Dans les Cévènnes, les murets en pierres sèches façonnent le territoire. Mais l'exode rural à partir de la fin du 19ème siècle a mis à mal l'entretien de ces constructions traditionnelles. Depuis 20 ans, des professionnels réunis en association remettent au goût du jour cette technique ancestrale.
Les murets en pierres sèches sont incontournables des Cévennes. Ces petites constructions ont d'abord permis de soutenir la terre afin de créer des terrasses planes sur des terrains en forte pente.
Et ainsi pouvoir plus facilement les cultiver.
Dans le même temps, ces murets ont permis de limiter l'érosion des sols.
Comme l'explique Claude Martin sur le site des artisans bâtisseurs en pierres sèches, cette technique " facilite le travail du sol tout en aidant à limiter l'érosion".
Associées à des ouvrages hydrauliques, rigoles pour l'évacuation des eaux de ruissellement, barrages, canaux pour l'irrigation, elles participaient non seulement à la protection des sols, mais aussi à la gestion des eaux.
Victime de l'exode rural et de la modernisation des techniques de construction, avec l'apparition du ciment notamment, cette technique d'assemblage des pierres sans liant, plus lente et délicate, a été progressivement abandonnée.
C'est le Parc national des Cévennes qui a eu l'idée de recenser et de mettre en contact les derniers professionnels utilisant encore cette technique dans les années 90.
L'association ABPS, pour " artisans bâtisseurs en pierres sèches ", a vu le jour en 2002.
Elle regroupe aujourd'hui 60 professionnel(le)s du bâtiment issus de 19 départements, et 4 régions, en France, Espagne et Italie.
Des stages pour le grand public
En 2015, l'association a créé sur son site historique de L'Espinas, entre Le Pont de Monvert et Alès, une école de la pierre sèche qui organise des formations pour les professionnels mais aussi des stages ouverts au grand public.
Ophélie Le Piver et Yannick Le Teurnier ont assisté à un stage tout public organisé fin juillet en contrebas du château du Tournel, un lieu choisi par le Loto du Patrimoine en 2019.
Dans le reportage ci-dessous, les stagiaires, venus de France et de Belgique, découvrent la difficulté d'ériger des murs solides sans aucun liant. Il faut caler la pierre pour qu'elle soit stable, souvent la tailler.
Un travail de fourmi, comme le décrit une stagiaire.
C'est un peu un puzzle avec des pierres toutes irrégulières, donc il faut tailler souvent pour les faire rentrer, pour avoir le moins de trous possibles.
Objectif des stagiaires : utiliser cette technique ancestrale et esthétique pour décorer leurs jardins.
Prochain stage grand public en octobre.
Quant aux professionnels, dès l'automne prochain, ils s'attaqueront à un plus vaste chantier : restaurer les hauts murs du château du Tournel. Un chantier financé par le Loto du Patrimoine.