La cour d'assises du Lot jugera à compter de ce mercredi un éleveur à la retraite de 66 ans. Il est poursuivi pour l'assassinat de sa femme. Les faits remontent à mars 2017. Il avait lui même appelé les gendarmes après avoir tiré trois coups de fusil sur son épouse.
Il avait accueilli les gendarmes en souriant, assis près du corps de sa jeune épouse malienne: Jean-Paul Gouzou, un éleveur à la retraite de 66 ans comparaît à partir de mercredi devant la cour d'assises du Lot pour avoir tué sa femme de trois coups de fusil.
Très peu de temps après ce meurtre, des proches avaient dénoncé l'inertie des pouvoirs publics. La jeune femme avait porté plainte pour violences.
Une issue dramatique prévisible ?
L'assassinat de Djeneba Bamia est un dossier exemplaire de féminicide, qui "coche toute les cases" de ces cas à l'issue dramatique "prévisible", estime Me Anne Bouillon, l'avocate de Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF), partie civile au procèsIl y avait "une procédure de séparation en cours, des enfants, un contexte de violences, un homme qui a le sentiment que les choses lui échappent", décline-t-elle.
Le 3 mars 2017, les gendarmes de Figeac se rendent à la ferme de Jean-Paul Gouzou, à Gorses, un village à 80 km au nord est de Cahors. Le retraité vient d'avouer au téléphone qu'il a tué son épouse malienne, de 20 ans sa cadette. Aux enquêteurs, il affirme qu'il a mûri son geste: "Vendredi matin, la décision était prise. J'ai commencé à préparer mes valises car j'ai bien compris les conséquences de l'acte que j'allais commettre".
Tout au long de l'enquête, cet ancien officier de réserve dans le gendarmerie maintiendra que tuer était "la seule solution", ajoutant que si c'était à refaire il le referait.
Il ne supportait pas que son épouse, dont il vivait séparé depuis un an, prépare un voyage au Mali avec leurs trois enfants et son nouveau compagnon.
Le mari avait l'interdiction de détenir une arme
Retraité de la Mutuelle sociale agricole, il avait rencontré Djeneba Bamia, technicienne vétérinaire, lors d'un voyage professionnel en 2006 au Mali.Le couple se marie en 2008, a un garçon et deux filles. Mais en 2016 ils se séparent, sur fond "de violences psychologiques et de brimades", rapportera pendant l'enquête une amie de la victime sous le nom d'emprunt de Nicole.
Djeneba avait alors repris en fermage l'exploitation du petit troupeau de charolaises de son mari.
En avril, une ordonnance de protection interdisait à l'accusé de détenir une arme et plusieurs plaintes croisées émaillaient le conflit entre époux, notamment pour non-présentation d'enfants.
Jean-Paul Gouzou, qui habitait toujours sur son exploitation, répétait sans cesse à son ex-compagne qu'elle n'était "bonne à rien", "il l'a complètement démolie", accuse l'amie.
Elle dénonce l'inertie des institutions alors qu'elle avait même tenté d'alerter par courrier le procureur de Cahors, le préfet du Lot, ou la déléguée aux droits des femmes.
Lors de l'instruction, l'expert psychiatre a estimé que l'accusé présentait "un profil psychique rigide, manquant d'empathie, avec une distorsion radicalisée du raisonnement."
Outre la FNSF, trois parties civiles seront représentées au procès, l'Udaf pour les enfants du couple, la famille malienne de la victime ainsi que son compagnon.
En 2017 en France, 130 femmes ont été tuées par leur conjoint, ex-conjoint, petit ami, amant ou ex-amant, contre 123 en 2016, soit plus d'une tous les trois jours, selon les derniers chiffres du gouvernement.