Suivre des séances de cryothérapie dans une chambre hermétique à -90 degrés permettrait de retrouver l'odorat après avoir eu le Covid. C'est l'hypothèse d'une étude scientifique menée à Reims et qui est désormais prolongée dans un centre Cryotera de Dijon (Côte-d'Or).
Le froid, remède ultime pour retrouver l’odorat après avoir contracté le Covid-19 ? Au début de l’été 2021, deux médecins ayant perdu leurs facultés olfactives après avoir eu le coronavirus suivent cinq séances de cryothérapie au centre Cryotera de Valence (Drôme). Quelques jours plus tard, ils retrouvent l’essentiel de leur sens. Informée par les deux praticiens, l’enseigne lance une étude scientifique en partenariat avec le CHU et l’Université de Reims (Marne).
Ils font alors appel à 45 sujets qui ont été positifs au virus et qui ont perdu l’odorat depuis un mois à un an et demi. 15 ne font pas de séance de cryothérapie. 15 autres participent à deux séances. Les 15 derniers suivent cinq séances. Résultat : 28 des 30 patients qui ont reçu des soins ont retrouvé leur odorat. La recherche est désormais étendue à l’ensemble des centres Cryotera en France, dont celui de Dijon (Côte-d’Or).
Les résultats obtenus sont satisfaisants et démontrent un impact significatif de la Cryothérapie Corps Entier sur la perte de l’odorat post Covid-19.
Guillaume Polidori, directeur du Pôle de recherche Cryotera
Concrètement, les Dijonnais atteints d’anosmie acceptent de participer à l’étude et suivent 5 séances de cryothérapie pour 150 euros, contre 195 euros en temps normal. La pratique consiste à exposer leur corps dans une chambre hermétique à moins 90 degrés pendant 3 à 4 minutes.
"Derrière, après cinq jours de séance, ils repartent avec un document puis on les appelle à J+7 après la première séance et à J+14. L’idée c’est d’avoir un maximum de recensements pour continuer à jauger la véracité de l’étude et des résultats", décrit Grégory Adam, gérant du centre Cryotera à Dijon qui accueille chaque année 1 500 patients pour 2 000 à 3 000 soins.
La première séance peut être la plus stressante. On les informe sur les comportements à adopter dans la chambre, les effets physiologiques qu’ils ont avoir sur leurs corps et les effets bénéfiques.
Grégory Adam, gérant du centre Cryotera à Dijon
Pour l’heure, deux patients ont accepté de participer à l’étude, mais le centre attend d’autres volontaires. Et selon le gérant, deux à trois personnes auraient retrouvé l’odorat, mais aussi le goût grâce à la cryothérapie l’année dernière à Dijon. La pratique est cependant contre-indiquée pour les femmes enceintes, les personnes souffrant de tension, de problèmes cardiaques ou d’asthme lié au froid.
La cryothérapie déjà utilisée pour traiter le stress et le manque de sommeil
L’étude scientifique menée par Cryotera, le CHU et l’Université de Reims a quant à elle été publiée dans la revue spécialisée internationale "The Journal of Integrative and Complementary Medecine". "Il n’existe aujourd’hui aucune thérapie permettant de lutter efficacement contre cet effet secondaire de la Covid-19. La cryothérapie apparaît donc comme l’une des seules solutions scientifiquement viables pour lutter contre ce phénomène qui handicape des centaines de milliers de personnes dans le monde", lance Bastien Bouchet, le co-fondateur de Cryotera.
Le froid permettrait ainsi de stimuler nos sens et de retrouver l’odorat, et même le goût, après avoir contracté le virus. "On a de très bon résultats sur les odeurs fantômes, c’est-à-dire quand vous sentez quelque-chose qui ne correspond pas à la réalité. Avec les soins, 100 % des gens ne sentent plus d’odeurs fantômes", détaille Grégory Adam.
Mais la cryothérapie est originellement employée afin de régler d’autres maux comme le manque de sommeil, le stress ou certaines inflammations. "L'exposition de l'ensemble du corps par cryothérapie permet de stimuler l'organisme et de générer des réflexes de protection luttant efficacement contre les syndromes inflammatoires et certaines douleurs chroniques", explique Guillaume Polidori, le directeur du Pôle de recherche Cryotera.
À travers la poursuite de cette étude, les scientifiques espèrent donc confirmer leur découverte mais également intéresser l’assurance maladie pour un potentiel remboursement de séances post-Covid. Pour rappel, près de 70 % des patients ayant contracté le coronavirus subissent des troubles liés à l’odorat.