La montagne, été comme hiver, reste majoritairement fréquentée par les élites. C'est ce qui ressort des premiers résultats d'une étude menée par les chercheurs du laboratoire transfrontalier des refuges des Pyrénées de l'université Paul-Sabatier.
Ces premiers résultats, qui seront plus tard consolidés, ont fait l'objet d'un colloque international, les 11 et 12 décembre derniers. Huit chercheurs étaient invités à débattre de la question suivante : "La montagne, pour l'élite ou pour le peuple ?", en s'appuyant sur les exemples de la France, de l'Allemagne, de la Suisse, de l'Autriche ou encore de l'Espagne.
A l'origine de cet événement, une enquête des chercheurs du laboratoire transfrontalier des refuges des Pyrénées de l'université Paul-Sabatier. L'hiver 2018 et l'été dernier, des questionnaires ont été déposés dans des refuges du massif pyrénéen pour connaître la situation socio-professionnelle de ceux qui les fréquentent.
Les premiers résultats sont éloquents : les catégories aisées et plus diplômées sont surreprésentées (30 %) quand les ouvriers ne sont que 14 %.
Une fois ce constat (pas si surprenant) posé, il est intéressant de chercher à le comprendre. Pour Olivier Hoibian, historien et sociologue à l'université Paul-Sabatier et auteur de "L'invention de l'alpinisme" (éditions Belin), "le processus de démocratisation de l'accès à la montagne, lancé dans les années 30 puis après la seconde guerre mondiale, s'est un peu essoufflé". Notamment dans les années 80 et 90 où les séjours organisés en montagne pour les enfants de milieu modeste ont connu un ralentissement. Le frein n'est pas forcément financier (même s'il l'est dans les faits), il est aussi culturel.
Dans les milieux aisés, c'est la famille qui assure cette tradition des séjours à la montagne. On pratique le ski ou la randonnée au sein de la cellule familiale. Mais pour les plus modestes, qui n'en ont pas la "culture", ce sont les acteurs des vacances populaires qui prennent le relais. Or, cet engouement s'est en effet essoufflé.
"On a l'impression que cette sensibilité a un peu reculé", estime Olivier Hoibian, "mais elle semble revenir au premier plan, à travers les politiques des élus de la montagne". Notamment à destination des jeunes des quartiers dits populaires. Des efforts sont donc à nouveau consentis en ce sens mais la France, malgré tout, n'a pas, comme la Suisse ou l'Espagne, une vraie tradition populaire de la montagne...