Montpellier : en plein déconfinement, le blues des discothèques

Lieux de convivialité et de fête par excellence, les discothèques sont depuis le 14 mars dernier plongées dans le noir. Si le chômage partiel permet à ces entreprises de conserver les permanents, les saisonniers eux n'ont droit à rien. Les discothèques aimeraient savoir quand et comment reprendre. 

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L'arrivée des beaux jours et des premiers touristes devait sonner le début de la saison. Les discothèques et les salles de concert de la région pèsent lourd dans l'économie touristique régionale. De nombreux emplois dépendent de ces établissements. Mais avec la crise sanitaire ces "boîtes de nuit" sont fermées, un arrêt brutal qui risque de faire de gros dégats dans la profession. 

Les cafés, les restaurants, les hôtels, mais pas les discothèques

La vie nocturne semble être la grande oubliée des politiques. Fermés depuis la mi-mars, ces établissements qui comptaient ouvrir ces jours-ci n'ont que très peu d'informations sur les conditions d'une reprise et sur une date éventuelle. Leur situation est complexe. Les boîtes de nuit sont tout sauf des lieux où la distanciation sociale et les règles barrières sont évidentes à mettre en place. Le Covid est un ennemi mortel. 

On comprend que la situation ne soit pas facile à gérer, que les solutions soient difficile à trouver mais on aimerait bien comme pour les cafés, les restaurants ou les hôtels, être associés aux discussions. On est pour le moment invisibles Maxime Dagneaux chargé de communication des discothèques La Dune à la Grande-Motte et du Heat à Saint-Jean-de-Védas (34)

Les discothèques et les salles de concert sont des lieux de convivialité, de rencontres. 

Je ne compte plus les couples qui se sont formés ou défaits en venant écouter des groupes. C'est tout le charme d'un établissement comme le Rockstore. On vient pour la musique mais pas seulement. On est là pour donner du plaisir aux gens nous dit Stéphane Al-Mallak co-gérant de la fameuse salle de concert de Montpellier

 


Des préinscriptions par petits groupes comme au restaurant

La distanciation sociale. C'est tout l'inverse d'une boîte de nuit. La règle voudrait que chaque personne respecte une zone de 4m2 quand en temps normal on en fait tenir 3 pour la même superficie. C'est tout simplement impossible nous disent ces patrons de discothèques. Conscients des problèmes sanitaires qui se posent à eux, ils voudraient qu'on leur propose une méthode.  

Faire porter un masque cela paraît tout simplement impossible, à moins de faire une soirée à thème bal masqué sourit le patron du rockstore

Même constat pour le président du SNDLL, le Syndicat National des Discothèques et Lieux de Loisirs. Patrick Malvaës estime que c'est impensable de demander à la clientèle de venir masquée.

On ne va pas en boîte pour boire et danser avec un masque. On vient en discothèque pour faire des rencontres, Patrick Malvaës président du SNDLL

Des tests imposés aux clients à l'entrée ? Déjà que la capacité à tester en temps normal est insuffisante, il apparaît difficile d'imposer cette solution aux professionnels de la nuit, d'autant que pour l'instant les tests ne sont pas tous fiables, loin s'en faut. 
A la SNDLL on préconise une prise de température à l'entrée des établissements et la distribution de gel hydroalcoolique et la préisncription de petits groupes qui se fréquentent en dehors de la discothèque. 

IL faut que les gens puissent venir par 6 ou 8, comme au restaurant insiste le président du SNDLL Patrick Malvaës.

En revanche du côté de l'UMIH, l'Union des Métiers et des industries de l'Hôtellerie dont dépendent aussi les établissements de nuit, on affirme que l''hygiène et la sécurité, ce n'est pas un souci. Bien au contraire. Conscient qu'il faudra renforcer les mesures de sécurité et faire respecter les règles, le syndicat se dit favorable à un port du masque, indispensable pour les barmen comme pour les clients qui viendront consommer au bar. 

Cette reprise est en fait un vrai casse-tête pour tout le monde. Déjà que beaucoup ne partiront pas en vacances, ces lieux de convivialité sont nécessaires estiment les professionnels qui exigent qu'une solution soit trouvée dans les plus brefs délais pour sauver des emplois et permettre aux gens de faire la fête sans risques pour leur santé. 

