Les feux partis d'écobuages non-maîtrisés se multiplient dans notre région. Pourtant, les écobuages sont momentanément interdits. Alors y aura-t-il des sanctions ? Sans doute pas. Explications.
Prenez 3000 terrains de foot et mettez-les les uns à côté des autres. Vous obtiendrez ainsi la surface totale brûlée depuis quelques jours dans les Pyrénées à la faveur (sic) des écobuages dont les auteurs finissent par perdre le contrôle : près de 1500 hectares !
Une longue liste de sinistres
Cette année, en raison notamment du temps très sec et des températures douces en montagne, la situation est catastrophiques : 780 hectares partis en fumée en Ariège entre Tarascon et Ax-les-Thermes le week-end dernier sur plusieurs feux partis d'écobuage mal maîtrisés. 350 hectares au même moment à Villelongue, près de Lourdes et Argelès-Gazost, dans Hautes-Pyrénées. Ces feux du week-end nécessitant, comme en plein été, l'intervention de moyens aériens.140 hectares sont également partis en fumée mercredi à nouveau en Ariège dans le secteur de Larcat et Miglos. Et il faut ajouter, de plus petits feux, réguliers, quasi quotidiens dans les départements pyrénéens.
Interdits mais pratiqués tout de même
Pourtant deux arrêtés préfectoraux dans les deux départements les plus touchés interdisent la pratique des écobuages : dans l'Ariège, la préfète a pris un arrêté "compte tenu de l'augmentation notable du nombre de départs de feux ces derniers jours" et des conditions météorologiques interdisant "l'incinération des végétaux coupés et des végétaux sur pied (écobuage)" du 13 au 18 décembre. Même dispositif dans les Hautes-Pyrénées où l'arrêté a même été prolongé jusqu'au 20 décembre. Et pourtant, pendant les arrêtés, les feux continuent.Une pratique séculaire et des responsables... introuvables ?
Malgré l'interdiction, malgré l'inlassable travail des pompiers, malgré les coûts engendrés par les interventions des secours, la pratique de l'écobuage dans les prairies pyrénéennes continue. En raison du vent, de la sécheresse, les auteurs perdent souvent le contrôle des flammes. Mais il faut à tout prix enrichir les sols avant la saison froide. Alors, malgré l'interdit, la montagne brûle.Et les contrevenants passent entre les mailles du filet. Il est certes parfois difficile d'identifier avec certitudes celui qui a allumé le feu. Mais la vraie question qui se pose, une nouvelle fois, c'est l'impunité dont peuvent bénéficier certains contrevenants, au prix d'une "paix sociale" dans les montagnes: après les conflits liés à l'ours ou à la réforme des zones défavorisées, les autorités ne veulent pas, en verbalisant et sanctionnant les auteurs d'écobuages illégaux, mettre à nouveau... le feu dans les campagnes !