Une opération de grand nettoyage vient de commencer dans la lagune de Thau à Frontignan. Une trentaine d’épaves de bateaux polluent les fonds marins depuis des années. La moitié va être enlevée avec précaution, pour préserver la vie sous-marine qui s'y est développée au fil du temps.
L’opération est inédite tant par son ampleur que par sa méthode ! Depuis quelques jours, des épaves sont extraites du bassin de Thau, à Frontignan dans l'Hérault.
Il s'agit de vieux bateaux abandonnés, échoués pour certains depuis des dizaines d’années. Mais avant de les extraire de leur tombeau aquatique, des analyses ont été réalisées afin de protéger au mieux la biodiversité présente autour et sur ces épaves.
Ce projet expérimental de restauration se déroule sur le ponton de la Bordelaise, à Frontignan : un célèbre site de plongée sur ce territoire qui attire de nombreux plongeurs à la recherche de paysages sous-marins étranges et d’une biodiversité exceptionnelle.
La Grande Nacre, l’Hippocampe moucheté et de nombreuses autres espèces peuplent cette lagune classée Natura 2000 depuis 2012 et en Aire Marine Protégée (AMP) depuis 2023.
Situé à l’embouchure du canal du Rhône à Sète, ce site sert de décharge sauvage aux vieux voiliers. Bon nombre ont été investis par la faune sous-marine et transformés en récifs artificiels.
"Les épaves sont très anciennes et ont été colonisées. C’est un peu l’ambiguïté de les enlever, mais il y en a tellement qu’il fallait passer à une opération nettoyage" explique Danielle Boivin, cheffe de protection en biodiversité au bureau d’étude Biotope.
Un projet de restauration écologique pilote
Actuellement, plus d’une trentaine d’épaves ont été recensées près du ponton.
Sète agglopôle méditerranée et le Syndicat mixte du bassin de Thau, soutenus par l’Office français de la biodiversité (OFB), ont décidé de restaurer et de dépolluer du site en enlevant certaines de ces épaves tout en prenant garde aux habitats naturels marins de la lagune.
Il aura fallu cinq ans pour réunir tous les acteurs autour de la table : l’Etat, la Région, l’Agglomération de Sète, les plongeurs, les écologues.
C’est une opération historique parce qu’elle a été dure à monter, il a fallu que les étoiles s’alignent pour trouver les partenaires actifs. Sans cette dynamique on ne serait pas parvenu à extraire une quinzaine d’épaves, ce qui est l’objectif de ce chantier.
Camille Pfleger, chargée de mission Natura 2000 Syndicat Mixte du Bassin de Thau et biologiste marine
Chaque épave a été analysée au cas par cas, avant intervention.
Un suivi écologique est prévu avant, pendant et après travaux. Il doit établir la plus ou moins-value environnementale liée au retrait de ces bateaux de plaisance hors d’usage.
Si l’impact de cette opération s'avère bénéfique, elle pourra être reproduite sur d’autres sites pollués en France.