Laura, une Aveyonnaise et Lindo, un Toulousain, vivent en Australie. Depuis plusieurs mois, des incendies ravagent le pays, causant le décès de 24 personnes et tuant des millions d’animaux. Laura et Lindo observent tous ces changements avec tristesse.
Depuis plusieurs mois, des incendies ravagent l'Australie, causant 24 décès et tuant des millions d'animaux. Une véritable catastrophe environnementale, suivie en tant réel sur une carte.Laura, une Aveyronnaise de 25 ans, vit depuis 10 mois en Australie. Avec une amie, elle effectue un "road trip", c’est-à-dire un voyage le long des routes australiennes. A chaque étape, elle immortalise ses aventures dans des vidéos qu’elle publie sur les réseaux sociaux.
Lindo, quant à lui, a déjà traversé le pays, direction Adélaïde. Là-bas, il fera du volontariat dans une communauté aborigène. Si ses plans ne changent pas d’ici là en raison des incendies.
Je suis prêt à changer de direction si le voyage est trop risqué. Les feux bougent assez vite.
"Le voyage à Adelaide était prévu depuis longtemps mais l’idée d’y aller est renforcée du fait que ce soit situé dans le désert, et cela me permettra de rester quelques temps à l’écart des feux. Je suis en Australie depuis le 15 octobre et j’ai eu la chance d’échapper de feu à l’arrivée des deux en allant en Tasmanie."
Laura a commencé ce voyage il y a près d’un an, sur la côte ouest et dans le nord du pays. A ce moment-là, les incendies ne ravageaient pas encore l’Australie.
En novembre, j’étais dans le Queensland à Gatton et les incendies commençaient doucement à sévir. Tous les matins au réveil, le ciel était plein de fumée et le soleil était rouge orange. C’était la première fois que je voyais ça, j’étais impressionnée et terrifiée.
Plus tard, l’Aveyronnaise quittera le Queensland, direction Sydney, la ville la plus peuplée d’Australie. "Sur la route, j’apercevais au loin plusieurs feux. Certaines routes secondaires étaient fermées et c’était triste de voir certains endroits complètement brûlés, noirs, déserts, comme une vision d’apocalypse. A Sydney, le ciel est "smoky" (enfumé) mais l’air est encore assez respirable. Il y a du vent, du soleil et il doit pleuvoir bientôt… Ca dépend des jours. Je compte rester ici pour trouver un travail car pour l’instant, il est risqué de s’éloigner de Sydney. Normalement, ici, nous n’avons rien à craindre."
Continuer le voyage malgré tout ?
D’après Laura, l’ambiance à Sydney est bonne entre les "backpackers" autrement dit, les voyageurs.Ils font toujours autant la fête, il y a toujours du monde dans les bars.
Mais beaucoup d’entre eux se mobilisent pour aider les citoyens australiens face à ces incendies qui ravagent le pays. "L’auberge dans laquelle je séjourne collecte des vêtements et de la nourriture pour ceux qui ont tout perdu dans les incendies. J’ai donné un peu d’argent à une association d’aide aux animaux et je compte faire du bénévolat mais cela devient de plus en plus compliqué car les associations sont à la recherche de personnes qualifiées. Je vais essayer de faire mon maximum pour apporter mon aide."
Du côté de Lindo, l’impression est la même.Je suis très triste de voir tout ça.
Je n’ai pas l’impression que les gens s’inquiètent spécialement.
"Par exemple, un feu s’était déclenché à 15 kilomètres de notre camp et le staff australien n’était pas effrayé. Moi je suis inquiet. Inquiet pour ma sécurité, celle des autres mais cela ne va pas m’empêcher de continuer mon voyage. Je vais me diriger vers des zones touchées dans quelques jours."
24 victimes et des dégâts considérables
Le bilan de ces incendies s’alourdit de jour en jour. Ils ont fait une 24ème victime et provoquent la mort de millions d’animaux, dont les koalas. Une carte permet de repérer en temps réel l'évolution des incendies sur le territoire.Plusieurs vidéos ont fait le tour des réseaux sociaux, comme celle-ci, où l'on peut voir un koala assoiffé, réclamant de l’eau à des cyclistes :
A Sidney, des températures record ont été enregistrées le samedi 4 janvier. 48,9 degrés ont été relevés à Penrith, dans la banlieue ouest.
Selon l’AFP, Sydney, qui compte plus de 5 millions d’habitants, est menacée de coupures de courant après la destruction par les feux de deux postes électriques, et les autorités ont appelé les habitants à restreindre leur consommation d'électricité.
Les choix du gouvernement remis en question
Lindo a contacté son chef pour nous. Richard vit entre Sydney et l’île de Tasmanie. Issu d’une famille d'agriculteurs producteurs de baies, il a constaté de réels changements climatiques ces 20 dernières années. Voici son témoignage :Les étés sont de plus en plus secs, les tempêtes de plus en plus fortes.
"Le climat change. Toutes ces choses sont assez difficiles à gérer pour les agriculteurs. Nous avons de la chance en Tasmanie, nous avons de bonnes sources d’eau et la température est moyenne. Beaucoup de producteurs du sud de l’Australie se délocalisent en Tasmanie car il y fait moins chaud. 8 mois par an, je vis à Sydney et ma famille y vit toute l’année. Je cumule deux jobs pour compléter mes revenus d’agriculteur. Je suis triste en imaginant mes perspectives personnelles…
Avant d'ajouter :
Je pense que le gouvernement australien n’a pas pris au sérieux les changements climatiques.
"Et s’ils l’ont pris au sérieux, ils n’en ont pas fait assez. (…) Nous sommes revenus en arrière, c’est décevant. Il y a des endroits en Tasmanie qui n’ont jamais brûlé et qui ont des milliers d’années."
L’année dernière, il n’a pas plu de tout le mois de janvier, ce qui n’était jamais arrivé !
"Aujourd’hui, des endroits qui n’avaient jamais été touchés brûlent à leur tour et ce n’est pas normal. C’est triste à voir. La Tasmanie ne brûle plus, mais Sydney oui. Ma femme et mes enfants vivent là-bas et sortent rarement car l’air est très pollué. Ce qui me gêne, c’est que cette situation pourrait bien devenir "normale".
Pour Laura aussi, les autorités sont responsables de cette catastrophe naturelle. "Ici, nous parlons beaucoup du gouvernement qui ne reconnaît pas le réchauffement climatique et qui continue sa politique pro-charbon. Il faudrait que tout le monde prenne conscience de ce qui est en train de se passer."
Les voyageurs ne comptent pas écourter leur voyage pour le moment. Plusieurs cagnottes en ligne circulent sur les réseaux sociaux afin d'aider la population sur place, partagées par Laura, entre autres.A mon niveau, il est difficile de pouvoir changer les choses, mais j’espère qu’un jour, les autorités prendront les bonnes décisions pour le futur.