"Ô la belle vie" fait une halte sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle

"Ô la belle vie" prend la direction du Lot pour faire une halte sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1988, cet itinéraire compte parmi les plus longs et réputés d’Europe. C’est en plein cœur du Causse, sur le tronçon de Cahors à Limogne-en-Quercy que Sophie Jovillard nous donne rendez-vous, pour de nouvelles découvertes.

Sur plus de 1500 kilomètres, le chemin de Saint-Jacques de Compostelle séduit de plus en plus de marcheuses et marcheurs du monde entier (plus de 150 000 chaque année). Du Puy-en-Velay (Haute-Loire) jusqu’en Espagne, à Saint-Jacques-de-Compostelle (capitale de la Galice), les raisons de  parcourir celle aussi appelée la Via Podiensis sont variées : quête de sens, contemplation méditative, immersion dans la nature, défi sportif, ou dépassement de soi. Et si l’esprit du chemin préconise solitude, silence et lâcher-prise, les rencontres que l’on peut y faire sont toujours riches d’échanges et de partages. 

En plein cœur du Causse du Quercy, sur le tronçon de Cahors à Limogne-en-Quercy, Sophie Jovillard nous emmène à la rencontre de plusieurs passionnés que l'on peut croiser sur la route, comme Claudine Baudin, autrice de guides de voyages et Jean-Pierre Ger, un sculpteur au parcours hors du commun.

La fabuleuse aventure de Jean-Pierre Ger

La vie l’a emmené un peu partout. Ouvrier sur un chantier naval, Jean-Pierre Ger devient skipper, jusqu’au jour où une tempête le jette à la rue. Employé dans le milieu agricole, puis dans l’industrie de la viande, un burn-out le stoppe net dans sa course effrénée. Il se remet de ses épreuves grâce à la marche. Il raconte à Sophie "Un jour, en me promenant dans les bois, je ramasse un bâton et décide de le sculpter. Mon épouse me dit : tu devrais en faire d’autres". De fil en aiguille, les commandes affluent. Et puis, cherchant à déménager, son aventure le mène, par le plus beau des hasards, jusqu’à Limogne-en-Quercy au cœur du GR®65 "La maison est d’un côté et mon atelier de l’autre, le chemin passe au milieu des deux". Quand le destin s'en mèle...

Aujourd’hui, sa spécialité est de sculpter des animaux totems sur ses bâtons de pélerin. Chiens, chats éléphants, bestiaux divers et variés, il y en a pour tous les goûts. Il donne à chacune de ses sculptures un sens particulier "la thématique du Scorpion, c'est le guerrier patient". En phase avec le slogan de son entreprise " Découvre ta vraie nature", il explique à Sophie : "Je voulais que les gens partent avec quelque chose qui leur ressemble le plus possible". 

Claudine Baudin, gardienne du patrimoine local

Claudine Baudin est autrice de guides de voyages sur le chemin. Elle s’est donnée pour mission de faire découvrir les trésors qu'il recèle. il y a 20 ans, avec son mari, ils restaurent leur grange pour en faire des chambres d'hôtes pour les pélerins de passage (La Hulotte). Chaque soir au moment du repas, quand elle discutait avec les pélerins, la même question revenait sans cesse : "Et dans le coin, qu'est-ce qu'il y a à voir ?". Portant un grand intérêt à la préservation du patrimoine, elle se dit qu'il y a quelque chose à faire. C'est ainsi qu'elle décide avec sa fille Loriane qui travaille dans l'édition, de se consacrer à la réalisation d'ouvrages dédiés au chemin. Le premier va du Puy-en-Velay à Conques dans l'Aveyron, le second de Conques à Cahors, le troisième de Cahors à Condom. Et le quatrième, de Condom à Saint-Jean-Pied-de-Port, verra le jour à la fin de l'année.

L’œuvre-refuge "Pecten Maximus"

Parmi les cabanes et abris du chemin, nous découvrons, toujours sur le GR®65, à 2 km en amont de Limogne-en-Quercy l’œuvre d’art refuge "Pecten Maximus". Il s'agit du nom latin de la coquille Saint-Jacques, emblème le plus reconnu que les pélerins accrochent à leur sac à dos en guise de ralliement. Créée par l’artiste et architecte Sara de Gouy dans le cadre de l’aventure artistique "Fenêtres sur le paysage" elle s'inscrit dans une démarche qui relie l'art contemporain à l'histoire patrimoniale. Sa réalisation a été soutenue par l'association lotoise "Derrière le Hublot" avec la participation de l’agence française des chemins de Compostelle. Achevée en novembre 2022, elle est ouverte au public depuis avril 2023 et peut accueillir des marcheurs, pèlerins, habitants, le temps d’une nuit.

La dalle, constituée de béton maritime est réalisée à base de milliers de coquilles concassées,  tandis que le toit, en forme de coque de bateau renversé, est recouvert de 8000 coquilles. Une idée inspirée par le lointain passé marin du territoire, où l’on trouve des fossiles de coquillages datant de 170 millions d’années. Voilà de quoi nourrir son imaginaire et s’échouer en plein coeur des Causses du Quercy pour une belle nuit de repos avant de poursuivre son voyage.

"Ô la belle vie : voyage en vallée du Lot". A voir le dimanche 11 juin 2023 à 12h55. Une émission réalisée par Laurent Desvaux. Une coproduction France 3 Occitanie et Grand Angle Production.