Il s'est installé, il y a presque 60 ans entre Gard et Ardèche. Pierre Rabhi plaide depuis toujours pour une autre société, plus respectueuse de la vie. Avec la journaliste Juliette Duquesne, l'agriculteur philosophe signe une série de carnets d'alertes pour moins consommer et vivre mieux.
C'est une histoire qui a commencé, il y a bien longtemps mais qui pourrait bien se terminer plus vite qu'on ne le pense si l'on ne change pas de trajectoire. C'est notre histoire, celle de l'Humanité toute entière. Mais en quelques décennies seulement sous l'impulsion d'une révolution d'abord industrielle puis numérique, l'homme a franchi des limites qui rend l'avenir plus incertain. Le prix d'une modernité renversante.
Installé depuis le début des années 1960 dans une petit village au confin du Gard et de l'Ardèche d'où l'on aperçoit les Cévennes Pierre Rabhi et son épouse ont construit un domaine agricole, sur une terre aride et sèche. En quelques années le couple s'est acclimaté à ce pays rude. Il aura fallu pour cela apprendre le métier d'agriculteur. De cette expérience nouvelle germera l'idée de l'agro-écologie chère au paysan natif du sud algérien.
L'agro-écologie est née de l'observation
Pierre Rahbi ne se définit pas comme un paysan du futur, mais plutôt comme un observateur assidu des modes de production. Il croit dans l’action locale qui peut être le point de départ d'un changement plus large.C'est avant tout un idéal, une pensée. Ce paysan philosophe qui livre sa pensée dans des conférences et dans des ouvrages est à l'origine de nombreux projets comme les "Colibris" ou les "Oasis". Si cette sagesse interroge, si cette pensée est parfois décriée, elle est aujourd'hui de plus en plus écoutée, car notre planète montre des signes évidents d'essouflement.
Les Carnets d'Alertes
L'idée de ces carnets a germé il y a un peu plus de deux ans suite à une rencontre entre le paysan philosophe et l'ancienne journaliste de TF1, Juliette Duquesne.Dans les carnets d'alertes publiés avec la journaliste Juliette Duquesne, le chantre de la sobriété heureuse aborde des thèmes essentiels comme la faim dans le monde, les semences, la finance, l'eau, des sujets qui sont finalement trés peu traités par les grands médias. Ils demandent trop d'investigations et de temps.Il s'agissait de travailler sur des théories complexes que l'on ne peut aborder dans des reportages journalistiques trop courts avoue Juliette Duquesne ancienne journaliste de TF1
Pour chaque carnet, je mène une véritable enquète. Pour le dernier carnet sur la décroissance j'ai rencontré 60 chercheurs pendant un an affirme Juliette Duquesne journaliste
Pour ses intervieuws, elle rencontre des spécialistes et des chercheurs. Chaque carnet est conduit comme une enquête journalistique, avec minutie et rigueur. Les chiffres et les données avancées sont vérifiées. Experts, citoyens engagés, syndicalistes, politiques, entrepreneurs sont consultés pour donner des élèments de compréhension sur les grands sujets traités. Chaque personne qui s'exprime a été rencontrée de vive voix par la journaliste.
Sur l'eau par exemple je m'attendais à avoir plus de mal. En fait les grands opérateurs français ont joué le jeux, nous avoue Juliette Duquesne.
Le PIB l'indicateur roi depuis la fin de la guerre
Quant on parle de décroissance, forcément il y en a un qui se met à rougir. C'est l'indicateur de Production Intérieur Brut, le fameux PIB. Il est l'alfa et l'oméga de toute politique économique, que l'on ne peut toucher ou remettre en question. L'économie et les économistes croissants ne voient que par lui. Si la journaliste ne rencontre pas de difficultés particulières à faire parler les gens, elle avoue qu'il est plus difficile de faire parler ceux qui défendent la croissance.
Pour certain c'est difficile de déconstruire tout un discours. La décroissance ça peut perturber certaines personnes analyse Juliette Duquesne
Le dernier carnet sur la décroissance a donc été en cela un bel exercice.
Depuis 50 ans Pierre Rabhi affirme que l'on peut grâce à la sobriété heureuse et la « puissance de la modération » vivre mieux sans croissance.
D’autres modes d’éxistence sont possibles, sans que nous soit pour autant imposée une dictature verte qui serait une autre forme de dérive de nos sociétés productivistes.
Pierre Rabhi et Juliette Duquesne ont déjà signé 5 carnets d'alertes ensemble. D'autres devraient suivre tant le sujet est capital. De ces questions et de nos attitudes dépend l'avenir de notre planète.