De 14 listes au premier tour le 15 mars et après une campagne surréaliste, il n'en restait plus que 3 ce dimanche. Avec 3 hommes pour la conquête de Montpellier. Le maire sortant Philippe Saurel fragilisé dans les urnes et dans les sondages est finalement battu par le socialiste Michaël Delafosse.
Séisme politique à Montpellier, Philippe Saurel, maire sortant DVG, est très largement battu par Michaël Delafosse, selon les résultats définitifs.
La liste socialistes/Verts obtient 47,23% des voix et 48 sièges au conseil municipal. Celle de Philippe Saurel, seulement 34,65% et 11 élus. Le 3e homme, Mohed Altrad, est distancé à 18,12%, il aura 6 représentants.
L'élection de Michaël Delafosse, âgé de 43 ans, s'est déroulée sur fond de très forte abstention, 65,56% pour ce second tour.
Philippe Saurel DVG perd donc la 7e ville de France après un seul mandat. Montpellier toujours à gauche regagne le giron socialiste qui a toujours été le sien depuis 1977, avec Georges Frêche puis Hélène Mandroux.
"Ce résultat m'honore et m'engage" déclare le nouveau maire de Montpellier
Ce professeur d’histoire-géographie au collège de 43 ans veut unir avant tout et apaiser "après l'ère Saurel".Il faut unir, fédérer, réunir, vivre pour et vivre ensemble.
Réaction de Carole Delga, présidente PS de la région Occitanie.
Cette victoire à Montpellier est celle des valeurs de la gauche unie...
"Je suis heureuse de pouvoir retrouver un interlocuteur ouvert aux échanges et à l'action partenariale. Prompt à saisir les projets qui relanceront la dynamique montpelliéraine. Cette ville et sa métropole méritent tout l'engagement et la détermination de Michaël et de son équipe. Nous allons pouvoir recréer un collectif associant les forces de la Ville, de la Métropole, du Département et de la Région, du monde économique et associatif pour apporter des solutions adaptées aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux qui se posent à nous avec urgence".
Pour les militants et soutiens de Michaël Delafosse, la victoire est belle.
Déclaration de Mohed Altrad, largement battu avec 18,12%, malgré son alliance à 4.
et de poursuivre lyrique : "Singulièrement, je n’ai pas ressenti ce dénouement comme un échec. Je n’étais et ne suis pas amer, absolument pas. C’est certes une déception, mais s’il fallait qualifier mon sentiment à cet instant, je parlerais de fierté plutôt que de déconvenue".Le jour déclinait. Le soir s’installait, lentement. Les premiers résultats tombaient. Ils ne changeraient plus, ou si peu ! Ils annonçaient que je n’étais pas élu Maire de Montpellier.
65,56% : abstention record comme au 1er tour
A midi, la participation à Montpellier variait de 12 à 19% dans les 135 bureaux de vote et était à 14,62% contre 16,56% au 1er tour. Les électeurs ne se sont donc pas beaucoup mobilisés.
A 18h, il y avait 29,29% de participation alors que le chiffre déjà très faible était de 32,69%, le 15 mars dernier. A qui va profiter cette démobilisation électorale ?
Le report des voix et la participation, enjeux de la triangulaire Saurel-Delafosse-Altrad
Les résultats du 1er tour ont surpris. Philippe Saurel, le maire DVG sortant, est en tête certes mais de peu avec 19.11% et surtout largement en baisse par rapport à 2014. Michaël Delafosse suit à 16.66%, un joli score pour une formation politique, le PS, en grande déliquescence au plan national. Enfin, l'homme d'affaires, nouveau venu en politique, Mohed Altrad, un candidat discret qui fuit micros et caméras, au programme simple où la ville est grosso modo gérée comme une entreprise.
Ces 3 listes, les seules pouvant se maintenir au second tour, ne cumulent qu'à peine plus de 49% des suffrages. Autant dire que le report des voix des 11 autres listes, soit 51% des votes, est un enjeu majeur de ce dimanche. Tout comme l'abstention, avec un record de 65.39% à Montpellier le 15 mars contre 53%, seulement, dans l'Hérault.
