Organisés par l'entreprise Desertours, un rallye et un trek 100 % féminins dans le désert marocain ont tourné à la désillusion. Entre malaises, vomissements et diarhées, la moitié des participiantes auraient été touchées par une bactérie dévastatrice.
L'aventure promettait d'être inoubliable. Ce sera chose faite, mais pour une bien triste raison. Du 10 au 23 octobre, puis du 27 au 31, deux courses 100 % féminines sont organisées au Maroc. Le rallye Rose des sables puis le trek Rose trip se déroulent chaque année, avec le but pour les participantes de récolter des dons pour les reverser à des associations parmi lesquelles Ruban Rose, association de prévention contre le cancer du sein.
Fin de rallye chaotique
J'ai pleuré de douleur toute la nuit, je n'avais jamais vécu ça.
Charmaine Batisse Dauquaire, participante du rallye
Pour Charmaine, habitante du Cailar près de Nîmes, les ennuis commencent le samedi 21 octobre, à la toute fin du rallye. "Nous étions à l'hôtel pour la dernière soirée, c'est là que j'ai commencé à être malade, comme beaucoup de filles", raconte la participante. "Des maux de ventres aigus, des allers-retours aux toilettes à n'en plus finir, j'ai pleuré de douleur toute la nuit, je n'avais jamais vécu ça", explique Charmaine.
Au rez-de-chaussée de l'hôtel, où les femmes étaient alitées pour obtenir les premiers soins, les membres de la Croix-Rouge prévus pour le rallye se retrouvent débordés face aux malades. "Ils n'étaient pas prêts à un tel afflux. À ce moment-là, on pensait à une intoxication alimentaire, vu le nombre soudain de malades."
Le retour en France se fera tant bien que mal.
Aujourd'hui, Charmaine se "dit chanceuse d'avoir été malade à l'hôtel". Cinq jours plus tard, 800 femmes sont au départ du trek Rose Trip. Celui-ci va virer à l'apocalypse.
L'enfer
"Vomissement, diarrhées, convulsions et perte de connaissance", Charlotte a vécu l'enfer dès le deuxième jour de course. Après avoir déclenché sa balise d'urgence, elle n'a pas pu finir le trek.
Soignée sur le bivouac, elle a constaté l'ampleur des dégâts : "Certaines filles avaient un lit de camp, mais d'autres devaient se contenter d'un matelas ou d'un tapis, voire de rien du tout. On entendait le personnel dire qu'ils étaient dépassés, c'était très très angoissant".
Hygiène en question
"On a connu la crise Covid, on connaît maintenant la crise Désertour", lance sans concessions Gaëlle, une autre participante. Selon des trekkeuses, qui ont créé un groupe Facebook pour partager leurs témoignages, le manque de sanitaire était criant, et la propreté des cuisines et des toilettes douteuses. "Il y avait une fosse septique creusée à l'air libre, pas loin derrière les cuisines".
Selon Aurore, trekkeuse de l'équipe les Arènes d'elles, l'organisation serait restée muette tout au long de la course. "On ne savait pas ce qui nous arrivait, si c'était des déshydratations, une intoxication, une bactérie contagieuse. Le plus révoltant, c'est que la même chose soit arrivée une semaine avant".
Action en justice à venir
Selon des analyses faites par la majorité des participantes à leurs retours, les bactéries Shigella et E.Coli sont en cause chez certaines, mais d'autres ont obtenu des résultats négatifs, le mystère reste alors entier à ce jour.
De son côté, l'organisateur a envoyé un communiqué à toutes les participantes :
Le collectif demande de réelles explications sur l'épidémie qui a touché plus de 300 participantes. Une plainte devrait être déposée contre l'organisateur, une fois que le collectif sera constitué en association.