Dans une vidéo publiée, samedi 28 mars, sur les réseaux sociaux, Philippe Jamet, président du Montpellier Natation, revient sur ses quinze derniers jours marqués par la maladie du coronavirus Covid-19. Une épreuve dont il explique toutes les difficultés.
La voix encore fragile, Philippe Jamet, président du Montpellier Natation, revient dans une vidéo, publiée samedi 28 mars sur les réseaux sociaux, sur son dernier calvaire : deux semaines marquées par le coronavirus Covid-19.
Pendant près de quatre minutes, le patron de la natation montpelliéraine et de Philippe Lucas, l'entraîneur le plus capé de France, explique une période difficile dont il est tout juste en convalescence.
"Je vais mieux. J'ai encore mal à la tête et une toux sèche. Comme aux premiers jours de la maladie. Mais le plus difficile est derrière moi. Du moins, je l'espère", explique-t-il ce lundi 30 mars. Le plus difficile pour Philippe Jamet ? Une longue période d'une dizaine de jours avec une fatigue intense, des difficultés gastriques et une forte fièvre.
Je ne m'attendais pas à tous ces symptômes. Cela nous semble tellement éloigné quand on évoque la maladie à la télévision. Mais ça n'arrive pas qu'aux autres.
Diagnostiqué à distance
Deux semaines plus tôt, le directeur du Montpellier Natation a contracté les premiers signes de la maladie. S'il ne sait toujours pas à quel moment il a pu être contaminé, il a rapidement appelé les urgences.
"Malgré le fait d'être un sportif et d'être en bonne santé, j'en ai quand même bavé. Mon médecin a dû me rassurer sur l'état de mes poumons, sur ma tension et sur mon cœur. Je n'ai pas eu peur pour ma vie. Mais j'ai eu peur pour ma santé. D'autant plus que, lorsque j'ai appelé le 15, ils m'ont diagnostiqué à distance les symptômes du Covid-19. Ils m'ont demandé de rester chez moi et de prendre des dolipranes. Mais tout ça, sans connaître mon réel état et l'avancée de la maladie. Ca a été assez angoissant".
Isolé chez lui avec sa compagne et sa fille de 15 ans, il a exposé malgré lui la maladie à sa famille : "Ma femme est infirmière et a également contracté le virus. Elle est toujours malade et j'espère qu'elle s'en remettra dans moins d'une semaine. Mais nous avons été malades en même temps. Ce qui a eu d'importantes conséquences sur notre vie quotidienne."
"J'ai perdu cinq kilos en deux semaines"
Alors qu'il se remet petit à petit de la maladie, Philippe Jamet revient sur son expérience, un quotidien où les moindres gestes sont exténuants : "La personne qui allait le mieux au réveil tentait d'aider l'autre. Mais c'est très difficile. Je n'avais jamais vraiment faim. Avec la perte du goût et de l'odorat, on se forçait à manger. Mais presque rien ne passait. A part quelques yaourts au sucre et des crèmes brulées. Mais c'est difficile de se nourrir uniquement de ça... En deux semaines, j'ai perdu près de 5 kilos.".
"La fatigue a été très difficile à gérer. On ne peut absolument rien faire. Quand on voit trois assiettes empilées dans l'évier, les laver nous semble une étape insurmontable. Monter cinq marches pour retourner se coucher est un parcours du combattant. Dès que je faisais quelque chose, je mettais des heures à m'en remettre."
Le réveil est fixé à 6h15, pour prendre "sa dose de doliprane". Après un rapide petit-déjeuner, le sportif allait se recoucher vers 8h30, lorsque sa femme se réveillait : "A midi, nous nous forcions à manger. Puis, je retournais une fois de plus faire la sieste. Pour près de 3 heures. En moyenne, je dormais 13 heures par jour. En fin d'après-midi, la fièvre revenait de plus belle. On ne peut rien y faire. Même regarder la télé est un calvaire. D'autant plus que les informations sont assez anxiogènes en ce moment."
"On compte les minutes avant de pouvoir reprendre un doliprane"
Pour se remettre sur pied, il lui a fallu une longue période de repos, ponctuée par quelques prises de médicaments : "Le doliprane a beaucoup aidé. De toute façon, on ne peut prendre que de cela. C'est un peu frustrant. On en vient même à compter les minutes avant de pouvoir reprendre d'autres cachets."
Philippe Jamet parvient désormais à sortir dans son jardin, prendre l'air. C'est de là qu'il a filmé son intervention qu'il a ensuite relayé sur ses réseaux sociaux.
Un "coup de gueule", selon ses termes, destiné aux personnes qui ne respectent pas encore le confinement : "C'est très énervant de voir que des personnes continuent de ne pas rester chez eux. Il y a beaucoup de belles initiatives et le confinement est respecté par une la majorité de la population. Mais il y a toujours des personnes qui n'en font qu'à leur tête. Ce sera en partie leur faute si la maladie continue de se propager."
Au programme dans les jours à venir : une petite remise en forme avant de se replonger dans les affaires : "Je dois continuer à récupérer. Je suis encore un peu malade. Puis, je me remettrais doucement au sport, dans mon jardin, en respectant le confinement. Et, enfin, il faudra préparer l'après : anticiper la réouverture du club. D'autant plus que les Jeux olympiques ont été décalés. Il va falloir chercher de nouveaux fonds, de nouveaux sponsors pour gérer cette année supplémentaire jusqu'aux JO, qui n'était pas prévue."
Protégez-vous. Protégez vos proches. #JeResteChezMoi #JeSauveDesVies pic.twitter.com/7MiJyBBbxy
— Gouvernement (@gouvernementFR) March 18, 2020