Sète : les habitants de l'Île de Thau désemparés face à la montée de l'insécurité dans leur quartier

Depuis plusieurs années, les violences et les incivilités augmentent en flèche dans le quartier de l'Île de Thau à Sète. Démunis, des habitants demandent une réaction forte des pouvoirs publics pour enrayer le phénomène.

Cela a commencé par des incivilités. Ensuite, il y a eu les rodéos urbains et le trafic de drogue, qui ont donné lieu à plusieurs opérations de police spectaculaires. Puis le 24 avril dernier, il y eu Ayoub : ce jeune Sétois a été abattu à bout portant par deux hommes

Depuis plusieurs années maintenant, les habitants de l'Île de Thau ne reconnaissent plus leur quartier : ils dénoncent aujourd'hui une escalade des violences. Un collectif de Sétoises, créé en août 2020, a d'ailleurs lancé il y a quelques jours une pétition réclamant l'apaisement du climat social et une réaction des pouvoirs publics. 

Retrouver du lien social dans un quartier qui se précarise

Médiateur pour Hérault Habitat, l'ex-boxeur Christofer Reilles a grandi dans la "ZUP" de Sète : il remarque une précarisation du quartier mais aussi un changement d'ambiance. "Avant il y avait une vraie mixité, un maillage. Maintenant, chaque communauté est de son côté et les gens ne comprennent pas. Beaucoup se disent 'Ce n'est plus mon quartier'."

Pour Jean-Claude Reilles, père de Christofer et figure bien connue de l'Île de Thau, le lien social entre les habitants n'existe quasiment plus aujourd'hui.

"Jusqu'en 2011, il y avait une Maison de quartier qui regroupait jusqu'à 23 associations et plus de 620 adhérents", explique-t-il. "Mais le bail n'a pas été renouvelé. Le centre social Nicolas-Gabino a ouvert à la place mais il n'a pas résisté bien longtemps."

Le Sétois ajoute que la destruction de ce lieu de vie a laissé "un gros vide" dans le quartier.

La question qui se pose maintenant, c'est comment faire pour entrer en contact avec les jeunes qui se détachent de l'emploi ? Avant, nous avions des actions pour eux, mais maintenant nous n'avons quasiment plus rien à leur proposer. Il n'y a plus de suivi. Pas étonnant que certains d'entre eux se fassent embrigader !

Nadège Poirier, retraitée et habitante de l'Île de Thau, ne peut qu'acquiescer. "Avant, on connaissait tous les gosses du quartier, on les surveillait entre voisins. Maintenant, je vois des jeunes traîner tous seuls, dès leur plus jeune âge : c'est ça qui me choque le plus, ils sont livrés à eux-même", regrette-t-elle.

Miser sur la réhabilitation du quartier et la sécurité

Mardi dernier et suite à la multiplication des faits divers ces derniers mois, des élus d'opposition de la ville de Sète ont adressé un courrier au maire et au préfet de l'Hérault : ils demandent un "plan politique réfléchi (...) pour répondre aux besoins sociaux, culturels et éducatifs" et réclament le classement du quartier de 6000 habitants en "zone de sécurité prioritaire". Du côté de la mairie de Sète, on affirme avoir pris la mesure du problème. "Ce n'est pas une catastrophe mais il faut qu'on se reprenne très vite et qu'on agisse très vite", développe Patrick André, adjoint au maire de Sète délégué à la police municipale. "Et d'ailleurs, c'est ce que nous sommes en train de faire : nous mettons en route des chantiers. Au niveau de la sécurité, il y a une présence renforcée de la police municipale."

Depuis 2019, le quartier est au coeur d'un grand projet de réhabilitation : rénovation des logements, créations d'espaces verts, amélioration des infrastructures... Une Maison des associations devrait aussi revoir le jour. 
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