Le gouvernement a annoncé une série de mesures pour tendre vers le "zéro accident". Formation des chasseurs et règles de sécurité doivent être renforcées. Le plan chasse prévoit aussi la création d'une application de géolocalisation pour les usagers de la forêt. Réactions des pro et anti-chasse dans notre région.
"Il faut apaiser les tensions de ces dernières années" estime Bérangère Couillard. La secrétaire d'État à la biodiversité à dévoilé ce lundi 9 janvier 2023 les contours de son plan chasse.
Un plan qui doit permettre de tendre vers le "zéro accident" a affirmé la secrétaire d'État.
- Pas de journée sans chasse
Un temps évoquée par l'exécutif cette piste a finalement été abandonnée. " Ça n'est pas une surprise. Les chasseurs, qui représentent un électorat non négligeable, ont clairement fait pression sur le gouvernement", souligne la Lotoise Léa Jaillard, membre du collectif anti-chasse "Un jour un chasseur".
Pour les pro-chasse l'interdiction de chasser une journée ou une demi-journée par semaine était la ligne rouge à ne pas franchir.
"Partout sur domaine public la chasse est déjà interdite le dimanche. En revanche, je ne vois pas au nom de quoi on aurait interdit la chasse le dimanche sur le domaine privé. Les propriétaires doivent pouvoir faire ce qu'ils veulent faire de leur terrain" estime Michel Bouscary, président de la Fédération de chasse du Lot.
- Un délit d'alcoolémie
Bérangère Couillard a annoncé l'interdiction de la pratique de la chasse sous l'emprise de l'alcool avec la création d'une contravention à partir de 0,5 gramme d'alcool dans le sang, comme pour les automobilistes.
"C'est une mesure de bon sens. C'est vraiment le minimum que le gouvernement puisse faire. C'est dire les carences qu'il y avait jusqu'à maintenant" explique Léa Jaillard.
Et cette mesure fait aussi l'unanimité chez les chasseurs.
"C'est tout à fait normal, on ne peut pas manipuler des armes et être positif à l'alcool. Ceci dit il y a bien longtemps qu'il n'y plus de gens ivres à la chasse. On nous a diabolisés" s'agace le président de la fédération de chasse du Lot.
- Formation des chasseurs et des directeurs de battue
Le gouvernement veut généraliser une formation à la manipulation pratique des armes pour l'ensemble des chasseurs. "Un chasseur sur deux devra être formé d'ici 2025 et tous les chasseurs devront l'être d'ici 2029", a indiqué la ministre.
Les organisateurs de battue (environ 200.000 personnes) auront l'obligation de recevoir une formation spécifique par les fédérations "rappelant notamment les règles de sécurité et les enjeux de communication avec les riverains".
"J'y suis très favorable. Nous organisons déjà des formations annuelles sur notre territoire à destination des directeurs de battue. Ca n'est pas obligatoire mais nous avons pris les devants", souligne Michel Bouscary.
- Mise en place d'une plateforme de géolocalisation numérique
Pour mieux informer les promeneurs et autres usagers de la nature, une plateforme numérique sera mise en place à l'automne pour identifier les zones et les horaires non chassés.
Les organisateurs de chasse collective auront l'obligation de s'y déclarer.
Une mesure qui légitime la privatisation de la forêt selon Léa Jaillard. La fondatrice du collectif "Un jour un chasseur" estime que "cela incite les chasseurs à être moins vigilants et porte la responsabilité sur les promeneurs. C'est le monde à l'envers. Personnellement lorsque je me balade, je n'ai pas envie de regarder mon téléphone toutes les 10 minutes" s'insurge la jeune femme.
La mise en place de cette application laisse aussi les chasseurs perplexes. "Il y beaucoup de zones blanches en forêt et puis nombreuses sont les personnes qui ne maîtrisent pas les smartphones et leurs applications", relate Michel Bouscary. Et d'ajouter " nous signalons déjà nos battues à l'aide de panneaux."