Filiale du groupe Potez Aéronautique, Potez Composites envisage le licenciement de 9 salariés. La direction justifie cette décision par la baisse d’activité du secteur aéronautique. L’entreprise vient pourtant d'obtenir un prêt de 800.000 euros garanti par l’État.
En décembre 2019, le groupe Potez Aéronautique rachète l’entreprise lotoise Aérofonctions qui devient Potez Composites. Fournisseur de rang 2 Potez Composites est spécialisée dans la fabrication de produits en matériaux composites destinés à l’aviation civile et militaire.
Elle intervient dans la fabrication de 3 types de produits :
- des sous-ensemble destinés aux aérostructures,
- des sous-ensemble destinés aux équipements électriques et de conditionnement d’air,
- des aménagements cabines
Des difficultés de longue date
Dans un document interne que nous nous sommes procuré, la direction de Potez Composites dresse les raisons de ses difficultés financières dues, selon elle à plusieurs facteurs. Tout d’abord, l’absence de nouveaux programmes d’avion commercial depuis la mise en service de l’A350. Des marchés basés sur des prix établis entre 2010 et 2016 dont le plus ancien repose sur un prix en dollar (USD) qui a baissé de 15%. Enfin, l’arrêt des vols et la réduction drastique des commandes avec la crise sanitaire.
Dans ce même document, la direction de Potez Composites dresse un état des lieux du chiffre d’affaires de l’entreprise. Après une évolution constante jusqu’en 2017, le CA a stagné à 6,5 millions d’euros cette année-là avant de baisser tous les ans de 2018 à 2020. Pour l’année en cours, le prévisionnel est de 3,4 millions de chiffre d’affaires, en baisse de 50% en 3 ans.
Faire face à la crise
Après avoir mis fin aux missions des intérimaires et aux contrats CDD, la direction estime que l’entreprise est toujours en sureffectif de 6 à 7 personnes. Dans ce contexte, elle a donc procédé au licenciement de 9 des 60 salariés du site lotois.
Une annonce qui passe mal chez les salariés concernés pour lesquels ces licenciements économiques auraient pu être évités.
Le 16 juin, un CSE extraordinaire validait le licenciement de 9 des 40 salariés du secteur production. Dans le même temps, la direction annonçait aux membres du CSE avoir obtenu un prêt de 800.000 euro garanti par l’État dans le cadre des mesures mises en œuvre pour faire face aux conséquences de la crise sanitaire.
Sous couvert d’anonymat tant qu’ils n’ont pas reçu leur lettre de licenciement, des salariés licenciés nous ont fait part de leur incompréhension.
D’autres solutions étaient envisageables s’étonnent ces salariés. « Tous les salariés de l’entreprise travaillent 39 heures par semaine malgré 60% de chômage partiel. Passer aux 35 heures, comme dans beaucoup d’autres entreprises permettrait de sauver au moins 4 emplois »On trouve litigieux d’annoncer des licenciements après avoir bénéficié d’un prêt sensé être accordé pour préserver les emplois. Des licenciements sont peut-être indispensables, mais il n’y avait pas de raisons de se précipiter.
Même étonnement s’agissant des critères pris en compte dans le choix des personnes licenciées. « 3 salariés qui ne sont pas parmi ceux licenciés sont en âge de partir en retraite anticipé. Aucune proposition ne leur a été faite. Leur départ aurait permis de sauver 3 emplois de plus »
Le 1er juillet, les 9 salariés visés par un licenciement économique ont été reçus pour un entretien préalable. Leurs lettres de licenciement devraient leur parvenir d’ici au 10 juillet. Ils envisagent de s’y opposer en déposant un recours devant le tribunal des Prud’hommes.
Joint par téléphone, le directeur de Potez Composites n’était pas disponible pour répondre à nos questions. Il nous a demandé de le recontacter ultérieurement.