Les enjeux du second tour
Pour Philippe Saurel, il s'agit de conserver la 7e métropole de France, après un premier mandat de maire. Mais pour Michaël Delafosse, le but est de reconquérir une place forte socialiste, ou plutôt Frêchiste, après l'ère Saurel.
La campagne d'entre-deux tours, insolite à cause de la crise sanitaire, a surtout été marquée par le jeu des alliances anti-Saurel.
Une liste d'union de la gauche et des Verts d'un côté, totalisant 24% au 1er tour et de l'autre, un conglomérat politique et idéologique inédit et improbable formé de 4 listes mais mathématiquement en tête avec 39%.
Quant à Philippe Saurel, aucune alliance. Il a reconduit sa liste du 1er tour.
Ces municipales vont permettre d'élire 65 conseillers municipaux pour 6 ans. Les 135 bureaux de vote seront ouverts de 8h à 20h pour accueillir quelques 146.000 électeurs.
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Les sondages pour le second tour
Un sondage IFOP-La Tribune dévoilé le 17 juin inverserait la position des deux premiers candidats en lice. Un vrai choc politique, s'il se traduit dans les urnes.
Il place le candidat de l'union de la gauche qui s'est allié à la candidate EELV officielle Coralie Mantion, en tête à 39% des voix. Michaël Delafosse battrait donc de 5% le score du maire sortant Philippe Saurel qui, se voulant toujours en dehors des partis politiques, poursuit sa route en solo avec sa liste "Montpellier la citoyenne".
Mohed Altrad et ses alliés, eux ne seraient qu'à 27%.
Retour sur les résultats et la campagne du 1er tour
Des "stratégies" surprenantes voire mortifères ont conduit les écologistes, Verts et autres EELV droit dans le mur électoral. Les divisions, guéguerres, recours en justice et scandales ont fait des leaders désignés de l'élection, les grands perdants du scrutin. Avec 3 listes en lice et aucune au second tour. Un record !
La surprise politique du second tour vient de la société civile. Le milliardaire Mohed Altrad s'est associé au trio Gaillard-Doulain-Ollier, qui avait conclut un pacte pour lutter contre la candidature Saurel.
A eux 4, ils représentent plus de 39% des votes du premier tour. Et ils portent la liste "Coeur Ecologie Démocratie" pour le second. Une alliance hétéroclite inédite qui a surpris les militants, fait réagir voire froissé les élus. Reste à savoir si les électeurs s'y retrouveront au moment de mettre le bulletin dans l'enveloppe puis dans l'urne !
La multiplication des listes, 14 en 2020 contre 9 en 2014, a favorisé la dispersion des voix. Conséquence, nous avons une triangulaire ce 28 juin, alors qu'en 2014, les candidats avaient dû rivaliser en quadrangulaire.
Municipales 2014
En 2014, c'est en candidat socialiste dissident que Philippe Saurel a remporté la mairie de Montpellier. Il a pris le fauteuil laissé libre par Hélène Mandroux PS qui ne se représentait pas, après 10 ans à la tête de la ville.
Au premier tour, Philippe Saurel s'était classé deuxième avec 22,93% des voix, derrière Jean-Pierre Moure (25,27%), candidat officiel de la liste d'union de la gauche et au coude-à-coude avec l'UMP Jacques Domergue 22,7%.
Avec une faible participation de 52%, arrivaient ensuite France Jamet 13,8% pour le FN, Muriel Ressiguier 7,5% pour le Front de gauche et l'UDI Joseph Francis 4,5%.
Philippe Saurel s'est finalement imposé avec 37,54% des suffrages au second tour au terme d'une quadrangulaire, emportant 45 sièges.
Jean-Pierre Moure a recueilli 27,39% des voix, le candidat de droite Jacques Domergue 25,88% et la candidate FN France Jamet 9,18%. La participation en hausse par rapport au 1er tour restait faible à 56,58%.
Après plus de 35 ans aux mains du PS, Montpellier était perdue pour les socialistes, tournant ainsi l'ère Georges Frêche. Même la maire sortante Hélène Mandroux a finalement soutenu le dissident Saurel contre le candidat de la gauche.