A Montpellier, une manifestation pour le droit à l’avortement a réuni près d’un millier de personnes ce samedi. Dans la rue, des femmes, des hommes, des enfants, des élus demandent l’inscription de la loi qui autorise l’IVG dans la Constitution.
Vanessa Cagna a 25 ans. Cette jeune infirmière puéricultrice a décidé de défiler aux côtés des manifestants pour le droit à l'avortement.
"J'ai envie de rester chez moi un samedi et de regarder la télé, de profiter, de me balader, mais c'est pas possible ! Il faut être là aujourd'hui pour défendre ce que l'on a gagné après des années de combats. Je le défends pour mes futurs enfants, je le défends pour mes parents qui se sont battus pour ça !" témoigne Vanessa.
Comme Vanessa, Emilie, Salma et bien d'autres sont dans la rue. Leur crainte ? Que le droit d'avorter soit abrogé comme c'est le cas aux Etats-Unis.
En France, qu'il soit chirurgical ou médicamenteux, l'avortement est assuré par des professionnels assermentés. Ils bénéficient de l'appui du Planning Familial.
" A Montpellier, je pense que l'on peut dire que nous sommes des privilégiés. C'est une ville universitaire. Il y a le CHU , il y a toutes les personnes du libéral qui prennent en charge les IVG médicamenteuses. Il y a le Planning Familial, donc il n'y a pas trop de problèmes", estime Françoise Rivals, médecin généraliste au planning familial de Montpellier.
Inscription dans la Constitution
Certains élus locaux se sont mobilisés. Pour eux, la loi Weil autorisant l'avortement doit être mieux protégée.
"Aujourd'hui en France, c'est un acquis qui est précieux, c'est un acquis qui est tellement fragile qu'il faut impérativement et absolument le protéger. Et le protéger, cela passe par l'inscription dans la Constitution française, " déclare Hussein Bourgi, sénateur (SER) de l’Hérault.
" Je crois que c'est notre devoir plus que jamais de protéger ce droit fondamental, qui est le droit de disposer librement de son corps. Et qui est une question de santé également" confirme Nathalie Oziol, députée (NUPES/LFI) 2e circonscription de l’Hérault.
A l'Assemblée nationale, la majorité présidentielle vient de déposer une proposition de loi pour inscrire le droit à l'avortement dans la Constitution. Elle devrait être débattue dans quelques semaines.
Ailleurs en France
Organisées à l’appel du collectif "Avortement en Europe – Les femmes décident" , une grosse trentaine de manifestations ont rassemblé au total quelque 6.500 personnes en France, selon le ministère de l’Intérieur.
Des rassemblements de plusieurs centaines de manifestants chacun ont eu lieu en France ce samedi pour défendre le droit à l’avortement et apporter un soutien aux Américaines, après la décision de la Cour suprême d’annuler ce que beaucoup considéraient comme un acquis. La Cour suprême des Etats-Unis a mis fin le 24 juin à la garantie juridique fédérale de l’IVG dans tous le pays. Il appartient maintenant aux 50 Etats de se prononcer sur l’avortement. La moitié d’entre eux, selon l’institut Guttmacher, (surtout dans le sud et le centre) l’ont déjà interdit ou envisagent de le faire.
En tête du cortège parisien, Suzy Rojtman, membre du collectif " Avortement en Europe – Les femmes décident ", évoque une " onde de choc ". Elle craint qu’au vu " de l’importance des Etats-Unis dans le monde ", le droit à l’avortement régresse " partout " et que " des pays s’inspirent des Etats-Unis pour renier ce droit fondamental ".
A Marseille, des manifestantes ont rejoint la Marche des Fiertés qui a rassemblé 12.000 personnes selon la préfecture. Un habitué de la Pride, Philippe Murcia, 48 ans, s’est dit " très inquiet de voir la société clivée, comme aux Etats-Unis, qui s’attaque maintenant aux droits des femmes, à des droits qu’on pensait acquis ".
A Strasbourg, plus de 300 personnes, selon la préfecture, ont pris la direction du consulat américain. Et à Toulouse, quelques dizaines de personnes, surtout des femmes, se sont rassemblées sous le slogan de " Nous sommes fières, femmes, radicales et en colère ! ". " En France, on n’est pas en dehors du monde. Il faut faire attention ", explique Sandra Cassagnaud, 49 ans. Les Françaises " ont de plus en plus de mal à être prises en charge en vue d’une IVG."