Le Refuge : 16 ans de lutte contre l'homophobie et la transphobie

Le Refuge propose un hébergement temporaire et un accompagnement social aux jeunes victimes LGBT. Dans le cadre de la semaine de lutte contre l'homophobie, Frédéric Gal, directeur général de l'association, créée à Montpellier, évoque l'évolution de sa mission.

7000 jeunes accueillis


Depuis 2003, le Refuge a accueilli 7000 jeunes dans 19 villes. 294 ont été hébergés en 2018 et 110 ont été accompagnés. Rencontre avec Frédéric Gal, directeur général de l'association, créée à Montpellier.

Les agressions physiques envers les personnes LGBT (lesbiennes, gays, bis, trans) ont atteint un record en 2018, "une année noire", avec 231 faits signalés, selon le rapport annuel de SOS Homophobie dévoilé mardi.

L'homophobie n'est pas simplement le fait d'agression physique d'une personne


"L'homophobie n'est pas simplement le fait d'agression physique d'une personne. Elle est le fait de propos, de discrimination, de rejet, de mise à l'écart d'une personne en raison de son orientation sexuelle. L'homophobie, ce n'est pas seulement: "Je te pète la tronche." Non. C'est aussi de dire: "tu es différent, je ne t'accepte pas."

La parole se libère, heureusement


Mais heureusement, la société évolue. Il a fallu attendre 1982 pour que l'homophobie soit retirée du code pénal. En 1980, un homosexualité était considéré pour la science comme une maladie mentale. La parole se libère, heureusement. Les jeunes osent beaucoup plus. Les conséquences peuvent être dramatiques comme pour ces jeunes que nous accueillons. Mais cela peut aussi très bien se passer dans les familles, où les jeunes ne sont pas mis à la rue.
  

Le poids des traditions


Cette année, les équipes du Refuge ont souhaité s’intéresser aux poids des traditions afin de comprendre comment certaines coutumes familiales peuvent entraîner une discrimination ou un rejet de l’enfant par rapport à sa sexualité et/ou son identité de genre," précise Frédéric Gal.

J'ai pensé au suicide


Lundi soir, à Montpellier, Ahmed est venu témoigner. Ivoirien, il a dû fuir son pays où il est menacé de mort: "j'ai pensé au suicide. Le Refuge m'a permis de garder le sourire. Il m'a sauvé."
 

Elias, Marocain, est venu de Nîmes: "J'ai sû que j'étais gay à l'âge de 9 ans. Ma famille musulmane m'a rejeté. Mon oncle a voulu m'agresser. Je suis maintenant hébergé par le Refuge."
 

"Prenons aussi l'exemple de Julia, transgenre, agressée fin mars par des Algériens à Paris. La démarche faite par l'église catholique chrétienne concernant l'homosexualité ou la transidentité, il faut que ce soit aussi fait par d'autres religions," insiste le directeur général du Refuge. 

"Nous avons une expertise que nous développons depuis 16 ans. Prévenir l'isolement et le suicide des jeunes LGBT. Nous sommes toujours sur les mêmes bases d'hébergement, d'accompagnement psychologique. Nous avons élargi notre action à la réinsertion professionnelle aussi et à la sensibilisation.
 

Intervention dans les milieux scolaires


Nous intervenons dans le milieu scolaire depuis dix ans. On parle de l'homophobie. C'est très important de dialoguer. Mais ce n'est pas toujours possible. Certains sont dans l'incapacité de réfléchir autrement. On intervient aussi auprès des CCAS, ds CAF (nous allons intervenir très prochainement à la CAF de la Mosson, à Montpellier. L'important c'est de toucher un maximum de monde.

Nous collaborons également avec le Ministère de l'éducation nationale pour former le personnel enseignant, administratif au delà des rencontres avec le élèves. Nous rencontrons également les travailleurs sociaux qui peuvent se retrouver en difficulté parce qu'ils n'ont pas forcément les réponses à apporter. 

La société évolue, le monde sportif également. La Ligue nationale de football a défini un plan d’actions pour combattre l’homophobie dans les stades.
 

Il était temps mais le monde sportif se mobilise

"Il était temps mais le monde sportif se mobilise mais on se rend compte qu'il reste encore beaucoup de travail. Il suffit de voir la réaction à la Une de l'Equipe magazine (deux joueurs de waterpolo qui s'embrassent) avec des gens qui ne veulent plus l'acheter ou qui ne veulent pas le vendre. Mais il y a de plus en plus de sportifs qui font leur coming out. C'est très bien, c'est une réelle avancée. 

On ne va pas s'arrêter demain


Comment Frédéric Gal voit-il l'avenir ? "Une vision optimiste: comme disait Coluche: "ça va finir". Mais soyons réalistes. On ne va pas s'arrêter demain."
 

Appel à la générosité


Le Refuge, financé principalement par des fonds privés, lance un nouvel appel à la générosité publique du 13 au 19 mai 2019, dans le cadre de sa 7e Semaine nationale.
 
 
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