97 personnes, dont 41 enfants, ont été évacuées du bidonville dit du "Mas Rouge" à Montpellier sur ordre de la préfecture de l'Hérault. Une décision qui met en colère les travailleurs sociaux car elle détruit,selon eux, les efforts d'insertion mis en place depuis 2014.
On en voyait les contours depuis 7 ans, au bord de l'autoroute A9. Le bidonville, ou "campement illicite" selon la terminologie de la préfecture de l'Hérault, a été évacué ce mardi 30 août. Dès 7 heures ce matin, des tractopelles, secondés par des camions-bennes, ont démoli la totalité des habitats précaires, sous la surveillance des policiers et CRS.
Catalina, une habitante du bidonville, raconte sa stupeur ce matin quand les forces de l'ordre sont arrivées. "On était là, avec les enfants, on s'est réveillé avec la police. Et maintenant on va où?"
Des rats et un incendie
Le préfet de l'Hérault, Hugues Moutouh, a tenu à préciser que cette évacuation, "en application d'une décision de justice", était nécessaire pour la sécurité des personnes vivant dans les deux sites évacués rue du Mas Rouge, "dans des conditions de salubrité très précaires", au milieu "des rats, des immondices, sans accès à l'eau".
Ces occupations illicites maintiennent leurs occupants dans des conditions de vie sanitaires et sociales indignes.
Le bidonville avait en outre été partiellement ravagé par un incendie au début du mois de juillet. "Cette démarche s’inscrit dans un engagement fort des services de l’Etat de lutte contre toute source d’insécurité et de délinquance", précise également la préfecture de l'Hérault dans un communiqué.
Travailleurs sociaux en colère
De leur côté, les travailleurs sociaux et les associations humanitaires comme Médecins du monde, qui interviennent auprès des habitants de ce bidonville depuis 2014, sont atterrés. "Depuis 5 ans, les différents préfets qui se sont succédés étaient d'accord pour éviter les évacuations sans préavis. Au contraire, on mettait en place du travail social pour faciliter l'insertion et les campements se résorbaient d'eux-mêmes", explique Catherine Vassaux, directrice de l'AREA (association recherche éducation action) à Montpellier.
On se retrouve avec des familles à la rue à la veille de la rentrée scolaire. C'est encore une preuve de la schizophrénie de l'Etat.
Depuis plusieurs années un important travail social et de santé était mené sur place par plusieurs associations. Selon les organisations humanitaires, 60% des adultes du bidonville travaillent et les enfants sont scolarisés dans le quartier. D'ou l'incompréhension des responsables associatifs face à cette évacuation sans préavis.
La préfecture a assuré de son côté qu' "une attention toute particulière a été apportée à la situation scolaire des enfants". Elle a précisé que tous les occupants du campement se sont vus proposés des solutions d'hébergements.