Une plante productrice de latex en Occitanie

Des pneus, des gants de chirurgie, des préservatifs...le caoutchouc on en trouve partout. Alors que l'hévéa est la principale source de caoutchouc naturel au monde, il y a du nouveau dans ce secteur avec une plante que les chercheurs du Cirad de Montpellier étudient : le guayule. 

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Une plante du désert en Occitanie

Elle porte un nom aux consonnances venues d'ailleurs : le guayule. Et c'est bien normal car cette plante est originaire du désert Mexicain. Depuis plusieurs années des chercheurs du Cirad de Montpellier travaillent sur les propriétés étonnantes de cet arbuste. Car avec la demande croissante en caoutchouc naturel, le guayule pourrait être une alternative à la sève d'hévéa, le seul arbre qui produit en masse le latex naturel que l'on connaît avec 12 millions de tonnes chaque année. 

C'est une plante très intéressante car elle fabrique du latex non allergisant, à l'inverse de l'hévéa. Et quand on sait que 10% de la population est allergique et que cela peut engendrer des maladies graves voire des chocs anaphylactiques pouvant entraîner la mort, nous avons là une solution. explique Serge Palu, chercheur au Cirad de Montpellier

Une plante adaptée au climat méditerranéen

Les chercheurs ont aussi découvert qu'elle était très bien adaptée à nos latitudes. Depuis 7 ans, Jean-Pierre Duez, agriculteur à Lansargues dans l'Hérault, prête une parcelle d'un hectare et demi aux chercheurs du Cirad pour faire pousser différentes variétés de guayule. Et il s'étonne encore de la résistance de cette plante.

Au début il faut bien sûr bien arroser pour qu'elle puisse s'enraciner mais après nous n'intervenons quasiment plus. C'est une plante vivace qui résiste à des sécheresses extrêmes. Nous avons atteint les 46 degrés cet été et elle n'a pas bougé alors que nous n'avons même pas irrigué le champ. Et plus on la met en situation de stress hydrique, plus elle produit de latex. Elle n'a aucun parasite et nous n'avons pas besoin d'utiliser de traitement. Si toutes les plantes poussaient de cette façon là, ce serait le paradis ! raconte Jean-Pierre Duez qui suit avec interêts les recherches sur cette plante car elle pourrait constituer une source de diversification rentable. 

L'intérêt aussi de cette plante c'est que l'on peut la faire pousser sur des terres pauvres ou des terrains en friche. "L'hévéa lui est très critiqué car il est responsable de la déforestation en Asie et la demande en caoutchouc naturel ne cesse d'augmenter" ajoute Serge Palu

Comprendre le lien entre saison et qualité

Les chercheurs du Cirad essaient aussi de savoir quelles sont les variétés les plus productrices. S'ils maîtrisent la croissance de la plante, ils ne savent pas encore totalement faire le lien entre le moment de la récolte et la qualité produite. Car il est très important que le guayule ait des propriétés comparables à l'hévéa.

Extraire le latex

Mais en laboratoire c'est une autre partie qui se joue. Alors qu'une simple saignée sur l'hévéa suffit à faire couler le latex, la méthode est très différente avec le guayule. Car le latex se trouve à l'intérieur de la plante. Pour le récupérer les branches sont broyées et le latex va se mélanger. Il faut ensuite passer ce jus de guayule dans une centrifugeuse. Par effet de gravité les particules se concentrent et se séparent du reste du liquide. Les chercheurs du Cirad qui ont breveté le procédé travaillent sur un pilote qui permettra de reproduire la méthode de façon industrielle.
 

Vers la naissance d'une nouvelle filière

Si le guayule ne remplacera pas l'hévéa il constitue une opportunité pour de nombreux industriels intéressés par ses propriétés hypoallergéniques. L'entreprise Guatecs basée au Mans est venue visiter le champ à Lanssargues avec d'autres industriels. Elle imagine pouvoir lancer la filière de la semence, à la plantation jusqu'à la production à grande échelle. 

"Les chirurgiens, les coiffeurs, les médecins en général utilisent des gants régulièrement et pour ceux qui sont allergégiques c'est une alternative intéressante. Mais nous pouvons aussi imaginer un nouveau marché autour des gants de sécurité. Prenons par exemple les agents qui travaillent sur les lignes à haute tension, ils ont besoin de gants solides. Avec le latex d'hévéa les gants font 10 mm d'épaisseur, ils sont résistants mais aussi  très rigides. Avec le guayule ils seront beaucoup plus souples" explique Michel Dorget le Président de Guatecs.


Le latex de guayule est un marché beaucoup moins important que le latex d'hévéa mais il est à forte valeur ajoutée. L'objectif n'est pas d'être compétitif  par rapport au latex d'hévéa mais de vendre plus cher ce latex de guayule. " Dans 2 ans nous serons en mesure de produire de petites quantités avant de passer à une production industrielle d'ici 5 ans" complète Michel Dorget.

Des pneus en guayule

Les fabricants de pneus aussi sont venus voir les avancées de la recherche sur le guayule. David Dierig est le responsable de l'entreprise Bridgeston aux Etats-Unis. Il a fait spécialement le déplacement à Lansargues.

"Nous avons pour le moment assez de latex d'hévéa pour produire des pneus mais la demande est telle en penumatiques qu'il nous faut trouver d'autres débouchés. Nous aussi nous avons planté aux Etats-Unis 140 hectares de guayule. Pour le moment cette plante n'est pas rentable car nous nous ne produisons pas à grande échelle. Mais nous avons déjà fait des tests de performance et de sécurité et le guayule présente les mêmes avantages que l'hévéa. C'est donc très prometteur" explique David Dierig 


Du latex mais pas seulement

Si le guayule fabrique du latex ce n'est pas sa seule vertue.

Elle produit aussi de la résine en quantité égale qui ont des propriétés fongicides et insecticides mais elle est aussi sources de fibres pour faire des matériaux composites comme des panneaux de bois compressés. Rien ne se jette dans cette plante !" conclue Serge Palu, chercheur au Cirad.

 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information