Le gouvernement va "prendre le temps" pour boucler sa réforme des retraites, "probablement" jusqu'à mi-2019, a affirmé vendredi le Premier ministre Édouard Philippe, en visite en Lozère. Il laisse à son tour entendre que l'exécutif laisserait passer l'échéance des élections européennes de mai.
En marge d'une commémoration au Malzieu-Ville en Lozère, liée au centenaire de l'armistice de 1918, le Premier ministre est allé saluer
des habitants, et a été interpellé par des retraités.
"On va faire une belle réforme l'année prochaine, je crois vraiment", a-t-il dit à l'un d'eux, tout en rappelant qu'elle ne concernerait pas les retraités actuels ni ceux qui vont prendre leur retraite dans les cinq prochaines années.
"On prend son temps, parce que c'est long, c'est compliqué, parce qu'on veut pas faire mal, (...) pour faire en sorte que les retraites elles soient durablement acquises pour tout le monde. Et c'est ça l'objectif", a plaidé le Premier ministre.
"On a commencé au début de l'année 2018, on va aller jusque probablement au milieu de l'année 2019, parce que c'est compliqué", a-t-il poursuivi.
La concertation "nous amène déjà en avril-mai", reconnaît désormais le Haut commissaire Jean-Paul Delevoye.
Le texte de loi qu'Emmanuel Macron voulait au départ voir "voté au premier semestre" pourrait donc être déposé après les élections européennes, pour une adoption "dans le courant de l'année 2019".
Si l'exécutif fait valoir qu'il prend du temps pour soigner une réforme considérée par toutes les parties comme sensible, il n'a jamais reconnu publiquement préférer éviter de présenter son projet en pleine campagne des européennes, où le parti présidentiel de La République en Marche (LREM) vise la première place.
Si les échanges sont restés courtois au Malzieu, Édouard Philippe a été confronté à quelques retraités mécontents de la hausse de la CSG.
"Vous savez que les retraités votent aussi? Ça vous préoccupe?", a lancé l'un d'eux.
"Non, ce qui m'inquiéterait c'est qu'on ne fasse rien pour essayer de remonter le pays", lui a répondu Edouard Philippe.
"Nous avons conscience de leur demander un effort (aux retraités). Mais il est essentiel que notre société valorise davantage le travail et que le financement de la protection sociale ne se fasse pas au détriment des actifs", plaide-t-il vendredi dans une interview au Midi Libre.