A Montpellier, le centre Cryomed aide les personnes ayant perdu l’odorat après un covid. Une solution qui s’appuie sur une étude du CHU de Reims.
Plonger dans un froid à -90 degrés pour retrouver son odorat. L’idée semble étonnante mais elle a convaincu Antoine Navarro. Ce coiffeur de 58 ans ne reconnaît plus ni la saveur des plats, ni aucun parfum depuis avoir contracté le covid. Retrouver le goût et l’odorat est primordial pour lui. Après un traitement aux huiles essentielles sans résultat, il accepte aujourd’hui de s’enfermer pendant plusieurs minutes dans une atmosphère sibérienne. “J’ai contracté le covid il y a environ un an”, précise Antoine Navarro. “Depuis, j’ai complètement perdu le goût et l’odorat, ça commence à peser. J’adore les parfums, les fleurs, la nature, c’est difficile.”
4 minutes 30 à 90 degrés
A son arrivée, la cryothérapeute lui fait remplir un questionnaire précis sur ses symptômes avant de lui prendre la tension. “On leur prend la température en cutané derrière le talon”, explique Elodie Rubio, la cryothérapeute du Cryomed. “C’est important parce qu’on recherche un choc thermique de 15 degrés en cutané. Donc si la personne est à 25 avant de rentrer dans la machine, l’objectif quand elle ressort c’est d’être à moins de 10 degrés.”
A chaque séance, Antoine Navarro reste enfermé pendant 4 minutes dans la cabine, supportant un froid sec à -90 degrés ! “4,30 minutes ça va ! Au-delà, je pense que ça aurait été un petit peu difficile”, confie-t-il.
Il est accompagné pendant tout ce temps par Elodie Rubio. “Nous l'hypothermie on en a jamais eu parce que le temps d’exposition dans la machine est extrêmement court, entre 3 et 5 minutes”, explique-t-elle. “Ce temps d’exposition dépend de la taille de l'individu, de sa contexture physique : est-il est musclé, costaud ou fin? Je suis en contact avec lui constamment pendant 3 à 5 minutes. Donc si je sens que la personne a trop froid ou qu’elle a un quelconque problème, évidemment je la sors.”
La cryogénie, une aide pour lutter contre les crises inflammatoires
A Montpellier, une vingtaine de patients a jusqu’ici suivi ce protocole, mis en place par le CHU de Reims. Ils sont généralement atteints de covid long et ont perdu l’odorat depuis au moins 6 mois. “La première hypothèse pour expliquer cette réussite, c’est une hypothèse inflammatoire”, explique Romain Raulet Orfanotti, le co-gérant et kinésithérapeute de CRYOMED. “La cryogénie a tendance à réduire toutes les inflammations dans le corps et potentiellement la perte de l’odorat est liée à une inflammation soit au niveau cérébral, soit au niveau de la muqueuse nasale. La deuxième hypothèse est liée à l’amélioration de la circulation dans la muqueuse nasale ce qui diminuerait l’inflammation et permettrait aux cellules de se régénérer beaucoup plus vite.”
Plus de 50% d'odorat retrouvé
Il est encore trop tôt pour évaluer les résultats dans ce centre de Montpellier, les résultats apparaissent généralement entre 15 et 30 jours après la cinquième séance. Antoine en est à sa troisième séance, mais il ressent déjà une légère amélioration de son odorat. “Je croise les doigts et j’espère que ça va marcher. Surtout qu’il y a pas mal de monde dans mon cas qui attend un remède”, explique-t-il.
L’étude menée à Reims conclut à une amélioration de plus de 50% des capacités olfactives de 28 personnes sur 30.