François Vérove, dit "Le Grêlé" a laissé une lettre d’adieu et des explications à sa femme après son suicide au Grau-du-Roi ( 30 ). Dans cette lettre que se sont procurés nos confrères du Parisien, le tueur en série avoue qu’il lui fallait " détruire, salir, tuer quelqu’un d’innocent" .
C’est dans le quartier résidentiel des Goélands à La Grande-Motte, dans l’Hérault, que se cachait le "Grêlé", ce tueur en série accusé de 4 meurtres et de 6 viols, recherché depuis 35 ans. François Vérove habitait une vaste maison blanche, refaite à neuf, sous les pins, avec sa femme et ses enfants.
Marié depuis 1985 et père de deux enfants, François Vérove s’est suicidé mercredi 29 septembre, dans un appartement de location au Grau-du-Roi, dans le Gard. Deux jours avant, il était parti soi-disant accueillir des locataires qui devaient investir le studio que cet ancien policier et gendarme et sa femme louent sur Airbnb.
Son corps sera retrouvé accompagné d’un mot attestant de son suicide. Ainsi que d’une lettre manuscrite de deux pages destinée à sa femme et dans laquelle il explique son geste et l’homme qu’il a été.
Dans un compte rendu de l'interrogatoire qu'a pu se procurer Le Parisien, les quelques heures avant son suicide, au Grau-du-Roi, sont également pour la première évoquées par sa femme.
Son parcours semé de meurtres
François Vérove à vécu à Montpellier où il a travaillé au commissariat central, puis à Prades-le-Lez où il était conseiller municipal et enfin à la Grande-Motte où il était décrit comme voisin bienveillant et père de famille sans problème. Mais des années après, son passé l’a rattrapé. Un coup de fil le 24 septembre a sonné la fin d’années de planque et de dissimulation.
La chute est venue d’un appel téléphonique passé par la PJ de Montpellier à son ancien numéro, utilisé par son épouse. "Je lui ai répété les termes que le commandant avait utilisés. Il y a une enquête rouverte, on convoque tous les anciens gendarmes pour des faits qui avaient eu lieu entre 1986 et 1992. Il a appelé immédiatement", dira sa femme. Son mari prend rendez-vous pour le mercredi suivant 29 septembre à 17 heures. « Il raccroche, il me dit OK, c’est pour une vieille affaire," précise-t-elle.
Pour ces cinq victimes, une trace ADN identique a été isolée. Il sait son heure arrivée. Ne dit ni ne montre aucune inquiètude selon son épouse qui dit découvrir après sa mort la double facette de son mari.
Le compte à rebours
"Il m’a dit bisous, au revoir, chérie", rapporte son épouse. Ce lundi 27 septembre, François Vérove enfourche son vélo électrique et se dirige vers le Grau-du-Roi pour rejoindre un studio de location que le couple possède. Il prétexte à sa femme qu'il doit accueillir de nouveaux locataires. "Il était comme d’habitude", assure-t-elle.
A ce moment là, il sait qu'il doit réaliser un test ADN et que les traces retrouvées sur une série de meurtres depuis 35 ans en feront de lui l’auteur. Quand la juge d'instruction Nathalie Turquey demande à sa femme si elle a remarqué un quelconque changement après le coup de fil, elle répond : "Non, aucun changement".
Selon le Parisien , ne voyant pas son mari revenir, la mère de famille s’inquiète et prévient les gendarmes de sa disparition. Entendue le mardi 28 septembre par la brigade de La Grande-Motte, elle explique n’avoir aucune raison de penser qu’il puisse avoir disparu volontairement. Auditionnée beaucoup plus longuement par la juge Turquey, elle racontera une vie de couple sereine et sans problème avec un mari peu bavard mais attentionné et aimant cuisiner. Elle évoque aussi un père aimant et présent pour ses enfants.
Son corps sera retrouvé deux jours plus tard , sur un matelas où il a absorbé des médicaments. Avec un mot, disant : « Le 27/09/2021. Mon nom est François VEROVE. Je viens de me SUICIDER, EN CAS DE COMA NE PAS TENTER DE ME REANIMER,MERCI ».
" Il me fallait tuer "
Sur une table de l’appartement, il a également laissé une lettre manuscrite de deux pages à destination de sa femme, dans laquelle il confesse son passé.
« Ma chérie, je vais t’expliquer pourquoi j’ai dû partir » commence-t-il ses aveux . « Tu m’as connu en 1984, jeune gendarme. Tu avais pu déjà déceler quelques difficultés que je cachais. En fait, je traînais une rage folle qui ont fait de moi un criminel. Par périodes, je n’en pouvais plus et il me fallait détruire, salir, tuer quelqu’un d’innocent », confesse -t-il, parlant de « pulsions grandissantes ».
Il évoque ensuite une psychothérapie en 1997 qui lui aurait permis de prendre conscience de ses actes horribles et meurtriers. « Cela a cassé cet instinct de mort, car en tuant des innocents, c’était mes propres souffrances d’enfant que je voulais détruire inconsciemment. Cette guérison, cela a été une véritable délivrance, une véritable renaissance. »
Dans la deuxième partie de sa lettre, « le Grêlé » justifie son suicide et s’adresse directement à sa famille: « Je ne pouvais effacer le passé. Après plus de trente ans, le système judiciaire m’a rattrapé. Afin d’éviter un procès qui aura des conséquences sur vous, j’ai pris la décision de partir (…) Je ne pourrai jamais effacer le mal que j’ai fait à ma famille ainsi qu’aux familles des victimes. C’est mon plus grand regret. Je ne sollicite aucun pardon parce que tout ceci est impardonnable. » Il conclut ainsi : « Je vous aime plus que tout au monde et déteste ce criminel que j’ai été ».
D'autres enquêtes se poursuivent pour savoir notamment s'il aurait pu, un jour, commettre des meurtres en région Occitanie.