La mobilisation serait-elle en train de payer ? Samedi 15 janvier, environ deux cent personnes ont manifesté à Mende, en soutien au jeune Malien Moussa Tambadou, menacé d'expulsion. La préfète de Lozère lui a accordé un délai pour régulariser sa situation.
"C'est un énorme soulagement", lâche Brice Saint-Pierre, le patron et soutien de la première heure de Moussa Tambadou. Ce jeune malien âgé de 18 ans, ancien apprenti dans l'entreprise de Brice Saint-Pierre, a bien failli être expulsé entre Noël et le jour de l'An 2021. Mais son refus de se soumettre à un test PCR a empêché son embarquement dans l'avion. Et l'avait conduit en garde à vue et en prison pour une nuit.
Depuis, le Malien attendait la suite des procédures engagées contre lui. Avec un fort soutien de gens émus par sa situation, comme la manifestation organisée samedi 15 janvier 2021 en a témoigné. Ils étaient deux cents à manifester dans les rues de Mende pour demander le réexamen de la situation de Moussa.
Et la mobilisation semble avoir payé ! Une délégation a été reçue par Valérie Hatsch, la Préfète de Lozère. "Je ne pensais même pas qu'elle recevrait une délégation. Elle leur a dit qu'elle n'est pas contre la régularisation de Moussa. Elle leur a assuré qu'elle entendait nos difficultés à recruter," assure Brice Saint-Pierre. Avec apparemment un engagement : "Il manque une pièce justificative dans le dossier, elle leur a expliqué que si cette pièce arrive, Moussa sera régularisé."
"En l'absence d'identité reconnue, la préfecture est dans l'impossibilité de délivrer un quelconque titre de séjour de nature à régulariser sa situation."
Communiqué de la Préfecture de Lozère
Sollicitée par nos soins, la Préfecture de Lozère nous a donné quelques précisions dans un communiqué. Les documents devant faire foi de l'identité de Moussa Tambadou ont en fait reçus un avis défavorable le 2 décembre 2020, de la part de la Police aux Frontières. Et depuis, d'après la Préfecture, l'absence de nouveaux éléments de nature à prouver l'identité du jeune Malien n'a pas permis de donner droit à sa demande "au titre de l'article 47 du code civil qui ne permet pas de délivrer un titre de séjour (...) sur la base de documents faisant l'objet d'un avis défavorable de la PAF." Et le communiqué de conclure : "en ces conditions, en l'absence d'identité reconnue, la Préfecture est dans l'impossibilité de délivrer un quelconque titre de séjour de nature à régulariser sa situation."
Brice Saint-Pierre, le patron du Lavoir des Causses, qui a accueilli Moussa Tambadou pour son apprentissage et souhaite l'engager en CDI, a suspendu sa grève de la faim, qu'il avait entamé le lundi 10 janvier 2022. Moussa Tambadou, a évidemment été le premier à se réjouir quand son ancien patron l'a prévenu : "Je l'ai appelé samedi soir pour lui expliquer qu'il ne devrait pas connaître à nouveau le centre de rétention administrative. Il était très soulagé. La veille, il m'avait redit sa peur de repartir." Le patron se donne maintenant pour objectif d'avancer dès cette semaine sur le dossier de régularisation de Moussa Tambadou, en fournissant au plus vite la pièce manquante, afin de mettre un joli point final à cette histoire.