Perpignan et Castres : la colère des proches de soldats décédés en Afghanistan "Nos enfants sont morts pour rien"

Après la prise de contrôle de l'Afghanistan par les talibans, les familles des soldats français tués lors des combats expriment leur indignation et leur incompréhension. Une cérémonie de recueillement avait notamment lieu aujourd'hui à Perpignan en hommage à Rodolphe Penon tué le 19 août 2008.

13 ans que la famille du soldat Rodolphe Penon, mort en Afghanistan tient à honorer sa mémoire chaque année autour d'une stèle commémorative. L'infirmier perpignanais est décédé sous les tirs des talibans lors de la tragique embuscade d'Uzbeen à l'est de Kaboul le 18 août 2008. 

Après la prise de contrôle de l'Afghanistan par les talibans, ce recueillement a un goût amer pour sa famille.

Mon fils est parti pour rien. Il combattait pour la liberté et a tout donné sans être vraiment épaulé. Et aujourd'hui, on repart à la case de départ ! J'éprouve beaucoup de haine.

Marie-Christine Penon, la mère du soldat français

De la haine et de la colère, la soeur du soldat Rodolphe Penon en ressent également même si elle est plus nuancée. "Mon frère est allé combattre les talibans et les voir aujourd'hui dans le palais présidentiel, c’est un échec total. Mais en même temps, je ne pense pas que mon frère soit mort pour rien car il a sauvé deux camarades dans cette embuscade. Et puis cela n'aurait pas servi à grand chose de rester 10 ans de plus !".

Un sentiment d'incompréhension et de colère

Ancien vétéran, Jérôme Dot a tenu également à honorer la mémoire du père de famille âgé de 40 ans même s'il ne le connaissait pas. "C'était un héros car il a été sous le feu à 4 reprises récupérer des camarades blessés pour les évacuer au plus vite de la zone de combat". 

Au cours de ses 25 ans de carrière, le caporal-chef a participé à une quinzaine de conflits. La dureté des combats en Afghanistan l'a particulièrement marqué. Alors après toutes ces années éprouvantes, Jérôme Dot ressent un "sentiment de gâchis et d'incompréhension". 

Il y a 13 ans également à Uzbeen, aux côtés des patrouilles américaines et afghanes, 9 autres soldats français sont morts dans cette opération. 8 d’entre eux faisaient partie du 8e RPIMa de Castres. C'est le cas de Damien Buil. L'actualité ravive la colère de son père. "Je suis révolté, nos enfants sont morts pour rien. C’est un échec flagrant", lâche-t-il. 

Au sein du même régiment : le Caporal Nicolas Grégoire perd également la vie dans cette embuscade tragique. Il allait avoir 26 ans. "Quand mon fils m’a dit qu’il partait en Afghanistan, je lui ai demandé pourquoi il partait là-bas, il me disait que c’était pour la sécurité de la France", explique sa mère, Sylvie Bontemps. "J'ai toujours ressenti que nos militaires avaient été massacrés pour rien mais aujourd'hui encore plus", ajoute-t-elle. 

Si Sylvie Bontemps a été touchée par les déclarations d'Emmanuel Macron envers les familles endeuillées lors de son allocution télévisée le lundi 16 août, elle n'en demeure pas moins très amère et préfère maintenant suivre l'actualité de loin afin de se protéger.

Dans son allocution, le président de la République a souhaité également justifié la présence des troupes françaises en Afghanistan. "Notre combat était juste et c’était l’honneur de la France de s’y être engagée", souligne-t-il.

90 soldats français tués en 13 ans

Dès 2001, le président Jacques Chirac annonce la participation des forces françaises aux actions militaires américaines (Operation Enduring Freedom). Objectif : renverser le régime des talibans en Afghanistan, accusé d'avoir refusé de livrer le chef d'Al-Qaïda Oussama ben Laden après les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis.

A partir de 2004, Nicolas Sarkozy commence à retirer des soldats mais ce n'est que 10 ans plus tard sous le mandat de François Hollande que l'armée française quitte définitivement le territoire afghan le 31 décembre 2014.

En 13 ans, 90 soldats français ont été tués en Afghanistan.

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