Un juge de la Cour suprême espagnole a refusé ce vendredi d'accorder la permission de sortie de prison, demandée par l'indépendantiste Jordi Sanchez, candidat à la présidence de la Catalogne, pour assister au débat de sa propre investiture programmée lundi prochain.
Le débat d'investiture de lundi remis en cause ?
Comme Jordi Sanchez était l'unique candidat, il semble peu probable que cette session se tienne lundi comme prévu, mais le président du parlement catalan, Roger Torrent, ne s'est pas encore prononcé à ce sujet.
Dans un courrier reçu par l'AFP, le juge d'instruction Pablo Llarena a refusé la remise en liberté de Jordi Sanchez poursuivi pour "sédition", en invoquant un "risque concret de réitération du délit". Il lui a également refusé une permission de sortie exceptionnelle.
Jordi Sanchez privé de remise en liberté et de permission de sortie
Elu député catalan le 21 décembre alors qu'il était déjà en prison, Jordi Sanchez avait été désigné candidat après que l'ancien président catalan Carles Puigdemont, poursuivi pour "rébellion" et "sédition", eut renoncé à briguer la présidence régionale, depuis Bruxelles où il vit en exil.
Le porte-parole du gouvernement espagnol, Íñigo Méndez de Vigo, s'est limité à dire qu'il respectait les décisions des juges mais a répété qu'"une personne en détention provisoire n'est pas en situation d'exercer les fonctions qui incombent au président de la Catalogne".
M. de Vigo a demandé aux indépendantistes, majoritaires en sièges au parlement régional, de trouver un candidat "capable d'exercer ses fonctions, dans le cadre légal".
Jordi Sanchez, 53 ans et militant séparatiste de longue date, est accusé de "sédition" en lien avec une manifestation tendue convoquée en septembre par l'influente association indépendantiste ANC (Assemblée nationale catalane) qu'il présidait alors. Cette manifestation à Barcelone avait abouti au blocage pendant plusieurs heures de l'entrée et la sortie d'un bâtiment officiel où la garde civile menait des perquisitions.
M. Sanchez est en détention provisoire, près de Madrid, depuis le 16 octobre.
Amnesty international considère que son incarcération - comme celle de Jordi Cuixart, dirigeant d'une autre association indépendantiste - est "excessive".
Deux autres figures de l'indépendantisme sont détenues pour leur rôle présumé dans le processus ayant abouti à la proclamation le 27 octobre d'une "République catalane" restée sans effets: l'ancien vice-président du gouvernement régional Oriol Junqueras et l'ex-"ministre" régional de l'Intérieur Joaquim Forn.
Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad al Hussein, avait rappelé mercredi "aux autorités espagnoles que la détention provisoire devrait être considérée comme une mesure de dernier recours".
Carles Puigdemont n'exclut pas de nouvelles élections
Le dirigeant indépendantiste catalan Carles Puigdemont n'exclut pas la tenue de nouvelles élections en Catalogne si le candidat des séparatistes pour la présidence régionale ne peut être investi normalement, a-t-il expliqué dans une interview publiée ce vendredi.
"Ce n'est nullement une tragédie qu'il y ait de nouvelles élections, bien que ce ne soit pas la priorité et qu'aucun d'entre nous ne le veuille", a-t-il déclaré au quotidien nationaliste catalan El Punt Avui.
L'ancien président régional, destitué par Madrid à la suite de la déclaration d'indépendance le 27 octobre 2017, est actuellement exilé et installé à Bruxelles et menacé d'arrestation s'il revient en Espagne.