Fêtes de villages, 14 juillet, animations de campings : c’est la saison où l’on reprend les refrains de Goldman, Beyoncé, Louane ou AC/DC. Mais cet été, les annulations s’enchainent et les orchestres s’inquiètent. Exemple dans les villages d'Occitanie.
Le collectif festi-Bals vient de se créer. Il tient une réunion lundi 15 juin à Lézignan-la-Cèbe dans l'Hérault, dans le but de sensibiliser les élus à la situation critique de ces groupes qui animent les villages.
Depuis une semaine : un festival d’annulations
En Occitanie, certains comités des fêtes attendent les nouvelles mesures de déconfinement du 22 juin, d’autres préfèrent annuler aujourd’hui leurs festivités prévues en juillet. Dans ce contexte, le collectif festi-Bals souhaite que les orchestres dont les concerts ont été annulés, ne baissent pas les bras.
L’orchestre héraultais Trait d’union-Périer partait pour une tournée de 45 dates cet été. pour le seul mois de juillet, 15 de ses dates ont été annulées. Luc Seignourel est le chef d’orchestre de « trait d’union-périer ». A ce titre , il est aussi mandataire du groupe auprès des comités des fêtes et municipalités qui l’emploient. Il souhaite des mesures de chômage partiel pour les orchestres.
S'il n’y a pas de cas de force majeure, on ne peut pas rompre unilatéralement un contrat et nous dire « à l’année prochaine ». Si une commune ne peut pas avoir recours au chômage partiel, un comité des fêtes, qui a un statut d’association, peut tout à fait engager la procédure pour nous sauver d’une saison catastrophique.
Pour Luc Seignourel, le régime des intermittents du spectacle permet à ses bénéficiaires de s’en tirer, en cas de coup dur, mais un orchestre fonctionne comme une entreprise, avec des coûts importants :
Chaque année, nous investissons dans de nouveaux costumes, nous changeons l’éclairage, nous révisons nos camions.
"L’essence d’un orchestre est de tourner, nous dit le chef d'orchestre, pas d’encaisser des indemnités." L’orchestre qu’il dirige emploie 24 personnes.
D'autres préfèrent continuer le spectacle
"Dans la ville de Mauguio (34), une soirée peut attirer jusqu’à 7000 spectateurs, C’est une véritable économie pour la commune", nous dit Eddy Benazeraf. Il est chanteur dans le groupe S.O.S. Il milite également pour le collectif festi-Bals. Aujourd’hui, il se demande pourquoi, alors que le coronavirus recule, certaines collectivités locales ont annulé leurs festivités programmées au mois d’août.
Alors que d'autres communes réduisent la voilure : "pour la fête de la musique, S.O.S joue à Fréjus. Initialement, nous étions 8 sur scène. Là, nous serons 2, mais c’est mieux que rien" confie Eddy.
Pour leur part, certains comités des fêtes n’ont pas tiré un trait sur leurs festivités. A Tautavel (66), la fête du village est prévue du 21 au 23 août, également le 25.
Romain Pubill, est le président du jeune comité des fêtes, il attend les mesures gouvernementales avant de se prononcer :
Selon les consignes, nous pourrons demander aux 30 bénévoles du comité des fêtes de porter un masque, mais pour le public ce sera plus difficile !
Après l’annulation des cérémonies du 14 juillet, Romain souhaite que la fête de Tautavel soit maintenue. Une fête qui draine 700 personnes par soir et dont les recettes, principalement celles de la buvette, permettent d’animer la commune toute l’année. Lundi 15h à Lézignan-la-Cèbe, le collectif festi-bals sera à l’unisson autour de 50 chefs d’orchestres. Pour Eddy comme pour Luc, les orchestres de bals sont sur la liste des oubliés de la crise sanitaire. Leurs statuts sont à cheval entre le salariat et l’intermittence et leur domaine d’activité est sur un fil, entre culture populaire et animation, bien loin des subventions accordées aux festivals.