Les intermittents inquiets pour leurs heures

La fermeture de ces établissement de nuit a des conséquences économiques importantes. Ces entreprises font travailler de nombreux professionnels. Des barmen, des DJ, des artistes, des agents de sécurité et de nombreux saisonniers. Beaucoup ont dû annuler leur recrutement ou les reporter. Les retombées sont lourdes pour ces entreprises de différentes tailles.

La Dune avait une programmation musicale importante comme tous les étés. Des artistes, Dj, rappeurs, devaient se produire. Tout est pour le moment reporté ou gelé nous dit le chargé de com. de cet établissement.

Même son de cloche du côté de Stéphane Al-Mallak pour le Rockstore qui avait un agenda bouclé pour tout l'été jusqu'à la rentrée. Il a dû décaler l'ensemble des groupes qui étaient prévus pour l'automne prochain si aucune solution n'est trouvée avant. 

Nous sommes en contact étroit avec les artistes et nous maintenons leur concert mais en les décalant. Le seul point positif, c'est que nous avons du lourd dans tous les styles Stéphane Al-Mallak

Voir le Rockstore vide est un crève coeur. Mais la salle mythique à la Cadillac rouge fichée dans le mur de la rue de verdun, au coeur de Montpellier, en a vu d'autres et espère bien surmonter cette pandémie. Le chômage partiel est pour cette salle privée une bénédiction. L'ensemble des emplois a été préservé, ce qui permettrait une reprise rapide si une ouverture était envisagée dans les semaines à venir.

C'est pour nous un moment extrêmement difficile. Les intermittents sont les chevilles ouvrières avec tous les autres corps de métiers de la salle. Et pour le moment, on a rien. Yassine Khay intermittent régisseur son du Rockstore.

Le 19 mars, les ministères du Travail et de la Culture ont annoncé «la neutralisation» de la période de confinement dans le calcul des droits à l’intermittence. Mais concrètement, personne ne sait comment remplir sa déclaration de salaire. Car ce que craignent les intermittents, notamment les plus fragiles, c'est qu'avec l'arrêt de toute activité artistique, ils ne puissent faire le nombre d'heures nécessaires pour pouvoir prétendre à des indemnités auxquelles ils ont droit. 

En plus cet été, comme il y aura beaucoup de monde sur le carreau et peu de festival, les places seront chères pour trouver un job. Yassine Khay régisseur son

 


5 Milliards d'euros par an

Les concerts et autres soirées musicales représentent en France un chiffre d'affaires direct et indirect qui avoisine les 5 milliards d'euros par an. Ce sont plus de 190 métiers et 118 000 emplois. Le secteur se caractérise par un tissu très entrepreneurial, composé à 99% de TPE et de PME.
Le risque fait partie du quotidien de ces entreprises : soumises à des équations économiques complexes, elles affichent des taux de rentabilité plus faibles que d'autres secteurs culturels. Elles doivent par ailleurs assumer des surcoûts et des investissements indispensables en matière de sûreté, estimés à 90 millions d’euros en 2016.

Les concerts sont indispensables à la bonne santé du pays

Tous sont d'accord pour reconnaître que ces lieux apportent du bonheur et de la convivialité. Il a fallu une crise majeure pour se rendre compte que ces salles, ces discothèques étaient extrêmement fragiles.  La culture de la nuit est un monde à part, un univers méconnu où il est facile d'avoir des préjugés. Mais si l'on ne défend pas les milliers de professionnels qui oeuvrent pour que ces salles, ces pistes de danses accueillent encore des hommes et des femmes pour danser, écouter des groupes, changer d'air et se vider la tête, le risque alors d'en voir un certain nombre disparaître est grand. Le cas du VIP Room à Paris qui vient de fermer est un exemple. 

Ces entreprises sont aux territoires petits et grands une bouée d'oxygène. On compte près de 1500 lieux, de tailles diverses, disséminés partout en France, du plus petit village à la plus vaste métropole.

Les retombées en matière fiscale pour l'Etat ne sont pas négligeables puisqu'il perçoit près de 400 millions d'euros de taxes. On comprend mieux à la vue de ces chiffres l'importance des retombées économiques pour les villes et les agglomérations de notre région. 

Cet été et dans les mois à venir, la musique, la danse et la culture de la fête seront peut être les meilleurs antidotes pour oublier le covid-19 et passer à autre chose.  


 

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