Champion du monde de biathlon, samedi, en sprint, Martin remet çà ce dimanche, avec la poursuite. Un grand doublé.
Biathlon Mondiaux : Fourcade champion en sprint
"C'est le plus beau jour de ma vie", a lancé Martin Fourcade après avoir sauté de joie sur la première marche du podium du sprint des Mondiaux de biathlon, victoire qui le place idéalement pour la poursuite dominicale dont il est tenant du titre, samedi à Ruhpolding, en Allemagne.
Le Catalan Martin Fourcade a montré dimanche qu'il était le patron du biathlon mondial en ajoutant le titre de la poursuite ce dimanche à celui du sprint de samedi, aux Mondiaux de Ruhpolding en Allemagne. Un beau doublé pour un champion réservé.
Deux titres, "ça dépasse tout ce que je pouvais espérer dans ma vie", assurait le lauréat français, tout sourire après son exploit faisant de lui le troisième biathlète de l'histoire à réaliser le doublé sprint-poursuite après le Russe Pavel Rostovtsev et le Norvégien Ole Einar Björndalen (3 fois).
Alors pourquoi ne pas envisager une passe de trois avec l'individuel mardi, réussie par son compatriote Raphaël Poirée en 2004 à Oberhof (Allemagne), voire réaliser un grand chelem avec la mass-start dont il est vice-champion olympique ?
"Il faudra pour ça mieux tirer car à l'individuel, la balle ratée coûte cher (1 min de pénalité)", soulignait le Français, surpris d'avoir pu s'imposer en commettant quatre fautes sur le pas de tir dont deux sur le dernier tir debout, au sortir duquel il rejoignait rapidement le Suédois Carl Johan Bergman.
Mais ses qualités exceptionnelles de skieur ont fait la différence. A la bagarre avec le Suédois, médaillé de bronze la veille, Martin Fourcade a déposé son adversaire dans une montée pour s'envoler vers la victoire.
Le Suédois déposé, le cadet des frères Fourcade pouvait "savourer les acclamations" de l'immense tribune pleine à craquer où, comme la veille, flottait une marée de drapeaux allemands.
Déclaration de Martin Fourcade (FRA - vainqueur) :
"Ca dépasse tout ce que je pouvais espérer dans ma vie. C'est super de garder ce titre, que la poursuite reste en France. Garder ce maillot jaune, c'est le principal objectif de la fin de saison. (quand il dépasse Bergman en montée) J'avais mal partout mais j'étais confiant en ma forme. Et je ne voulais pas finir au sprint avec Bergman dans la dernière ligne droite car c'est un excellent sprinteur. C'était l'endroit stratégique le mieux adapté pour attaquer. Et je voulais finir seul. J'abordeai les autres courses avec le même état d'esprit. Il faudra mieux tirer car à l'individuel, la balle ratée coûte cher (1 min de pénalité)".
Martin Fourcade : le patron du biathlon mondial :
Vice champion olympique en 2010, champion du monde en 2011 et déjà double médaillé d'or à Ruhpolding: à 23 ans, Martin Fourcade s'est installé au sommet de la hiérarchie mondiale du biathlon en conservant une forme décontraction.
Un an après la première pépite ramenée du froid sibérien de Khanty Mansiysk, le vice-champion olympique de Vancouver a déjà réalisé un doublé sprint-poursuite à Ruhpoding, que seuls deux hommes avaient réussi avant lui: le Russe Pavel Rostovtsev et le légendaire Ole Einar Björndalen.
Cette collecte en cours s'ajoute à de logiques prétentions sur un premier grand globe de cristal, confirmant les éloges de Björdalen qui voit en lui "l'un des plus grands talents de la discipline".
Sans l'exemple de son frère aîné Simon, Martin Fourcade n'aurait sans doute pas fait carrière dans le biathlon.
Enfant, dans son village de La Llagonne, près de Font-Romeu dans les Pyrénées, il s'essaie au VTT, au hockey sur glace, à la natation, à l'athétisme, au judo, au triathlon et finalement au biathlon quand Simon engrange quatre titres de champion du monde junior.
Comme son frère, Martin s'exile, adolescent, dans les Alpes, mais sa famille, ses amis et sa région lui manquent trop et il fait marche arrière, abandonnant même le biathlon pendant presque un an.
La deuxième tentative en 2005, dans le Jura cette fois, sera la bonne. "J'ai tout fait pour leur montrer que j'en étais capable, même si eux ne m'ont jamais poussé, pas des parents +à la Serena Williams+", se souvient-il.
Même s'il n'est pas un cador chez les juniors, l'encadrement de l'équipe de France le repère vite en raison de ses capacités physiques "hors normes" et une vitesse sur les skis qu'il a lui-même du mal à expliquer.
"Si je savais, j'écrirais un livre et je serai millionnaire", plaisantait-il après son triomphe en poursuite, citant plus sérieusement "des qualités naturelles, un bon entraînement et surtout un mental de compétiteur".
Au contact de son frère, il a appris la rigueur, tout en gardant une espèce de nonchalance qui lui vaut longtemps la réputation de dilettante alors qu'il a consenti d'énormes efforts pour trouver de la régularité derrière sa carabine.
"Il a montré à Ruhpolding que tous ceux qui le traitaient de nonchalant étaient à côté de la plaque", se réjouissait Simon, alors que Martin aime plus se qualifier "d'insouciant".
Le biathlon, il l'aime. "J'aime ce que je fais, je vis bien avec ma copine. Mais le biathlon fait partie de ma vie. Ce n'est pas toute ma vie. Il faut prendre ça comme un jeu", assure-t-il, le même message qu'il répète à Simon lorsque ce dernier cède à la pression.
Si de nombreuses médailles lui tendent encore les bras jusqu'à l'heure de la reconversion, l'Isérois d'adoption (vit à Villard-de-Lans, Alpes du Nord) sait qu'il ne fera pas une carrière à la Bjoerndalen, biathlète le plus titré de l'histoire qui parle déjà des JO de Sotchi où il aura 40 ans.