j’ai dans les yeux, je les ai croisés dans mes reportages, c’est parce que je les ai foulés qu’ils m’ont inspiré. Je me nourris des personnages, des rencontres comme l'ermitage du père de Foucauld, des expériences personnelles.

"C’est un lieu inventé de toutes pièces. En le décrivant, j’ai pensé à ces plateaux sous la neige, ces espaces « infinis », des surfaces planes pendant des kilomètres. Des endroits que j’ai rencontré lorsque j’étais journaliste à Grenoble puis dans la région. Je voulais que ce soit un endroit perdu.".

Cette nature austère plante le décor de vies tourmentées, de cette rencontre entre un homme qui cherche un sens à sa vie, une raison d’être et ces réfugiées en survie.
Les personnages sont plongés dans leur solitude, leur passé. Il y a cette superposition de ressentis entre ces exilées et cet homme retiré du monde.
Pas à pas, ils apprennent à se rencontrer et à se dessiner un avenir. Ensemble ils triompheront de l’indifférence et des obstacles.
C’est aussi un texte puissant sur la solidarité.

 Ces gens-là, on les a chassés et là, dans ce lieu improbable, ils trouvent de la solidarité. J’ai souvent pensé à la vallée de la Roya en écrivant. Face à une situation inhumaine, il est possible qu’il y ait des gens qui se liguent.


Les thèmes du lien social, de la solidarité, sont chers à l’auteur depuis toujours; quelque soit le support, le commentaire journalistique, la littérature, les échanges ou simplement dans sa vie privée, l'humain est son moteur.
 

 J’ai une grande amitié pour ce livre, j’ai toujours été très attentif aux liens qui se nouent entre les gens. Quand j‘écris, je travaille comme le sculpteur sur bois, je fais le mouvement et après j’affine. Pendant tout le temps d'écriture, je vis avec les personnages. Pour ce livre, j’ai vécu avec eux pendant un an et demi. 


Le romancier emprunte des histoires de résistance pour les réinjecter dans ce roman situé à notre époque.

"Il y a de la neige partout, l’homme leur apporte le couvert et la chaleur du feu qui crépite mais quid de ce qu’il va se passer après ?
Il sait qu’elles n’ont pas de papiers et ne sait pas comment leur porter secours".

Dans mon roman, je fais référence aux justes pendant la guerre sans jamais les citer, je fais aussi référence aux passeurs, aux histoires de résistances. Il ne s’agit pas d’un livre militant."

Au fil des pages, le passé de cet homme- peut-être gendarme ou policier- est suggéré par l'auteur mais le suspense demeure.
Une histoire riche de personnages animés d’une grande pudeur qui ont tout à bâtir, une vie à réinventer.

Le plaisir de pouvoir s’exprimer autrement

Avec la littérature, l’auteur a trouvé une liberté absolue.

"Quand on écrit un roman, il n’y a pas de contrainte de longueur. Dans la presse écrite et audiovisuelle, tu as des formats de temps ou de lignes, des espaces tout à fait contraints alors que là, tu es libre de mener ton histoire où tu veux. Je ne fais pas de plan, à partir du moment où j’ai trouvé la première phrase, j’écris et je sais où je vais".

Les personnages ont des vies propres, ce sont des personnages d’encre jetés sur un bout de papier et parfois ce sont eux qui me guident. Et dans la mesure où tu n’as plus la contrainte de l’espace c’est extraordinaire.

Le goût des idées et des mots

« Je suis très sensible à la musique des phrases, un jour j’ai mis une journée de travail pour une phrase parce qu’elle ne sonnait pas comme je voulais. Quand je travaille, j’ai toujours un carnet de notes à côté du lit et je note pour ne pas oublier."


Avec "Il n' y a pas de geste minuscule" publié aux éditions Domens, Bernard Lagarrigue signe là son troisième livre. Son oeuvre accorde une réelle place aux travailleurs, aux paysans, aux exilés, aux gens d’engagements et à leurs tourments intérieurs.

Cette expérience littéraire revêt une dimension salvatrice. 

"Pour moi l’écriture, au départ ça a été une thérapie. Je n’avais pas envie d’arrêter mon métier de journaliste, et  lorsque j'ai été forcé de partir à la retraite, j’ai ressenti un grand vide".

Chez Bernard, écrire de la fiction relève moins d'une envie que d'un besoin viscéral.

Je suis addict de l'écriture, c’est une addiction. Garçon ! l’addiction s’il vous plait ! . Rire.

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