Un éleveur a été condamné ce lundi par le tribunal correctionnel à 105 heures de travaux d'intérêt général. En grande détresse professionnelle et psychologique, il avait laissé ses chèvres et brebis mourir de faim et de soif.
C’est l’histoire d’une véritable descente aux enfers qui se revit ce lundi au tribunal correctionnel de Mende. Au cours de l’hiver 2020-2021, un éleveur d’une quarantaine d’années sombre peu à peu. Installé depuis une quinzaine d’années sur le causse Méjean, en Lozère, il vit et travaille dans la plus grande solitude.
Un rêve qui s’effondre
A la barre, il raconte comment son rêve s’est effondré face à l’adversité et ses rapports de plus en plus conflictuels avec ses voisins et son syndicat agricole. “Je n’ai pas su faire, j’étais débordé, rien ne fonctionnait”, justifie l’éleveur. Son avocate plaide la relaxe. “Il ne mangeait plus, ne se lavait plus, ne sortait plus de son mobile-home”, raconte-t-elle.
300 bêtes mortes de faim et de soif
C’est un ami de l’éleveur, alerté par sa précarité mentale qui prévient les gendarmes. Arrivés à la ferme, ils font une découverte insoutenable : la ferme s’est transformée en charnier. 300 cadavres de chèvres et de brebis en putréfaction au milieu des derniers rescapés. Les animaux avaient été privés de nourriture et d’eau alors qu’il restait du fourrage en quantité suffisante.
Neuf tonnes de cadavres ont été évacués. Certaines bêtes ont dû être euthanasiées car elles étaient mourantes, seules 71 d’entre elles ont survécu.
L’éleveur quant à lui, avait quitté les lieux quelques jours auparavant.
105 heures de travaux d’intérêt général
Le tribunal correctionnel de Mende a condamné ce lundi l’éleveur à 105 heures de travaux d’intérêt général, sans lui infliger d’amende, pour avoir laissé mourir ses animaux. Si sa peine n’est pas exécutée dans les 18 mois, l’agriculteur devra effectuer deux mois de prison ferme. “Quand on est éleveur, on n’a pas que la responsabilité de soi, mais aussi celle du cheptel”, a souligné le procureur qui avait réclamé une reconnaissance de culpabilité pour le principe, ainsi qu’une peine de travaux d’intérêt général.
Le prévenu vit actuellement en Corrèze avec sa compagne. Il explique avoir “fait une croix sur l’élevage”. Sans ressources, il envisage désormais de se tourner vers l’enseignement agricole ou de devenir cultivateur.