La Lozère est une terre d'élevage où la race Aubrac est reine. Instaurer un menu végétarien obligatoire chaque semaine dans les cantines scolaires de la maternelle au lycée est mal vécu par les élus, les agriculteurs et les parents d'élèves... qui sont souvent les mêmes personnes.
Ce jour-là, à la cantine de Malbouzon, petite école de l'Aubrac en Lozère, il y a des frites et du steak hâché, le menu préféré des enfants.
Depuis le 1er novembre 2019, la loi impose aux cantines scolaires de servir un repas végétarien par semaine aux élèves, de la maternelle au lycée.
Une décision que Xavier Poudevigne, le maire de Malbouzon, a refusé d'appliquer, en accord avec les familles.
Et il explique que "c'est quand même compliqué parce qu'ils arrivent le soir, ils goûtent, ils vont faire un petit souper qui, souvent l'hiver, est de la soupe avec un laitage, donc si on ne leur offre pas de la viande à midi, ou un poisson, ils vont passer des journées entières sans manger de protéines."Ces enfants sont pour les trois-quarts issus du monde agricole, ceux qui ne sont pas issus du monde agricole travaillent à côté mais dépendent du monde agricole, très attachés à la viande.
Il faut dire que le maire de Malbouzon est aussi éleveur bovin.
Et il voit dans le régime végétarien une menace pour l'activité agricole, essentielle à la vie de l'Aubrac, une terre d'élevage déjà faiblement peuplée.
Le repas des 13 écoliers est préparé chaque midi par Evelyne Perret, au restaurant du village.
Pour elle aussi, un repas sans viande sur l'Aubrac est un non-sens.
Dans le temps, le vendredi on faisait le poisson, une habitude que j'ai gardée d'ailleurs. Pour la viande, je ne sais pas, chacun fait comme il veut. Moi, j'aimerais bien qu'ils mangent les produits du pays quand même, et il faudrait que ça dure.
Dans le département de la Lozère, de nombreux maires refusent le menu végétarien pour des raisons autant économiques que d'organisation.
Un mouvement impulsé par la Chambre d'agriculture de la Lozère qui a récemment voté une motion en ce sens.
Pour Julien Tuffery, vice-président de la Chambre d'agriculture, un menu végétarien en Lozère est le contraire d'une démarche environnementale.
"La protéine si nous ne l'amenons pas par la viande, on peut l'amener d'autres manières, c'est vrai,même si ce n'est pas le même type de protéines, explique t-il. Mais ce n'est pas un produit local, à l'inverse de la viande.
Le conseil départemental de la Lozère ne s'oppose pas à cette motion. Mais forme en parallèle ses cuisiniers dans l'élaboration de menus végétariens à partir de produits régionaux.Aujourd'hui, il vaut mieux manger de la viande produite localement, abattue localement, transformée localement et cuisiné localement que du soja importé du Brésil tout simplement.
Une tentative pour concilier agriculture locale et respect de la loi.