Connaissez-vous l’abeille noire, l’une des 26 sous-espèces d’Europe du nord ? Moins rentable et plus sauvage que ses congénères, sa population décline en France. En Cévennes, une association lutte pour sa préservation. Reportage à Saint-Maurice-de-Ventalon et au Pont-de-Montvert.
Au fond d'une vallée cévenole, nichée entre le Mont-Lozère et le Mont-Aigoual, nous découvrons une étrange construction faite de lauzes et de châtaigniers.
Le rucher-tronc est le refuge traditionnel de l'abeille noire des Cévennes.
Yves-Elie Laurent, apiculteur et président de l'arbre aux abeilles.
"C'est très simple, c'est un tronc d'arbre creusé, avec posé sur une dalle, une lauze parce que les abeilles ont horreur de l'humidité. Le tout est protégé dans le rucher-tronc par des murs de pierres sèches et puis avec un système de planchettes pour boucher le dessus. Parce que dans notre pays, il fait quand même froid l'hiver, donc il ne faut pas que la chaleur fiche le camp par en haut"
Yves-Eli est apiculteur en Lozère, il est engagé dans la sauvegarde de ce patrimoine cévenole et farouche protecteur de l'abeille noire.
C'est l'espèce historique du nord-ouest de l'Europe depuis plus de 20 millions d'années.
"L'abeille, c'est typiquement un animal qui s'est développé tout seul, sans l'intervention de l'homme, ce qui est très précieux parce qu'il va avoir et qu'il a toujours des caractéristiques de robustesse, de sauvagerie. Aujourd'hui, on s'aperçoit que le caractère sauvage, c'est aussi le naturel et ce sont les ressources du naturel, c'est à dire la force de réaction, l'endurance, la frugalité et aussi le fait que ces abeilles ne sont pas mortes aujourd'hui car elles survivent avec très très peu".
Cet insecte est en danger, victime de l'élevage qui favorise des espèces plus productives.
Nyhl Gache s'installe tout juste comme apiculteur dans la vallée. Il a choisi l'abeille noire, une question de philosophie.
C'est la nature qui donne les règles. Ce n'est pas à nous d'imposer d'avoir tant de miel ou tant de production à la fin de l'année. Donc chaque fois, on se remet en question et selon les aléas climatiques… on n'est pas maître des choses.
Ces passionnés travaillent à une apiculture sans transhumance, au service de la biodiversité.
Tout l'été, l'association "l'arbre aux abeilles" organise des visites des ruches et des ruchers-troncs disséminés en Cévennes.
Car faire connaître l'abeille noire, reste le meilleur moyen de la protéger.