Kevin Rolland a remporté la médaille de bronze du Ski half-pipe ce mardi 18 février. Une troisième place un peu décevante mais qui fait la joie du jeune athlète qui s'entraîne dans les Alpes. Un titre olympique dont la famille de Kevin qui réside à Meyrueis, en Lozère, est très fier.
Pour Kevin Rolland, "la joie" de monter mardi sur le premier podium olympique de ski half-pipe "a pris le dessus" sur la déception de voir l'or lui échapper aux Jeux de Sotchi.
Q: Vous qui avez tout gagné, comment prenez-vous cette médaille de bronze?
R: "J'avais beaucoup dit avant, qu'avec une médaille, je serais heureux mais pas comblé. Je suis quand même vraiment content. Ce qui prend le dessus, c'est la joie car ce n'était vraiment pas gagné de monter sur le podium avec des conditions pareilles.
Moi, ce n'est pas mon fort ces conditions. J'avais très peur de ces JO parce que les conditions étaient horribles, alors je suis très heureux d'avoir réussi ma course. Mais il me manque une petite ligne à mon palmarès, alors je crois qu'il va falloir que je cours encore quatre ans. Je reste aussi un peu déçu ce soir parce que je voulais offrir un grand show au grand public qui n'a pas beaucoup l'occasion de voir du freestyle à la télé, mais cela n'a pas vraiment été le cas. Cela fait plaisir d'être sur la page, l'histoire était en train de se créer ce soir, et cela aurait été triste de ne pas en faire partie."
Q: Selon vous, cette compétition n'était pas à la hauteur de sa grande première olympique?
R: "Non, malheureusement le show n'était pas à la hauteur. Ce n'est pas que moi. Le spectacle en général n'était pas fou. Par rapport à des +runs+ qu'on a pu faire aux X Games, le niveau était en dessous. On l'a vu sur l'amplitude et la combinaison des sauts. Cela allait avec les conditions, c'est le sport."
Q: Comment avez-vous géré vos combinaisons dans ces conditions?
R: "J'étais tout excité au départ. A chaque run, j'ai changé de plan. J'ai beaucoup échangé avec mon +coach+. Je lui demandais ce qu'il fallait que je fasse: +J'assure ou je n'assure pas?+ Il a fallu improviser. Le plus important était de garder de l'amplitude. Moi, je fais trois double rotations dans mon run. J'ai vraiment besoin d'avoir de l'amplitude pour le faire et je n'en avais pas. Il a fallu tout envoyer.
Avec mon premier run, j'ai assuré justement pour essayer d'attraper une petite médaille. Il n'était pas question que cela soit tout ou rien. Avant mon deuxième, je sais qu'il faut que j'envoie tout mais je sais aussi qu'il y a beaucoup de chance pour que je n'arrive pas à passer la figure sur laquelle j'ai travaillé. Cela n'a pas marché malheureusement. J'ai perdu en plus un bout de mon bâton dans les airs, ce qui m'a perturbé, mais ce n'est pas le plus grave."
Entretien AFP lors de la conférence de presse.
Il était l'un des favoris, il termine 3e. Kevin Rolland a remporté la médaille de bronze, mardi, en ski acrobatique, ou half-pipe. Ce sport spectaculaire faisait son entrée dans l'histoire des Jeux Olympiques. Pour cette première, la hiérarchie est respectée: sur le podium, les 3 derniers champions du monde de la discipline.
L'Américain David Wise (en 2013) remporte l'Or, le Canadien Mike Riddle (en 2011) l'Argent, et Kevin Rolland (en 2009) le Bronze.
A Meyrueis, en Lozère, où vivent le père et le frère de Kevin, les amis et la famille étaient gonflés à bloc lors de la compétition.
Compétiteur né, Rolland ne vivait que pour l'or olympique, lui le "Frenchy" qui a su imposer sa loi aux Américains, chez eux, où a été inventé cet art de s'envoyer en l'air skis aux pieds.
Champion du monde 2009 et double vainqueur des X Games d'Aspen, il avait des ambitions légitimes mais il craignait plus que tout une mauvaise météo, qui nivelle les +riders+ en abîmant le +pipe+ et rend compliqué les doubles rotations, les figures qui font la différence. Et de ce côté, il a été servi avec des chutes de gros flocons de neige molle et humide.
"Dans ces conditions j'étais loin d'être un favori. Ce n'était pas gagné de monter sur le podium. J'improvisais pendant mes runs", a-t-il expliqué.
"Il faut que je kiffe"
Loin de l'image caricaturale du glandeur fumeur de cigarettes qui font rire, autrefois véhiculée par son milieu, Rolland se shoote plutôt à un cocktail détonnant, mélangeant stress et plaisir.
"Pour être performant, il faut que je kiffe, dit-il. Quand je monte à six mètres de haut et que je repose à la perfection, ça procure des émotions super intenses et ça fait que je progresse."
Mais la boule au ventre est aussi son compagnon de chambre. Identifié avant Sotchi comme une possible médaille d'or pour la France, Rolland se trimballait non seulement la pression du résultat mais également le poids d'un sport en mal de reconnaissance.
"Je suis un grand stressé, avouait-il récemment. C'est bon signe pour moi, j'en ai besoin, c'est un moteur." Pour son entraîneur Grégory Guenet, +Mitch+ (son surnom) est "un mec qui va se faire 20 milliards de films mais qui, une fois sur les skis, devient une machine".
Le grand exploit du Français est en fait de savoir durer, de rester au sommet malgré les blessures et les années qui passent dans un sport où les +tricks+ (figures) se périment plus vite que des yaourts.
"Double cork 1260"
"Tu peux être au top et ne pas te qualifier en finale l'année d'après car tu as chômé, assure-t-il. Il faut toujours voir quelle figure va plaire, trouver le détail qui va bien, le geste parfait."
En pionnier, il a ainsi été le premier à passer un "double cork 1260", devenu sa marque de fabrique mais qu'il n'a pas pu placer aux Jeux à cause du déluge de neige. En Français, ça donne: "Trois tours et demi en passant deux fois la tête en bas et en attrapant ton ski vers l'avant."
Une manoeuvre qui ne s'apprend pas en bullant l'été au bord du lac d'Annecy mais qui exige des heures de travail, sur trampoline ou en "water jump", avant même d'arriver à le reproduire sur la neige dans un demi-tube aux parois de sept mètres de haut.
"Cela fait des années que je revendique qu'on est des athlètes, qu'on s'entraîne sérieusement, plaide le Français. Dans les yeux des gens, on était des tarés. On est tarés mais on s'entraîne!".