Au deuxième jour du procès de Sophie Masala, jugée pour avoir tué et démembré sa collègue Maryline Planche, en mai 2016 à Toulouse, on comprend pour quelles raisons l'enquête s'est concentrée rapidement et exclusivement sur l'accusée.
La singularité de l'affaire dite de la démembreuse du canal à Toulouse est que l'auteur des faits semble avoir à la fois tout fait pour cacher son crime et tout fait pour se faire prendre
Après que les différents morceaux de corps de Maryline Planche aient été retrouvés, entre le 24 et le 26 mai 2016, l'ADN parle vite. La victime est identifiée et les enquêteurs sont dès le lendemain dans les locaux de l'Agefiph, cette structure où travaillait Maryline, association qui oeuvre à l'insertion des personnes handicapées.
Un mobile, si faible soit-il
Et là, le portrait d'une salariée secrète, introvertie, perfectionniste, souffrant d'un double handicap (visuel et auditif) se dessine rapidement. Maryline Planche ne vivait que pour son travail, n'avait pas de vie sociale. RAS.Seulement voilà, cette personne discrète à l'excès avait semble-t-il une relation conflictuelle avec une collègue. C'est ce que rapportent immédiatement les salariés de l'Agefiph Toulouse. Une première piste ?
Deux téléphones
Les enquêteurs prennent ces informations au sérieux mais relativisent : un conflit concernant l'archivage des dossiers, la répartition des tâches ? Cela semble bien léger.C'est là que le premier élément, fondateur, se révèle. Le téléphone de Maryline Planche n'a pas été retrouvé à son domicile. Mais il est actif. Le jeudi 12 mai 2016 (jour de la mort de la victime), il borne le soir avenue de la Gloire, puis à Béziers, puis à Montpellier. Avant un retour à Toulouse le 16 mai en soirée. Et ce trajet, c'est précisément celui du téléphone de Sophie Masala. Premier acte.
Une carte bancaire
Bien évidemment, l'activité de la carte bancaire de Maryline Planche fait l'objet d'investigation. Le 12 mai 2016 - elle est encore en vie -, elle règle des frais d'honoraires chez le chirurgien ophtalmologiste qui vient de l'opérer de la cataracte. Puis elle paye des médicaments dans une pharmacie.Plus rien avant le 22 mai, 23h45 : quelqu'un tente alors de retirer 1 500 euros à un guichet automatisé de la place Dupuy, à Toulouse, le seul GAB non visé par des caméras de vidéo-surveillance du secteur. Impossible. 300 euros sont alors retirés quelques minutes plus tard à ce même guichet.